Nicolas Louvet (Coinhouse) et Raphaël Bloch (Les Echos) : prendre de la hauteur sur les Cryptos

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Chez Fintech mag nous accompagnons déjà les non-initiés depuis quelques mois, grâce aux chroniques de Julie Naudin qui vous fait vivre son quotidien de consultante dans les cryptomonnaies.
Aujourd’hui, deux connaisseurs Nicolas Louvet (PDG de Coinhouse) et Raphaël Bloch (Les Echos) Croisent leurs avis  et expertises sur les dernières actus des cryptos et nous invitent à prendre un peu de hauteur sur ce secteur si nouveau à appréhender, aussi bien techniquement que intellectuellement. Comprendre les cryptos, c’est être capable de déconstruire son éducation de la finance.

Nicolas Louvet, pouvez-vous vous présenter et nous parler des dernières annonces de Coinhouse ?

@Nicolas Louvet
Je suis le PDG de Coinhouse, la plateforme leader en France pour accompagner les investisseurs dans leurs achats de cryptoactifs en ligne mais également en physique. Notre particularité, unique en Europe, est de disposer d’un espace commercial. Il s’appelait auparavant la Maison du Bitcoin et s’ appelle désormais Coinhouse. Il est installé au coeur de Paris et nous permet d’accueillir la clientèle, ainsi que des événements qui visent à éduquer sur ces sujets. Coinhouse a pour ambition de faire vivre l’écosystème de la Blockchain et des cryptos en France.
Nous allons d’annoncer prochainement un partenariat avec deux très grandes écoles en France, l’école Polytechnique, ainsi que HEC, pour développer un programme pédagogique pour leurs étudiants. L’équipe Recherche et Analyse de Coinhouse produit le contenu et la formation Blockchain et Cryptos d’un Master dédié, commun à ces deux écoles. C’est une reconnaissance de notre savoir-faire et de l’excellence de notre équipe. Cette initiative démontre que des jeunes en formation de commerce, économique et social s’intéressent à ces sujets Blockchain et cryptomonnaie, à l’heure d’annonces importantes de l’industrie. Ce sont également pour nous des viviers importants pour le dynamisme économique, avec un potentiel de créations d’emplois. L’initiative a été saluée par le gouvernement et Bruno Le Maire.
Deuxièmement, depuis plusieurs semaines, une version bêta de notre site web est en ligne, avec une sortie officielle fin octobre. Cette nouvelle version permettra la vente de Litecoin par exemple, en plus du Bitcoin et de l’Ethereum. De nouvelles fonctionnalités vont également être intégrées, notamment autour de la notion de custody, c’est-à-dire la capacité que l’on a de garder les cryptos pour tous nos clients. Aujourd’hui, nous avons une offre qui est uniquement dédiée aux professionnels. Demain, nous la proposerons à tout le monde, avec une interface plus avancée sur ces fonctionnalités de trading et davantage sécurisée.

Quel type de clientèle accueillez-vous au Coinhouse ?

@Nicolas Louvet
Notre clientèle n’est pas uniquement française, elle est étrangère pour 10% de nos volumes. Cette clientèle étrangère est de deux natures : on a d’abord une clientèle de passage au Coinhouse Paris Store (des curieux, des gens qui ont entendu parler de nous, etc.). Il faut dire que grâce à Ledger, qui a été pendant un temps notre société mère, nous avons gagné en visibilité. Nous vendons en physique des Ledger Nano S et des Ledger Blue et cela créer du trafic : pour beaucoup de personnes, ces ventes en boutique permettent de “toucher” le produit” et de poser des questions. Parmi nos clients étrangers, nous avons notamment des coréens, des américains, des européens de passage. Pour des raisons de conformité, nous acceptons quasiment toutes les nationalités. Nous avons toutefois des limites de montants pour certaines nationalités. Concernant la vente en ligne, on serait supposé avoir une clientèle mondiale mais, encore une fois pour des raisons de conformité, nous n’acceptons que les clients qui résident en Europe. Certaines nationalités sont liées à des juridictions qui ne respectent pas les règles en matière de lutte contre le blanchiment d’argent ou des juridictions à risque. La Syrie en fait notamment partie.

Raphaël Bloch, pouvez-vous vous présenter et nous partager la dernière actu crypto qui vous a marqué ?

@Raphaël Bloch
Je travaille aux Echos  en tant que journaliste depuis presque 2 ans. Cela fait près de 18 mois que je travaille sur les sujets de cryptomonnaies et Blockchain : cela coïncide avec la période pendant laquelle le Bitcoin a commencé à monter.
Il y a un aspect générationnel important : je suis né en 1989 et je n’ai pas connu la révolution Internet. On assiste aujourd’hui à une autre révolution. Ce qui m’intéresse au quotidien, c’est de suivre  le développement du secteur en France, en Europe et dans le monde. On a des actualités qui tombent très régulièrement et notamment ces derniers jours, avec Fidelity, un des plus gros gestionnaires d’actifs, qui souhaite se lancer dans les cryptoactifs. Cette annonce montre bien que le secteur évolue et que, en dépit de la baisse récente des cours, les acteurs voient à  plus long terme. L’année 2017 a été particulièrement dynamique, et 2018 n’a pas confirmé. Mais en réalité, c’est tout un écosystème qui est en train de se créer. On y retrouve à la fois des petits investisseurs, des startups, des entreprises, des fonds et des banques qui font vivre le secteur.
En France, il y a le volet réglementaire qui est d’actualité, auquel répond en partie la loi PACTE, un pas de plus dans la réglementation du marché. Les choses sont allées très vite. Je m’intéresse à tout cela et j’essaye de le couvrir.
Ce qui est intéressant avec un journal comme Les Echos, qui est une marque reconnue, c’est de traiter de la manière la plus professionnelle possible un secteur qui a seulement quelques années et dont on parle sérieusement depuis 18 mois. Notre enjeu avec mes collègues est de trouver les bonnes informations, les bons acteurs, alors qu’il y a aussi beaucoup d’arnaques.

Vous participez chacun à votre manière à éduquer les français sur les cryptomonnaies. Quelles sont pour vous les initiatives qui manquent pour que le Bitcoin et les autres monnaies virtuelles ne soient plus source que de stress ou d’effervescence ?

@Nicolas Louvet
Deux choses essentielles. Il y a d’abord la notion d’un cadre juridique qui permet de dire aux gens quels sont les acteurs sur lesquels ils peuvent s’appuyer : des acteurs qui respectent des règles, qui ne sont ni fraudeurs, ni des plateformes qui donnent des informations mensongères sur les cours ou les potentiels de gain. Fin 2017, Coinhouse avait relevé plus de 200 fausses plateformes : certaines ne sont pas très méchantes, elles divulguent de fausses informations. D’autres récupèrent des contacts vulnérables et les incitent ensuite à faire des virements sur des comptes à l’étranger, sans que l’argent ne leur soit jamais rendu. C’est une des raisons qui nous a motivé à aller voir Bruno le Maire, les équipes de Bercy et la police pour leur expliquer qu’il y avait urgence, que cela pénaliserait l’écosystème. Il y a des gens qui vivent des histoires dramatiques. Cela nous a beaucoup énervé et gêné dans notre activité. Il y a donc une question essentielle qui concerne la labellisation des acteurs en qui on peut avoir confiance.
Deuxièmement, je trouve qu’il y a un gros manque d’informations sur les cryptos : beaucoup de personnes dans l’industrie financière (banques, assurances, conseillers en gestion de patrimoine, etc.) ne savent pas encore où aller pour trouver des réponses à leurs questions, qui sont pertinentes. Ils sont mal orientés. Il existe beaucoup d’initiatives pour y remédier. Les Echos en font partie et je trouve qu’ils font un travail excellent en apportant des informations fiables. Chez Coinhouse, nous avons créé Coinhouse Insights qui rassemble des informations et contenus pour mieux comprendre les cryptos : ce travail est réalisé par la même équipe que celle qui produit les formations. Nous avons des formations destinées à des institutionnels et des banquiers. On cherche à répondre à des questions aussi simples que : “Qu’est ce que le Bitcoin ?”, “Qu’est-ce que la Blockchain ?”, “Pourquoi ça monte et ça descend ?”, “Qu’est ce que le trading ?”, etc.
Globalement, il y a un manque d’informations financières en France. Et on cumule les difficultés dans la compréhension de ce sujet, avec la dimension technologique des cryptoactifs. Il faut aiguiller les personnes et les informer des risques. Chez Coinhouse, nous avons des règles de conformité : par exemple, dès que vous dépassez 10 000 euros d’investissement par an, nous vous demandons de remplir un questionnaire (où nous demandons notamment l’origine des fonds et informons sur le risque de volatilité, etc.). Nous voulons rappeler qu’il est important de ne pas investir plus d’un certain pourcentage de ce que les personnes possèdent ou ont sur leur épargne à cause du risque de perte. Cela peut dynamiser votre épargne mais il y a toujours un risque. Il y a un défaut d’information générale, qui vient en partie des banques qui n’informent pas sur les produits classiques. C’est toute une culture à repenser et cela prendra du temps.
@Raphaël Bloch
Je suis totalement d’accord avec Nicolas et j’ajouterai que ce qui manque pour le secteur, ce sont les premiers gros cas d’usage. On voit qu’au quotidien la barrière se situe au niveau du citoyen lambda : les consommateurs commencent à identifier les cryptomonnaies mais n’en voient pas encore l’utilité. Les choses vont peut être basculer avec des  startups et des grands groupes qui se lancent dans la technologie. La bascule se fera à ce moment-là, si elle se fait .
Nous avons connu la même chose avec Internet : tout le monde aujourd’hui ne comprend pas forcément comment fonctionne Internet mais nous l’utilisons tous. Tout l’enjeu est là : avoir des entreprises qui vont développer des services et qui vont faire rentrer dans le quotidien des gens cette technologie.

Nicolas Louvet, quels sont les 3 conseils que vous donnez le plus souvent aux personnes qui viennent vous voir à Coinhouse ?

@Nicolas Louvet
Tout d’abord, “Éduquez-vous”. Donnez-vous tous les moyens d’apprendre et de ne pas baser vos intérêts sur une croyance, sur ce que certains vous disent, ou sur des mouvements de foule (comme ça a été le cas fin 2017). Faites-vous votre propre opinion, lisez. Nous participons à cette mission d’éducation avec Coinhouse Insight. Raphaël mentionnait d’autres références dont Bloomberg qui est une très bonne source, mais tout le monde ne peut pas y accéder. Notre objectif est de diluer cette information, de la rendre intelligible pour des investisseurs traditionnels.
Mon deuxième conseil est “Voyez à long terme”. Si ces sujets vous intéressent et que vous voulez investir, il faut considérer que ce sont des investissements à quelques années. Comme les SCPI dans l’immobilier, si vous vendez votre part de SCPI après un ou deux ans, vous êtes nécessairement en décote. C’est construit pour prendre de la valeur dans le temps. Même si le secteur des cryptos est encore très jeune et qu’il faut être à l’écoute du marché, il faut également se donner un peu de temps.
J’aurai également tendance à conseiller de diversifier. Il ne faut pas uniquement considérer le Bitcoin et l’Ethereum, mais regarder les autres actifs. On parle beaucoup des ICO aujourd’hui, mais il y a d’autres cryptos (Tezos, 0x, Litecoin, Ripple, etc.) qui présentent un intérêt et une capitalisation importante.
Le dernier point concerne la sécurité. Vous ne devez pas laisser les cryptos que vous possédez sur des plateformes non sécurisées. ll y a des risques pour tous ceux qui souhaitent les laisser sur des applications mobiles. Nous avons régulièrement des cas de personnes qui n’ont pas suivi les mesures nécessaires pour sauvegarder leurs informations avant de changer de portable ou de le casser ou de se le faire voler. Ils ne peuvent ensuite plus y accéder. Il faut garder à l’esprit que la proposition de valeurs sur ces actifs est radicalement différente de celle que l’on connaît dans les autres actifs financiers.

Raphaël Bloch, votre profession vous amène tous les jours à vérifier les infos que vous relayez. Quelles sont vos sources et comment vous prenez garde à ce qui se dit ?

@Raphaël Bloch
J’ai commencé mon travail de journaliste crypto en rencontrant le plus de personnes possible en France, que ce soit Coinhouse, Blockchain Partner et un certain nombre de startups qui font vivre le secteur. Après, cela passe par les professions qui travaillent avec eux, c’est-à-dire les avocats, éventuellement les quelques banques qui acceptent de travailler à leurs côtés. Ce sont aussi les sociétés qui sont intéressées par la Blockchain et qui n’ont pas encore franchi le pas. A un niveau européen  et mondial, toutes les zones de la planète sont touchées par le même phénomène : il y a un développement croissant des cryptos et de la Blockchain, avec partout des journalistes qui font le même travail que mes confrères et moi. On s’informe les uns les autres, on échange via les réseaux, par email. Et des liens de confiance se créent.
Ensuite, on fait notre travail de journaliste : on vérifie les infos, on va à la source dès qu’on a quelques éléments. Je vous donne un exemple que je trouve assez marquant : il y a près d’un an, Bloomberg a lancé un desk dédiés aux cryptos. Aujourd’hui ils ont plusieurs journalistes qui bossent sur le sujet à New York, Londres, Hong Kong. Ce desk de journalistes crypto est un modèle sur la façon dont nous devons travailler, ils ont la rigueur d’une agence reconnue mondialement. Ils sont devenus une des sources référentes.

Goldman Sachs, Fidelity… les grands noms de la finance ne cachent pas leur intérêt pour le bitcoin. Quelles en sont les conséquences ?

@Raphaël Bloch
Pour que des géants comme Fidelity et Goldman Sachs s’intéressent au secteur, c’est qu’il se passe quelque chose. Ce ne sont pas des acteurs de la finance qui se lancent sans avoir réfléchi, sans avoir étudié le marché et sans s’être dit “Il y a un potentiel !”. Cela dit que potentiellement il y a un marché gigantesque et quand des acteurs aussi sérieux se positionnent, c’est qu’il y a tout un écosystème qui se créer.
La limite, c’est peut-être que l’on va un peu trop vite, un peu trop loin. On peut craindre d’avoir des acteurs comme Fidelity ou Goldman sur un secteur aussi jeune, qui s’est à peine développé, et qui représente déjà quelques centaines de millions de dollars sur la planète. N’y a t il pas une disproportion ? Le risque n’est-il pas une financiarisation à outrance du système, sans que cela soit accompagné par un développement industriel (avec des startups, etc.) ?
@Nicolas Louvet
Ce phénomène nous montre qu’après avoir été décrit et mal compris, cet univers trouve sa place aujourd’hui. C’est une très bonne nouvelle.
Je suis d’accord avec Raphaël lorsqu’il dit qu’il y a une forme de financiarisation. J’ajouterais qu’il y a un risque d’un usage quasi uniquement B2B. On a parfois l’impression que la messe aurait été dite et que les cryptos ne sont pas faites pour les particuliers. Certaines architectures comme le Ripple ne sont d’ailleurs pas construites pour les particuliers : elle est imaginée pour des usages industriels ou par les industries du secteur. On peut avoir l’impression que les professionnels ne veulent pas que les citoyens s’emparent du sujet. Il y a un risque d’appropriation et je trouve cela dommage.

Demain, les cryptos seront le seul système de paiement utilisé” : vous y croyez ?

@Raphaël Bloch
Si on parle de quelques années, absolument pas ! Je pense que les cryptos peuvent se développer et devenir un moyen alternatif. Mais je ne vois pas à court terme ce modèle remplacer le système actuel.
En revanche, à la vitesse à laquelle se développe la techno et le marché, on peut penser qu’à plus long terme (en 2040, 2050), c’est totalement possible. En tous cas, on ne peut pas l’exclure.
@Nicolas Louvet
Les cryptos à court et moyen terme oui ! Je suis assez enthousiaste à l’idée du stable coin, parce qu’elle redonne le pouvoir à chacun et vient mettre fin à des monopoles. J’espère vraiment que certaines cryptos vont être associées à des moyens de paiement. Mais toutes les cryptos ne sont pas des moyens de paiement.
Et est-ce que tous les moyens de paiement seront des cryptos ? Je n’y crois pas pour les années qui viennent. Les cartes bancaires n’ont pas mis fin à l’utilisation du cash, même s’il est réduit aujourd’hui. Il y a une évolution dans les moyens de paiement. On le voit avec le chèque qui disparaît progressivement.
Est-ce qu’il n’y aura que des cryptos comme systèmes de paiement dans 20 ans ? Je ne pense pas.

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