Fronde des employés, refonte du board, vrai-faux départ du PDG Sam Altman et intervention de Microsoft : que s’est-il passé chez OpenAI en cette fin d’année ?
L’émergence d’OpenAI doit être créditée à la convergence de deux cerveaux. Celui du businessman Sam Altman, PDG de l’entreprise, et celui du chercheur Ilya Sutskever, scientifique en chef d’OpenAI ayant apporté plusieurs contributions majeures sur l’Intelligence Artificielle avant de fonder la startup. Le scénario rocambolesque de novembre également.
Récapitulatif : vendredi 17, lors d’une visioconférence du board, Ilya Sutskever annonce à Sam Altman son éviction immédiate. Dans la foulée, un communiqué sur le site d’OpenAI annonce la nouvelle publiquement, expliquant qu’Altman n’aurait “pas été constamment franc dans sa communication avec le board”, sans plus de détails. Employés comme investisseurs n’ont pas été ravis.
Satya Nadella, le grand patron de Microsoft, premier investisseur d’OpenAI, n’avait pas été mis au courant de la décision. Il s’est immédiatement impliqué pour réinstaller Altman. Dimanche 19, après deux jours de confusion, Nadella annonçait qu’Altman, et tout employé d’OpenAI qui le souhaitait, seraient recrutés dans une nouvelle unité IA indépendante au sein de Microsoft. Dès le lendemain, une lettre ouverte signée par plus de 700 des 800 et quelques employés de la startup demandait au board de revenir sur sa décision, menaçant d’un départ en masse vers Microsoft. Elle a été suivie d’un volte-face public d’Ilya Sutskever à travers un tweet dans lequel il dit regretter profondément sa participation aux actions du board et son intention de faire tout ce qui était en son pouvoir pour réunir la société. Dès le lendemain, Altman était de retour aux commandes et les menaces de départ en masse, envolées.
La rumeur d’une avancée majeure
Si le déroulé des péripéties est clair, c’est moins le cas de l’élément déclencheur. Seuls des bruits de couloirs évoquent un désaccord sur la direction à prendre par l’entreprise, sur fond d’avancées techniques majeures mais là encore, les informations filtrent peu. Bien qu’aucun détail ne soit connu, Reuters et The Information ont rapporté que des chercheurs d’OpenAI auraient fait une avancée majeure qui aurait tiré les sonnettes d’alarme. Ils seraient parvenus à créer un modèle novateur appelé Q* (Q Star), qui serait capable de répondre à des problèmes de maths … niveau primaire.
“Niveau primaire” ne semble pas si impressionnant, et pourtant. Les chercheurs se heurtent depuis toujours aux mathématiques. Il n’existe aucun modèle à ce jour qui soit capable de résoudre des problèmes de mathématiques de manière précise et fiable. “Les mathématiques sont la base du raisonnement. Une machine capable d’utiliser un raisonnement mathématique pourrait, en théorie, apprendre n’importe quelle autre tâche basée sur des informations pré-existantes”, explique au MIT Tech Review Wenda Li, chercheuse en intelligence artificielle à l’Université d’Édimbourg. Q* Pourrait donc être un vrai pas en avant, peut-être même au point d’ouvrir la voie vers la création d’une Intelligence Artificielle Générale, l’objectif ultime d’OpenAI.
Microsoft, un pied chez OpenAI
Bilan des comptes : Sam Altman est toujours à la barre du navire OpenAI. Mais l’ambiance a changé. Le grand patron sort renforcé dans sa position. Le comité de direction qui l’avait écarté a fait place nette. Bret Taylor, ancien CEO de Salesforce et également au board de Shopify, Larry Summers, ancien Secrétaire au Trésor de Bill Clinton, et Adam D’Angelo, fondateur et PDG de Quora, y siègent désormais.
C’est également le cas de Microsoft. Principal investisseur d’OpenAI jusqu’ici, le géant américain avait lancé à Sam Altman et à qui voudrait bien le suivre une bouée de secours immédiatement après son éviction. Microsoft occupera désormais une position d’observateur sans vote, ce qui veut tout de même dire qu’ils ont désormais les yeux rivés sur tout ce qui se passe à l’intérieur d’OpenAI.
