"The DAO", le fonds d'investissement sans Dieu ni maître

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12,07 millions d’ethers ? Rien d’autre que la somme récoltée par « The DAO » en deux semaines pour sa première levée de fonds. « ethers », « DAO »… Kézako ?
L’ether est une monnaie virtuelle dont le taux de change est fixé actuellement à environ 13 dollars (11,6 euros). Faites le calcul : ce sont quelque 150 millions de dollars qui ont été injecté dans « The DAO » par des investisseurs internautes.
À l’origine, il y a une société IT allemande Slock.it qui ambitionne de « créer l’infrastructure de la future économie du partage ». « Louez, vendez ou partagez tout ce que vous voulez » est leur slogan. Sans intermédiaire, serait-on tenté d’ajouter. Car c’est bien là que réside la clé. La clé d’un monde où les objets devenus connectés font l’objet de transactions sans intermédiation et, par voie de conséquence, sans commission, ou presque.
Pour s’en faire une juste idée, il faut imaginer un marché de la location d’appartement sans intermédiaire, de pair à pair, sans Airbnb. Avec au bout du compte pour les utilisateurs, quelque 15 % de commission économisés.
Cette valorisation de l’échange sans intermédiaire est rendue possible grâce à la blockchain. Ses protocoles décentralisés de vérification des échanges permettent en effet de garder une trace indélébile de tout ce qui est possédé et s’échange dans un grand registre. Et donnent un pouvoir neuf aux utilisateurs.
« Nous voulions faire financer (Slock.it) par ceux qui s’y intéressent tout en les récompensant pour leur soutien… Nous avons donc eu l’idée de créer une DAO (Decentralized Autonomous Organization), une organisation totalement décentralisée sur la blockchain et avec laquelle personne n’aurait plus d’avantages que d’autres » a expliqué Stephan Tual, fondateur et COO de Slock.it au JDN.
Au total, le projet DAO ressemble à un fonds d’investissement basé sur la technologie blockchain. Mais à la différence d’un fonds d’investissement traditionnel, l’internaute investisseur participe à la décision sur l’emploi des sommes allouées. Conséquence attendue, la forte implication des investisseurs. Car contrairement aux firmes de « Venture Capital » qui investissent des sommes dont elles ne sont pas propriétaires, les investisseurs de la DAO, parce que l’argent leur appartient, pourraient se montrer plus scrupuleux dans leurs investissements. Un argument d’autant plus recevable quand l’on sait que l’argent collecté va d’abord financer des projets liés à la blockchain et l’IoT (internet des objets). Un fonds financé par des spécialistes pour des spécialistes en somme.
Comment fonctionne « The DOA » ? Très simplement à en croire ses concepteurs. Toute personne qui investit en Ethers obtient, en contrepartie, des jetons qui lui confèrent des droits de vote et de propriété. Le nombre de jetons accordés pour un même investissement diminue avec le temps, afin de récompenser les premiers contributeurs, qui prennent plus de risques. Si l’objectif de collecte n’est pas atteint à l’issue de la période de levée de fonds, les sommes sont restituées. Dans le cas contraire, les projets sont lancés.
Aussi démocratique et transparente sa gouvernance soit-elle, reste une question centrale, au cœur même de l’ADN de la « DAO » : l’intelligence d’une foule d’internautes investisseurs peut-elle se révéler aussi performante que celle d’experts ? Si l’avenir le dira, rien dans ce dilemme ne semble inquiéter les internautes investisseurs. En y injectant 150 millions de dollars en deux semaines, ces derniers font d’ores et déjà de cette plateforme de crowfunding nouvelle génération le plus grand succès dans l’histoire du financement participatif.
4 questions à Antoine Dréan, fondateur et président de Palico.

« The DAO » marque un tournant dans le crowfunding. Qu’en pensez-vous ?
Il s’inscrit en tous cas dans la mouvance actuelle. C’est un fait, le monde de la finance se digitalise rapidement, on observe beaucoup d’initiatives, c’est un peu le Far West et, à côté des bonnes surprises, il faut s’attendre à d’éventuelles déconvenues. Maintenant qui va gagner, qui va perdre… C’est une véritable « question mark », qui draine en tous cas plus d’opportunités que de risques. Si ça marche, c’est clairement génial, car le projet repose sur la sagesse des foules. Des gens réunis par la voie digitale peuvent-elles aboutir à des décisions intelligentes ? Oui. Sans se réunir dans une pièce, sans avoir recours au téléphone ni à l’email ? Oui. Mais la foule est-elle sage ? Pas si sûr…
Quel est l’impact de la DAO sur le private equity ?
C’est encore un peu tôt pour le dire. Il ne faut pas perdre de vue que c’est d’abord un métier de talent. Sur les 10 000 GP dans le monde, il y en 7500 que vous ne voulez pas croiser, 2500 que vous croiserez volontiers, et au final 500 que vous allez adorer. Le private equity est un art et non une science, c’est un métier qui demande du talent. Et le talent ne s’automatise pas.
« Pour tous les entrepreneurs qui en ont marre des venture capitalists, la DAO est la solution. » Comment réagissez-vous à ce propos de Stephan Tual ?
Le monde du capital risque est monolithique. Il réagit a peu près de la même façon face à des opportunités identiques. Pour pouvoir être financé, il faut rentrer dans les cases. Sur le papier, « The DAO » fournit une solution à tous ceux qui s’en affranchissent, en leur permettant d’être financés. Mais c’est aussi une solution qui doit faire ses preuves.
Palico rassemble les professionnels du capital-risque autour d’une plateforme unique pour se rencontrer, et faire affaire. Pour vous, la DAO est-elle un outil ou un concurrent ?
Tant qu’il ne me revient pas aux oreilles qu’untel a choisi X plutôt que Palico, je ne percevrai pas les choses sous cet angle. Palico s’adresse aux fonds de private equity, un domaine encore très peu intermédié électroniquement. Tous les systèmes intermédiés peuvent-ils nous concurrencer ? Sans doute mais nous avons pris de l’avance dans un domaine où tout repose sur la confiance. Et où le changement des mentalités reste très long à opérer.

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