Pourquoi les banques s’attellent à la technologie blockchain

Les costumes trois-pièces remplacent progressivement les jeans-baskets dans les conférences consacrées à blockchain. Les institutions financières s’intéressent de très près à la technologie sous-jacente du Bitcoin avec pour objectif d’optimiser les coûts. L’heure est à l’expérimentation tous azimuts et les premières réalisations sont attendues d’ici cinq ans.

L’émergence du Bitcoin, en 2009, a d’abord provoqué le scepticisme des institutions financières traditionnelles, désarçonnées par l’absence d’une autorité centrale régulant la pionnière des crypto-monnaies. Fin 2013, le scandale Silk Road — un marché noir de la drogue sur Internet où les transactions avaient lieu en Bitcoin — a conforté la méfiance à son égard.
Mais aujourd’hui, abandonnant leur suspicion initiale, toutes les grandes banques ou presque se sont jetées sur la technologie blockchain, le système de cryptage décentralisé au cœur du fonctionnement de la sulfureuse monnaie électronique : 462 millions de dollars y ont été investis en capital-risque entre janvier et septembre 2015, soit deux fois plus que l’année précédente sur la même période. Un cocasse retournement de situation qui mérite quelques éclaircissements.

Les opportunités offertes par le modèle blockchain ont fini de convaincre l’industrie financière. D’abord, un grand livre de compte distribué permettrait d’éliminer des coûts intermédiaires et donc d’économiser, à l’échelle mondiale, des dizaines de milliards de dollars lors des paiements internationaux ou de la négociation de titres. Ensuite, la vitesse d’exécution et de vérification des opérations est sans commune mesure avec le système actuel. Plus globalement, les recherches autour des blockchains représentent pour les banques l’occasion de réfléchir aux pressions régulatrices, aux défis numériques ou encore à la cybercriminalité.

Trois différentes stratégies sont employées par les établissements bancaires pour étudier le potentiel de cette technologie capable de conserver l’identité des clients ou de traiter de manière sécurisée la compensation et le règlement des actions et obligations. Certains développent leurs propres modèles en interne quand d’autres investissent dans un spécialiste ; la troisième solution consiste à nouer un partenariat avec une start-up. Une vingtaine de grandes banques mondiales se sont même associées au sein du consortium R3 CEV pour tenter de standardiser l’usage des blockchains.
Le caractère infalsifiable et transparent de toute transaction individuelle via cette technologie suscite l’intérêt des professionnels. Certains observateurs tempèrent cet enthousiasme et attendent des garanties à la fois sur le passage à l’échelle et sur la sécurité des bases de données distribuées, indispensables pour obtenir le feu vert des autorités de régulation. Néanmoins, la majorité s’accorde pour dire que les premières applications pratiques de blockchain surgiront dans deux à cinq ans.

La Redac

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