Ohayon à Bordeaux: un château de cartes dans la tempête

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Les filiales du groupe FIB de l’homme d’affaires bordelais, Michel Ohayon, enchaînent les redressements judiciaires. Comme quoi une holding ne garantit pas contre les naufrages. Explications. 

Depuis le 1er mars, l’enseigne de vêtements Gap, que Michel Ohayon avait racheté pour un euro symbolique au groupe américain qui abandonnait le marché européen, a rejoint la cohorte des sociétés détenues par l’homme d’affaires bordelais et désormais en redressement judiciaire. Une autre filiale de la Financière immobilière bordelaise (FIB), détenue par un fils de Michel Ohayon, a subi le même sort la semaine précédente: les écoles supérieures Campus Academy, un établissement d’enseignement supérieur privé hors contrat réparti en dix écoles et six campus à Angers, Rennes, Aix en Provence, Lyon, Nantes et Toulouse. Un peu plus tôt c’est la filiale qui héberge 22 magasins sous enseigne Galeries Lafayette qui a fait l’objet d’une procédure de sauvegarde. Après le redressement judiciaire de Go Sports et la liquidation de la chaîne de vêtements Camaïeu.

200 millions de prêts pour les hôtels 

C’est la Bank of China qui a planté le coup de dague décisif en obtenant du tribunal de commerce de Bordeaux, le 15 décembre, la mise en redressement judiciaire de la holding FIB pour défaut de remboursements d’échéances de trois prêts (56, 70 et 75 millions), contractés pour le rachat et les travaux des hôtels Waldorf Astoria Trianon Palace à Versailles, Sheraton-Roissy et Intercontinental-Le Grand Hôtel à Bordeaux. Depuis, la cascade de défaillances semble si difficile à canaliser.

La première explication juridique, c’est qu’au sein d’un groupe d’entreprises chapeautées par une holding, l’exigibilité d’un crédit peut se transmettre à une autre société du groupe. Pour garantir les crédits souscrits par une des sociétés du groupe, ce qu’on appelle les sûretés sont consenties par d’autres sociétés du même groupe dans une forme de solidarité financière. C’est pourquoi les créanciers sollicitent des procédures collectives engagées auprès des tribunaux de commerce : elles visent à bloquer l’exercice de ces sûretés, seul espoir pour eux de récupérer ce qui leur est dû.

Quatre enquêtes financières 

L’autre explication juridique c’est l’effet de chaîne. Dans le cas Ohayon, il n’a pas échappé à la Bank of China que la FIB rencontrait des soucis de trésorerie avec Camaïeu ou Go Sport. Les défauts de paiement des autres sociétés du groupe ont incité le banquier prêteur à obtenir de la justice le redressement judiciaire de la holding, dans l’espoir de récupérer ses impayés avant la liquidation potentielle des actifs. Constater qu’une des filiales n’a pas la surface suffisante pour honorer ses engagements jette le doute sur la capacité financière de toutes les filiales et de la holding.

Indépendamment des aspects juridiques ou de la stratégie des créanciers, d’autres questions se posent et qui justifient les enquêtes financières réclamées par les parquets de Bordeaux, Grenoble et Lille. L’enjeu est de savoir s’il n’y a pas des mécaniques de circulation non conformes de l’argent au sein de la holding. Par exemple, si un prêt garanti par l’Etat (PGE) consenti pendant le Covid à Go Sports a servi à financer les salaires de Camaïeu, ce n’est pas forcément une infraction mais ce n’est pas conforme aux raisons invoquées auprès de la banque pour obtenir le PGE. Camaïeu a pu aspirer une bonne partie du cash disponible pour éviter la défaillance. Le retournement espéré par Michel Ohayon, et sans doute présenté au tribunal de commerce pour la reprise de Camaïeu ne s’est pas produit. Et les sommes englouties par Camaïeu ne seront jamais récupérées. 

Les trois enquêtes menées par des brigades financières permettront de relever d’éventuelles anomalies, mais pas avant plusieurs mois. Nos confrères du journal Le Monde indiquent aussi qu’une enquête préliminaire est ouverte par le parquet de Paris et confiée à la Juridiction nationale chargée de la criminalité organisée (Junalco), pour des soupçons d’abus de biens sociaux.

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