Blockchain & Crypto

Le bitcoin monnaie officielle en Centrafrique, après le Salvador

Depuis mercredi 27 avril, le bitcoin est monnaie officielle de Centrafrique au côté du franc CFA et l’usage des cryptomonnaies est légalisé. L’objectif est de dynamiser la croissance et de créer des emplois dans un pays frappé par la guerre civile depuis 9 ans. La corruption y est très répandue et l’emprise Russe avérée. C’est le deuxième Etat à officialiser la cryptomonnaie après le Salvador.

Un deuxième Etat au monde sacre le bitcoin comme monnaie officielle. La République Centrafricaine, pays d’à peine 5 millions d’habitants en Afrique centrale, a adopté la cryptomonnaie comme monnaie légale au côté du franc CFA, a annoncé mercredi 27 avril la présidence, relayée par l’Agence France Presse. Le pays dessine un cadre réglementaire qui vise à favoriser l’adoption des cryptomonnaies comme mode de paiement par les commerces ainsi que pour le versement des contributions fiscales via des plateformes reconnues et autorisées par le gouvernement.

L’Assemblée nationale a voté la loi à l’unanimité des députés présents pour « régir la cryptomonnaie en République centrafricaine » et le président Faustin-Archange Touadéra l’a promulguée, assure la présidence centrafricaine dans un communiqué. Ce qui fait de la Centrafrique le premier pays du continent africain à adopter le bitcoin comme monnaie de référence, et le deuxième au monde après le Salvador en septembre 2021.

“Pays courageux et visionnaire”

Le Fonds monétaire international (FMI) avait réagi à l’annonce du Salvador en dénonçant une décision dangereuse « pour la stabilité financière, l’intégrité financière et la protection des consommateurs ». La présidence du Centrafrique estime au contraire que « cette démarche place la République centrafricaine sur la carte des pays les plus courageux et visionnaires. » Elle partage le franc CFA avec cinq autres pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), qui jouissent de situations économiques plus favorables que la Centrafrique.

La nouvelle loi autorise et régit toutes les transactions liées aux cryptomonnaies, sans restriction, effectuées par les personnes physiques ou morales, publiques ou privées. Le texte s’applique aux activités de commerce en ligne, à toute transaction électroniques et aux contributions fiscales. La loi prévoit aussi que « les échanges en cryptomonnaies ne sont pas soumis à l’impôt ».

Un pays pauvre et peu connecté

Pour s’émanciper de la devise issue du colonialisme et chercher des leviers économiques innovants, la tentation de monnaie digitale est une solution atteignable par les gouvernements sans avoir besoin de créer une banque centrale. Ce changement de monnaie ne coûte à peu près rien, puisque ce sont les mineurs de la blockchain qui sécurisent et défendent le système.

Pour autant le défi technologique demeure : la Centrafrique est le deuxième pays le moins développé du monde, selon l’ONU, malgré des réserves d’or et  de diamant. De nombreux habitants ne possèdent pas de compte en banque et la pénétration d’Internet dans ce pays enclavé est d’environ 11 %, selon DataReportal, un portail de données en ligne.

Des années de conflit violent et une crise politique qui ont secoué le pays à l’approche des élections présidentielles de décembre 2020, ont eu de graves répercussions sur l’économie et endommagé les relations avec les partenaires internationaux, entraînant même des retards dans la distribution de l’aide vitale.

L’ombre de la Russie

« Avec une corruption systématique et un partenaire russe sous sanctions internationales, le contexte incite à la suspicion », a déclaré à l’AFP Thierry Vircoulon, spécialiste de l’Afrique centrale à l’Institut français des relations internationales (IFRI). « La recherche de voies de contournement des sanctions financières internationales par la Russie invite à la prudence.» 

Fin 2020, une majorité des groupes armés qui occupaient alors les deux tiers du territoire ont lancé une offensive contre le pouvoir du président Touadéra, qui a appelé Moscou à l’aide. Déjà présents depuis 2018, des paramilitaires russes sont venus en renfort aux côtés des soldats centrafricains pour repousser l’offensive rebelle.

Le prochain pays à franchir le rubicond pourrait être le Panama. Sans faire forcément le choix de la monnaie officielle, le Panama travaille sur l’autorisation des paiements en Bitcoin et Ethereum. La situation est différente: le Panama n’a pas de monnaie officielle mais utilise le Dollar américain. Le Guatemala et le Honduras sont également évoqués dans les prévisions des experts.

Cyrille Pitois

Directeur des rédactions de Keyop Média. 30 ans d'expérience en journalisme économique, Ouest-France, Libération, Le Journal des Entreprises, AFP.

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