Le blanchiment d’argent : la FinCrime, vraie solution ? (partie 4)

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Dernier volet de l’enquête menée par Enda Shirley, responsable de la conformité chez BAE Systems Applied Intelligence, qui montre que le blanchiment d’argent continue de se développer pour atteindre 2 à 5 % du PIB mondial. Si tant est que le phénomène soit réellement mesurable, car obscur par nature. 

Chapitre 4 – La boucle de rétroaction de la FinCrime : Éduquer, automatiser et collaborer

La quasi-totalité (95 %) des responsables des institutions financières consultés sont conscients de l’ampleur du défi que représente la lutte contre le blanchiment d’argent pour leur organisation. Ils consacrent beaucoup de temps, de ressources et d’argent au sujet et sont motivés, non seulement par l’impact potentiel sur les clients et la réputation de l’entreprise, mais aussi par le préjudice sociétal plus large associé aux infractions principales. Cependant le secteur s’accorde à dire que la conformité elle-même est devenue “un exercice de cases à cocher” qui empêche de s’attaquer efficacement à la source du problème.

On craint également que le sous-financement des activités de lutte contre le blanchiment d’argent entraîne une augmentation des coûts et des risques pour les institutions financières.

C’est là qu’une boucle de rétroaction FinCrime pourrait contribuer à un réel changement en encourageant une plus grande collaboration au sein du secteur des services financiers, avec les services de répression et les décideurs politiques, en renforçant l’éducation et l’investissement au sein des institutions financières, et en favorisant l’automatisation et la compréhension des outils intelligents.

Souci de financement

Le récent COVID Crime Index révèle que le financement de la sécurité informatique, de la fraude et des risques a été réduit de 26 % en moyenne par les institutions financières pendant la pandémie. Et plus d’un tiers des banques prévoient une perte de membres clés du personnel du fait des réductions budgétaires. Dans le même temps, le coût de la criminalité financière augmente. 

Il est également à craindre que le sous-financement des activités de lutte contre le blanchiment d’argent n’entraîne une augmentation des coûts et des risques pour les institutions financières. La majorité des budgets des institutions financières ont été réduits de moitié sur ces thèmes. Et la plupart des institutions financières ne disposent pas d’une division de renseignement sur la lutte contre le blanchiment au sein de leur organisation. 

Outre l’amélioration de la technologie, de nombreuses organisations ont besoin d’une formation interne pour aider leurs employés à mieux repérer les indicateurs révélateurs d’infractions principales. En l’état actuel des choses, un quart (25 %) des personnes interrogées n’ont qu’une connaissance partielle de l’ensemble des menaces et pensent qu’elles sont confrontées à de gros défis en matière de lutte contre le blanchiment d’argent.

Le défi de la collaboration

Au cœur du défi de la lutte contre le blanchiment se trouvent les difficultés rencontrées par les banques pour collaborer avec d’autres institutions financières, des structures gouvernementales et des services de police. 

Quelque 28 % des personnes interrogées ont déclaré que le retour d’information attendu de la police et des gouvernements ne vient jamais ou n’est pas utile. La moitié d’entre eux (50 %) affirment que les décideurs politiques doivent faire davantage pour soutenir leur travail. Et un nombre similaire (48 %) soulignent le manque de collaboration entre les institutions financières, les décideurs politiques et les forces de l’ordre, principal obstacle à tout progrès dans le traitement du sujet.

Pilier essentiel de la boucle de rétroaction FinCrime, la collaboration permettra d’améliorer le retour d’information vers et depuis les décideurs politiques afin de les aider à concevoir des réglementations plus efficaces et mieux adaptées à la réalité du crime moderne. Et cela peut contribuer à améliorer le partage des renseignements avec la police, améliorer les chances d’arrestations et de condamnations et aider les institutions financières dans leurs propres enquêtes. 

La communauté criminelle trouve les chemins d’une collaboration internationale très efficace. Il est urgent que la filière de lutte contre le blanchiment lui emboite le pas.

Adapter la technologie

Le dernier pilier de la boucle de rétroaction repose sur la technologie. Bien que 80 % des institutions financières aient mis en place une solution d’automatisation pour aider à identifier les délits de blanchiment d’argent, seulement 43 % des personnes interrogées pensent qu’un état d’esprit privilégiant l’automatisation est la solution pour s’attaquer au problème. La clé pour débloquer de nouveaux investissements technologiques pourrait donc être de convaincre les managers et les professionnels du secteur de l’importance de ces approches pour augmenter les taux de réussite.

Cependant, de nombreuses équipes de conformité travaillent avec des technologies bancaires manuelles et anciennes qui sont de moins en moins efficaces pour détecter les activités criminelles sophistiquées. Près de deux cinquièmes (38 %) des personnes interrogées déclarent ne pas disposer d’une assistance adéquate pour adapter leurs plates-formes technologiques à leurs modèles idéaux de lutte contre le blanchiment d’argent et aux réglementations en vigueur.

La boucle de rétroaction FinCrime n’aura l’impact souhaité que si toutes les parties comprennent d’abord où les approches actuelles échouent. Les autorités chargées de l’application des lois doivent comprendre qu’elles peuvent faire mieux en matière de communication bilatérale avec les institutions financières et les décideurs politiques. 

Les décideurs politiques doivent être plus attentifs aux préoccupations des forces de l’ordre et des institutions financières lorsqu’ils élaborent et appliquent des réglementations. Enfin, les institutions financières doivent comprendre la nécessité de canaliser davantage de fonds vers des domaines clés tels que la formation interne et la technologie.

Une question de devoir

Si nous ne redoublons pas d’efforts pour trouver et déjouer les tentatives de dissimulation des produits des infractions principales, les criminels continueront d’agir en toute impunité. L’enquête démontre que les équipes de conformité des institutions financières veulent certainement en faire plus. Mais trop souvent, elles ne disposent ni des outils, ni de la formation, ni des partenariats, ni des cadres de conformité pour en faire une réalité.

Changer ces cadres prendra du temps et nécessitera une approche plus ouverte et consultative de la part des décideurs politiques et des régulateurs. Mais c’est loin d’être impossible et il faut s’y prendre le plus tôt possible. 

La bonne nouvelle : plus de la moitié (58 %) des professionnels de la conformité reconnaissent qu’ils pourraient en faire plus pour aller au-delà de la conformité, mais il existe un manque de compréhension sur la manière d’identifier les victimes vulnérables. Il est donc d’autant plus important de consacrer des ressources appropriées aux programmes de formation interne.

Des algorithmes qui simulent le comportement criminel 

Outre la formation des équipes, il est tout aussi important de les doter des bons outils. Les solutions existantes reposent trop sur des processus manuels et ne disposent pas de l’intelligence nécessaire. Les outils d’analyse alimentés par l’apprentissage automatique devraient être au cœur des efforts déployés par les banques pour détecter les transactions suspectes et prendre des mesures en conséquence. En apprenant à quoi ressemble la “normalité”, ils peuvent signaler les indicateurs de blanchiment d’argent ou d’infractions principales, optimisant ainsi la productivité des équipes de conformité. L’apprentissage automatique dit “en boîte blanche” est le plus efficace pour les régulateurs, car la prise de décision peut être facilement expliquée pour une transparence totale. 

Les mêmes algorithmes intelligents peuvent être entraînés à simuler un comportement criminel et donc à tester de manière indépendante la performance des solutions actuelles de lutte contre le blanchiment d’argent. 

L’enquête en ligne a été menée à l’initiative de la société BAE Systems durant l’été 2021 auprès de 452 professionnels du secteur bancaire et de l’assurance spécialistes de la gestion des risques et la conformité. Elle s’est déroulée au Royaume-Uni, aux États-Unis, en France, en Allemagne, en Australie et à Singapour. Les résultats sont présentés et analysés par Finance Mag en quatre chapitres. 

Les chapitres 1, 2 et 3 sont consultables ici.

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