Cyril Armange, Finance Innovation : Quel est l'écosystème Fintech français en 2018 ?

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Nous avons rencontré Cyril Armange, Directeur des Partenariats et de la Communication du pôle de compétitivité mondial Finance Innovation depuis 2016. Expert de cette industrie, il est un habitué des synergies entre les acteurs de l’écosystème. Il retrace pour nous l’activité du pôle et nous dresse un panorama de la Fintech française.

Cyril Armange, pouvez-vous présenter rapidement Finance Innovation ?

Le Pôle Finance Innovation a été créé à l’initiative des pouvoirs publics pour soutenir et accompagner les projets innovants pour l’industrie de la finance. La filière finance est en effet une filière industrielle en France à part entière, qui méritait la création d’un pôle dédié. A ce jour, avec 1,2 million d’emplois directs et indirects et 300 milliards d’euros de financement pour les entreprises en 2015, l’industrie financière est au cœur de l’économie française. L’industrie financière pèse 4 % du PIB.
Nous sommes une équipe de passionnés et d’experts entièrement dédiée à la finance et ses innovations, à l’animation et l’aide au développement des projets des entreprises innovantes de l’écosystème financier.

Quelles sont les missions de Finance Innovation ?

Finance Innovation accompagne et soutient les Fintech d’aujourd’hui pour créer la finance de demain : une finance positive, transparente, humaine et innovante.  Autrement dit, une finance qui ne se replie pas sur elle-même mais qui s’adapte à son époque et qui s’ouvre aux besoins des acteurs de son temps.
Nous avons 3 missions :

  • Cartographier l’ensemble de l’innovation dans les secteurs de la banque, de l’assurance et de la gestion d’actifs en France ;
  • Octroyer un label à ces projets identifiés ;
  • Mettre en relation ces entrepreneurs avec les parties prenantes de l’innovation, pour déboucher sur la création de PME, d’ETI, etc. et générer in fine de la croissance et des emplois.

Quels sont vos critères d’attribution des Labels aux Fintech ?

Depuis 2007, nous avons labellisé plus de 500 projets innovants. A ce titre, les porteurs de projets labellisés ont accès à une offre de service très complète : en amont de l’obtention du Label Finance Innovation Pôle, ils sont accompagnés par un vivier d’experts qui challengent leur projet sous de nombreux aspects (stratégie, marché, cibles, business model, gestion, compétences, …). Une fois labellisés, ils bénéficient également du programme “FinTech & Croissance” porté par des cabinets de conseils pour approfondir leur stratégie, développement commercial, croissance à l’international, accès au crédit d’impôt recherche ou l’optimisation fiscale. Nous les aidons à trouver leur premier business en France, à lever des fonds publics et privés, à se développer à l’international. Ils peuvent également bénéficier d’un outil d’accélération de pénétration dans les grands groupes grâce à des projets d’expérimentation in situ.

La qualité de chaque projet est évaluée par un comité d’experts sur la base de trois critères principaux :

  • Innovation : les projets doivent présenter une vraie innovation sur leur marché, qu’elle soit d’usage, technologique, etc.
  • Stratégie : la thématique mise en avant par le projet doit être stratégique pour le secteur ciblé, voire pour la société de manière générale.
  • Crédibilité : le projet doit présenter un plan de développement et un modèle économique structurés et crédibles, en plus d’une équipe présentant les compétences nécessaires.

Quel est le rapport de Finance Innovation avec les pouvoirs publics ?

Notre rapport avec les pouvoirs publics est très fort : nous avons été labellisé en 2007 par Mme Christine Lagarde “Pôle mondial de compétitivité”.
Aux côtés de l’Etat, ce sont 9 membres fondateurs qui sont à l’origine de Pôle Finance Innovation : Paris Europlace, la Région Île de France, la Ville de Paris, trois associations professionnelles – la Fédération Française de l’Assurance (FFA), la Fédération Bancaire Française (FBF), l’Association Française de Gestion (AFG) – la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris (CCIP), bpifrance et Euronext Paris.
Nous avons un fonctionnement privé, fondé sur un système de cotisations comptant entre 550 et 600 membres. Parmi ces membres, nous retrouvons des grandes banques, des partenaires académiques, des PME, des startups, etc. qui cotisent pour l’offre de services que nous leur proposons. Le rassemblement de tous ces profils permet au pôle Finance Innovation de fonctionner. Sur les événements et conférences que nous organisons, comme le Fin&Tech Community, nous sommes sur un modèle de sponsoring.

Quels sont les intérêts pour les entreprises et les professionnels de venir à Fin&Tech Community ?

Cet événement de référence de l’écosystème de l’innovation financière française a l’objectif est de redessiner les contours d’une finance positive portée par l’innovation numérique, d’inventer les nouveaux modèles économiques et de redéfinir les comportements et les relations entre la finance et l’entreprise.
C’est le rendez-vous des décideurs de l’industrie financière, des fintech à qui nous souhaitons donner la parole afin de partager leurs visions de l’avenir et aborder  l’actualité, les défis et les enjeux de la finance à l’heure de la digitalisation de l’économie.
Le Fin&Tech community constitue une véritable marketplace permettant de découvrir toute la diversité et le talent de la Fintech française mais également de rencontrer les acteurs publics et privés oeuvrant pour le développement du secteur au Palais Brongniart, un lieu historique de la finance française.

On a du mal à bien quantifier l’écosystème Fintech aujourd’hui en France. Quels sont vos chiffres ?

En collaboration avec Exton Consulting, nous avons dévoilé, lors de la 7e édition du Fin&Tech Community, les premiers résultats d’une étude exclusive sur l’état des lieux des FinTech/InsurTech en France et l’attractivité de l’Hexagone pour le développement de la filière. Cette étude est l’aboutissement d’une enquête menée au printemps 2018 auprès de plus d’une centaine de jeunes pousses ; de visites d’accélérateurs à la rencontre de chargés d’incubation et dirigeants de FinTechs pour comprendre comment ils évaluaient l’écosystème ; et enfin d’échanges avec des personnalités clés de l’entrepreneuriat et de l’industrie financière. Les premiers résultats ont été publiés en juin, les enseignements complets de cette étude seront communiqués dès septembre 2018.
Plusieurs éléments contextuels chiffrés intéressants sont ressortis : par exemple, 30% des startups de la Fintech ont été créées il y a moins de 2 ans mais seuls 20% déclarent être rentables (notamment sur le B2C imposant des coûts d’acquisition élevés). La France a cependant su faire émerger des Fintech prometteuses, qui se démarquent déjà à l’international en enregistrant des croissance fortes. Nous avons également constaté que 67% ont noué au moins un partenariat avec un corporate du secteur (mais pas forcément en France).
Plus globalement, il y a deux visions sur l’écosystème Fintech, avec d’un côté les Fintech régulées et de l’autre l’ensemble des projets innovants dans la finance. En France, nous sommes sur un nombre d’environ 400 Fintech et 700 projets innovants dans la finance.
Chez Finance Innovation, le Label permet d’identifier ces projets et de certifier de leur qualité : aujourd’hui, sur l’ensemble des projets labellisés depuis 10 ans, 75 à 80% des Fintech labellisées ont une pérennité de plus de 5 ans. Les Fintech restent des petites entreprises qui peuvent changer de business model, se faire racheter, ou encore se transformer en un projet PME. Parmi les labellisés, nous avons aussi des solutions créées par des entreprises qui par exemple favorisent l’intrapreneuriat en interne.

Quels sont les enjeux des Fintech en 2018 ?

Les sujets sont un peu différents de ceux des années précédentes. Nous avons dépassé l’opposition Fintech VS banques, pour aujourd’hui s’attarder sur des réflexions de collaboration. Si les banques permettent aux Fintech de bénéficier d’infrastructures, de relations institutionnelles et de base clients, les Fintech, en échange, apportent leur expertise digitale à travers un nouveau modèle de distribution : une stratégie gagnante pour les deux parties.
La nouveauté cette année est le développement de partenariats entre Fintech. En effet plusieurs Fintech cherchent à s’allier entre elles pour compléter leur offre et se rendre plus attrayantes auprès de prospects. C’est le cas des agrégateurs de comptes (Bankin’, Linxo, Budget Insight) qui proposent une brique de base sur laquelle se construisent de nombreux services : comptabilité automatisée, gestion de patrimoine, etc.
L’autre sujet important est l’application la DSP2 (Directive Européenne sur les Services de Paiement). Les enjeux sont nombreux pour les Fintech. L’obtention de l’agrément DPS2 leur permettra tout d’abord d’asseoir leur crédibilité et leur fiabilité en obtenant plus facilement la confiance de leurs utilisateurs. Par ailleurs, cette réglementation devrait permettre aux Fintech de conquérir de nouveaux marchés en élargissant leur périmètre d’action. En effet, la DSP2 réglemente aujourd’hui uniquement les comptes de paiement, mais on peut dès à présent anticiper que la prochaine réglementation permettra à ces établissements d’avoir accès à tous les types de compte (épargne, assurance-vie et crédit par exemple). Enfin, cette réglementation devrait à terme permettre d’aller plus loin en offrant aux Fintech la possibilité de créer de nouveaux services, notamment dans l’initiation de virements.

Une étude KPMG montre que 78% des français ne savent pas ce qu’est la Fintech. Comment peut-on démocratiser le secteur et le rendre plus intelligible ?

Nous restons dans un secteur de niche, et nous nous attachons véritablement à avoir une démarche pédagogique pour expliquer ce qu’est la Fintech et la finance et à évacuer des lieux communs de pensée. C’est la démarche que nous initions au travers des événements que nous organisons, des publications que nous réalisons, de nos partenaires académiques avec qui nous travaillons. Tous ont conscience que les discours sont souvent inaudibles et qu’il faut s’ouvrir plus à la société civile. Nouvelles technologies, finance verte, économie sociale et solidaire : l’innovation se trouve désormais à tous les niveaux de la société.

Quelle image l’étranger a de l’écosystème Fintech français ?

Excellente ! En effet l’écosystème français dispose d’atouts majeurs :

  • Marché porteur : de nombreuses Fintech étrangères s’installent en France
  • Cadre réglementaire très favorable à l’émergence de projets innovants
  • Dynamisme régional fort avec le réseau thématique French Tech Fintech
  • Pouvoirs Publics et régulateurs engagés : création du Forum Fintech par l’AMF et l’ACPR, passeport européen, etc.
  • Structures d’accompagnements efficientes dédiées : un incubateur (le Swave), un lieu d’échanges (La Place), une association professionnelle (France Fintech)
  • Venture Capital très investis dans les Fintech: New Fund, Truffle Capital, Xange, etc.
  • Evènements majeurs dédiés : Fin&Tech Community, Paris Fintech Forum , Fintech Revolution, etc.
  • Formations d’Excellence en data sciences délivrées par des centres d’excellence académiques (Ecole Polytechnique, Université Paris-Dauphine, HEC, ENSAE, etc.)

Et puis que dire du French way of life que le monde entier nous envie !

Est-ce qu’il y a des pays en particulier qui vous inspirent en matière d’actions Fintech ?

Nos Fintech n’ont rien à envier aux Fintech étrangères.
Néanmoins, n’hésitons pas à échanger des bons procédés et des good practices entre pays européens (Allemagne, Suisse, Luxembourg, Espagne, Royaume-Uni, Israël, Suède, etc.) et autres hubs internationaux (Singapour, Canada , Etats-Unis, Chine, Rwanda, Kenya, Maroc, etc.) afin de mieux travailler ensemble : l’intelligence collective est la clé de voûte de l’économie digitalisée !

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