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La guerre en Ukraine fragilise-t-elle les banques européennes ?

Alors que les banques européennes misaient sur une hausse des taux en 2022, leur laissant espérer une meilleure rentabilité, la guerre entre la Russie et l’Ukraine rebat les cartes. Les actionnaires risquent ne réalité de voir fondre leurs dividendes. Pour autant, une étude poussée sur l’ exposition des banques au risque montre que celui-ci reste faible, sauf pour la banque autrichienne Raiffeisen Bank. 

Mélanie Hoffbeck, analyste du crédit, au sein de l’institution La Française Asset Management s’est livrée à une étude approfondie sur les risques que fait courir aux banques européennes le conflit entre la Russie et l’Ukraine. « On peut craindre des implications considérables pour les banques européennes, notamment des provisions plus élevées pour les pertes sur prêts, des pertes commerciales et un cycle de hausse des taux reporté. Les actionnaires seront touchés en 2022, surtout si les banques européennes inquiétées par la crise ukrainienne décident de réduire et d’arrêter les versements de dividendes. A ce stade et en l’absence d’informations sur la durée et l’ampleur de la guerre, il est difficile d’estimer l’impact total, » détaille en substance Mélanie Hoffbeck. 

Des scénarios de stress sévères

Les banques européennes impliquées en Russie, en Ukraine et en Biélorussie communiquent auprès de leurs investisseurs sur leur exposition. La plus exposée en Russie et en Ukraine est l’Autrichienne Raiffeisen Bank. Dans une mesure nettement moindre, suivent les Italiennes UniCredit et Intesa Sanpaol, la Française Société Générale et la Néerlandaise ING Groep.

L’étude de Mélanie Hoffbeck consiste à évaluer ce que pèserait pour ces institutions, la perte potentielle de leurs succursales russes ou ukrainiennes, sur la globalité de leur activité. « Nous avons élaboré des scénarios de stress beaucoup plus sévères que les scénarios dits d’expropriation qui ont été publiés par certaines banques, » précise-t-elle. Sa conclusion révèle que les expositions directes sont faibles pour le secteur bancaire, mais très concentrées sur quelques banques.  « La seule banque qui présente un risque d’insolvabilité est Raiffeisen Bank International (RBI). Elle pourrait se retrouver dans l’impossibilité de respecter les exigences réglementaires imposées par la Banque centrale européenne »

Des communications qui cherchent à rassurer

RBI a tenu une conférence téléphonique pour rassurer les acteurs du marché sur sa situation en Ukraine et en Russie. La banque continue d’opérer dans ces deux pays en poursuivant des services bancaires minimaux mais sans contracter de nouveaux prêts. Elle a annoncé l’annulation de son dividende de 380 millions d’euros.

D’autres banques européennes ont communiqué sur le risque encouru. Des informations que Mélanie Hoffbeck a passé au crible de ses tests. « Pour Crédit Agricole SA, nous estimons que le risque global est maîtrisable. » En 2021, l’activité de Crédit Agricole Ukraine a représenté un PNB (Produit Net Bancaire) de 125 M€ et un résultat avant impôt de 58 M€. En Russie, l’activité Crédit Agricole CIB AO représente un PNB de 22 millions d’euros et un résultat avant impôt de 5 millions d’euros. L’exposition totale de la banque verte représente 6,7 milliards d’euros d’engagements commerciaux, soit 0,6% du total.

Pour UBS, la banque de Zurich connue pour être la plus grande banque de gestion de fortunes, l’exposition aux risques en Ukraine et en Russie n’est pas significative, selon l’experte. La banque a indiqué que son exposition était limitée à 634 millions de dollars au 31 décembre 2021 et en diminution depuis. Le groupe espagnol Santander a déclaré qu’il n’était pas présent en Russie ou en Ukraine et a ajouté qu’il ne ferait aucune nouvelle affaire avec des entreprises russes.

Cyrille Pitois

Directeur des rédactions de Keyop Média. 30 ans d'expérience en journalisme économique, Ouest-France, Libération, Le Journal des Entreprises, AFP.

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