Mathieu George : « Le développement du crowdlending passe par une confiance accrue des prêteurs »

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Animateur du blog www.crowdlending.fr, Mathieu George est un spécialiste du financement des entreprises. Publiant chaque mois un baromètre du crowdlending, mais offrant en outre un service de comparateur et un agrégateur, le site s’est imposé comme la référence de ce secteur en développement. Il nous livre son regard sur les éléments qui président à l’affirmation de ces modes de financement dits « alternatifs ».

Après avoir débuté dans l’expertise comptable et le commissariat aux comptes, avant d’intégrer le groupe Carrefour pour participer au développement de la franchise DIA, Mathieu George a créé http://www.creditprofessionnel.com, un réseau spécialisé dans le courtage en financement pour les professionnels et les entreprises. Dédié à la recherche de prêt professionnel et la mise en place de solutions de financement adaptées aux entreprises (crédit, affacturage, crédit-bail,…), le réseau cible les artisans, professions libérales, commerçants, mais aussi les créateurs d’entreprise à la recherche d’un prêt professionnel à partir de 50 000 €. Plus tard, Mathieu George a créé d’autres structures de conseil aux dirigeants d’entreprises dont une « legaltech » (www.statutentreprise.com). Puis, il a commencé à s’intéresser aux Fintech et a fondé tout récemment www.crowdlending.fr, le blog de référence sur le prêt participatif. Retour sur les réalisations de ce serial entrepreneur du domaine financier.

Fintech Mag : Bonjour Mathieu George. Pouvez-vous nous détailler la genèse de la création de crowdlending.fr ?

Mathieu George : J’ai d’abord créé Creditprofessionnel.com, qui est un réseau de franchise spécialisé dans le financement des entreprises, après avoir pris conscience lors de mon expérience professionnelle précédente dans le groupe Carrefour, axée sur la gestion des franchises, des difficultés pour trouver des financements et ouvrir des franchises en France. L’idée a été lancée en 2009 et le modèle du réseau était déjà centré sur Internet. Mais, j’étais un peu trop en avance par rapport au marché : comment demander à des entreprises d’envoyer des éléments par mail, alors que la numérisation de leurs activités n’était pas aboutie ?… En 2013, la stratégie a été revue et l’entreprise est devenue un réseau de franchise reposant sur des courtiers indépendants (8 en France) pour accompagner les entrepreneurs dans leurs recherches de financements. A ce jour, plusieurs milliers d’entreprises ont été accompagnées, avec des dossiers atteignant en moyenne de 150 à 200 000€.

Parallèlement, en octobre 2014, de nouvelles réglementations ont favorisé l’essor du crowdfunding, un modèle de financement alternatif très intéressant, répondant aux attentes des entrepreneurs d’aujourd’hui. J’ai lancé à cette époque le blog www.crowdlending.fr, qui est devenu la référence du domaine, notamment grâce au « Baromètre du crowdlending » que nous publions chaque mois, de manière indépendante (un robot scanne l’ensemble des plates-formes de crowdlending en France pour donner une vision précise du marché). La dernière édition de ce baromètre dévoile par exemple que plus de 7 millions d’euros ont été collectés en janvier et février, soit 3,4 fois plus qu’au mois de février 2015. En tout, 102 projets ont été financés sur 13 plates-formes, alors qu’un an auparavant, il n’existait que 4 plates-formes de ce type. Le montant moyen des prêts atteint environ 71 000 €, avec un taux d’intérêt de 7% sur 37 mois. Lendix arrive en tête de notre classement, suivi de Unilend et Lendosphère. Ces 3 entreprises représentent 58% du marché, contre 80% en novembre dernier. A noter, l’entrée dans ce classement de Look&Fin qui se place directement au 7ème rang.

Si je suis clairement en recherche d’un business model pour crowdlending.fr, le baromètre a donné beaucoup de visibilité au blog et nous a permis en outre de structurer notre analyse du marché. J’avais au départ une vision très orientée entrepreneuriat et le baromètre m’a permis de développer le Forum du crowdlending, pour donner la parole aux prêteurs et recenser l’ensemble des informations sur les projets gérés par les plates-formes à travers un agrégateur. L’idée de départ repose sur le constat que tout un chacun ne sait pas forcément lire un bilan d’entreprise. L’outil est accessible à tous et offre des informations émanant d’analystes financiers sur les projets des plates-formes. L’objectif au final est que l’intelligence collective renforce la crédibilité des projets, tout en maîtrisant les risques.

Enfin, j’ai également créé un comparateur des plates-formes de crowdlending (dont le nombre atteint une cinquantaine dont 13 très actives) qui permet aux entrepreneurs de choisir un service en fonction du type de projet et des objectifs à atteindre.

Fintech Mag : Rappelez-nous SVP la différence entre le crowdlending et le crowdfunding… et expliquez-nous pourquoi vous ne considérez pas forcément ces modes de financement comme « alternatifs » ?

Mathieu George : Bien sûr, la « différence » est très simple. Le crowdfunding est de manière général une méthode de financement participatif qui peut se matérialiser d’une part par un don (Kickstarter), d’autre part, par un échange de parts contre des fonds (Equity Crowdfunding), et enfin par le prêt, c’est-à-dire le crowdlending.
Le crowdlending est-il une solution de financement parmi d’autres solutions alternatives ? Pas si sûr… Souvent, les banques financent une entreprise après que celle-ci a obtenu un financement auprès d’une plate-forme spécialisée. Aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni, le marché du financement par crowdfunding atteint plusieurs milliards de dollars ou de livres sterling, mais les banques prêtent beaucoup moins qu’en France… En France, justement, en 2015 seulement 30 millions de fonds ont été levés, ce qui est une goutte d’eau par rapport aux milliards prêtés par les banques. Les prévisions pour 2016 tablent sur une augmentation de 100 à 200% ce qui n’est pas négligeable, mais reste encore limité.

Ces modes de financement s’imposeront dans l’avenir si les plates-formes, alors qu’elles le font déjà en partie, s’intéressent aussi à des dossiers non financés par des banques (trésorerie, actifs immatériels, etc.). Je constate que les banques sont à l’écoute et se remettent en question. D’ailleurs, on a vu l’année dernière certaines banques comme Groupama Banque prêter à des plates-formes de crowdlending. Cela contribue à faire bouger le marché, voire à fluidifier les financements des entreprises en France. Le nerf de la guerre, pour les plates-formes, consiste à susciter la confiance des prêteurs afin de les fidéliser. Les plates-formes doivent y prêter une attention soutenue.

Fintech Mag : Quelles entreprises bénéficient de ce type de financements ?

Mathieu George : Principalement les TPE, un peu les PME : beaucoup de commerçants et d’artisans, des hôtels, des restaurants, des petits commerces de proximité, etc. Les projets, comme le montre notre baromètre, se chiffrent principalement à moins de 100 000€.
Mais, nous constatons que les plates-formes ne mettent en ligne que 1 à 2% des dossiers qu’elles reçoivent. Certaines ont développé des assurances pour prendre en charge une partie des impayés dans l’optique de contourner le frein principal au développement de ce marché : l’absence de garantie sur les fonds prêtés, qui décourage beaucoup de prêteurs.

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