Métier

Promoteurs immobiliers : Peuvent-ils surmonter la crise ?

Depuis plusieurs mois, le secteur de l’immobilier est en crise. Inflation, taux d’intérêt très hauts, difficulté à emprunter. Si le plus dur semble être passé pour les acquéreurs, les promoteurs immobiliers ne sont quant à eux pas sortis de la crise.

La crise dans laquelle est plongée l’immobilier depuis plus d’un an continue de faire des dégâts. Si, depuis janvier, les taux moyens des crédits immobiliers contractés par les ménages sont passés de 4,21% à 3,84% et sont le signe d’une amélioration, les promoteurs immobiliers continuent de souffrir. Florent Pitoun, cofondateur de XPerience.immo, (une WebApp Responsive indépendante qui simplifie la gestion financière, commerciale et la relation client en un seul espace) explique la situation actuelle de la promotion immobilière.

“Il y a beaucoup de promoteurs immobiliers qui sont en difficulté, dont certains ont ou vont devoir déposer le bilan. Comme par exemple, les sociétés du groupe Anthelios qui ont été placées en liquidation judiciaire en fin d’année dernière. Les promoteurs immobiliers ont besoin de faire deux choses : premièrement le développement foncier, c’est-à-dire, trouver des terrains constructibles ou à réhabiliter et procéder à leur acquisition. Et ensuite, procéder à la vente des lots qu’ils ont créés. Le problème c’est que depuis six mois à un an, ces deux activités sont soit au ralenti pour certains promoteurs voire complètement à l’arrêt pour d’autres.”


De nombreuses entreprises en danger

Une situation qui se traduit par le nombre d’entreprises liées à la promotion immobilière en difficulté lors de 2023. Selon une étude publiée par AU Group et le cabinet EY, sur 57000 entreprises en difficulté, 25% était dans le secteur de la promotion immobilière. Alors que d’après l’INSEE, ce chiffre devrait plutôt être à 15%. Le contexte est également marqué par les menaces de suppressions d’emplois qui pèsent sur le secteur. En septembre dernier, le président de la Fédération des promoteurs immobiliers, Pascal Boulanger, annonçait la possible suppression de 300000 emplois d’ici 2025. Une situation rendue difficile à cause de la hausse des taux d’intérêts de manière constante l’année dernière. Mais aussi par la raréfaction du nombre de terrains constructibles ou la hausse du coût des matériaux à cause de l’inflation.

Mais malgré ce contexte très compliqué, tous les promoteurs ne sont pas forcément égaux face à la crise. “Il y a pas mal de promoteurs immobiliers qui ont bien gagné leur vie dans les années précédentes et qui possèdent donc plus de ressources pour essayer de tenir. Malheureusement, les promoteurs les plus fragiles, très souvent des indépendants, pourront difficilement survivre face à l’ampleur de la crise immobilière” souligne Florent Pitoun. Par ailleurs, le nombre d’entreprises en difficulté devrait encore augmenter d’ici la fin de 2024 selon l’étude de AU Group et du cabinet EY.

Il pointe également du doigt la complexité des opérations de promotions immobilières. “Une opération, c’est environ 90 étapes clé à gérer sur 4 ans avec 20 interlocuteurs différents. Cela prend beaucoup de temps et de nombreuses ressources. Il est donc nécessaire, voire vital que le secteur s’adapte notamment sur la digitalisation. ” Au cours des dernières années, des logiciels comme Xperience Immo ont vu le jour ou sont en développement, pour tenter de soulager la profession et ainsi faire plus avec moins de ressources. Surtout que durant cette période de crise, certains promoteurs vont devoir optimiser leurs activités pour traverser la crise.


Une amélioration en perspective ?

Cependant, pour Florent Pitoun, il faut quand même ne pas se montrer trop alarmiste. “Effectivement le contexte économique est compliqué, l’activité va reprendre doucement mais elle va reprendre. On sait que l’immobilier est un secteur qui est cyclique. Actuellement et au cours des mois précédents, il y a eu un cycle particulièrement difficile pour le secteur mais ce n’est que pour mieux repartir. Et puis il y a quelques promoteurs qui s’en sont très bien sorti en gérant de la meilleure des manières leur foncier et leur marché de travaux, qui sont les deux gros points. Ils possèdent des biens aux bons prix et on observe que les biens aux bons prix se vendent quand même.”

De plus, le marché global de l’immobilier commence à retrouver des couleurs, avec la baisse rapide des taux des crédits immobiliers. Désormais à 3,83% contre 4,21% au début de l’année, les taux des crédits devraient se situer aux alentours de 3,25% à la fin de l’année 2024, selon l’Observatoire crédit logement. Une situation qui relance le marché puisque la demande de crédit a augmenté de 46% entre décembre 2023 et mars 2024. Une demande qui devrait continuer à augmenter dans les mois à venir étant donné que les emprunteurs attendent encore une baisse des prix des biens.

Thomas Duchassin

Stagiaire journaliste pour Finance Mag

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