Transformation

Mastercard et Nickel développent la carte bancaire inclusive LGBT+

C’est peut-être un détail pour vous, mais avoir un prénom ou une civilité mentionnée sur la carte bancaire qui ne correspond pas à sa personnalité peut constituer une souffrance. Nickel va proposer dès le mois de janvier d’indiquer le prénom de son choix sur sa carte bancaire. Ce petit rectangle que l’on sort plusieurs fois par jour peut devenir un outil inclusif. Explications sur le programme True Name engagé par Mastercard. 

La carte bancaire est un outil de paiement quotidien mais aussi de médiation entre client et commerçant. Et pour les personnes qui changent de genre, l’apparition d’une civilité ou d’un prénom peut susciter des réactions diverses et parfois désagréables. « Mastercard a le projet de proposer un moyen de paiement simple et sécurisé, à tous nos clients sur la planète, » rappelle Geoffroy Seghetti, directeur marketing de Mastercard en Europe de l’ouest. Il est aussi co-créateur de Pride, réseau d’employés Mastercard engagés sur la base du volontariat pour participer à une réflexion sur des sujets ciblés, tels que la représentation des personnes LGBT+. C’est déjà Geoffroy Seghetti  qui avait révélé les contours du programme True Name aux lecteurs de Finance Mag, le 2 juin 2021. « Lorsque la présentation de la carte sur une table de restaurant provoque du stress, de l’embarras voire une réaction violente, on n’est plus dans une solution de paiement simple et sécurisée. » 

Aucune démarche particulière

Si l’identité d’un client a besoin d’être garantie par un état civil complet dans le fichier d’un établissement bancaire , le fameux KYC, et ne peut être modifié qu’aux termes d’un jugement, la carte bancaire n’a nul besoin d’afficher ces éléments réglementaires. « La carte bancaire n’est pas un document officiel d’identité. Indiquer le prénom de son choix, sans avoir besoin d’attendre une décision de justice ou simplement parce que l’on préfère un autre prénom ne constitue pas une entorse réglementaire, » décode Marie Degrand-Guillaud, directrice générale chez Nickel, l’enseigne qui permet d’ouvrir un compte en cinq minutes sur le web, et qui a déjà conquis neuf millions de clients en France, à travers sept mille points de vente. 

« Nous avons déjà une démarche active auprès des clients interdits bancaires ou des personnes en attente de la nationalité française. Quand Mastercard nous a sollicités autour de la question LGBT+, nous nous sommes emparés du sujet au même titre que nous cherchons à lever les freins d’accès dans les parcours d’inclusion quels qu’ils soient, » retrace Marie Degrand-Guillaud. 

Concrètement, il n’y a pas démarche particulière ni de rendez-vous à solliciter avec quiconque. Le formulaire de renseignements à remplir sur le web ne comporte plus la civilité Monsieur ou Madame, et une ligne supplémentaire permettra de répondre à la question : quel prénom souhaitez-vous mentionner sur la carte bancaire ? 

Une liberté en plus

« Pour Mastercard, ce programme True Name ne consiste pas à pousser un nouveau produit de masse, » précise Geoffroy Seghetti. « Nous étions sponsors de la World pride de New York et de plusieurs marches à travers le monde. Nous avons voulu poursuivre la démarche sur le terrain, aller à la rencontre des associations militantes et comprendre les attentes. Sortir sa carte bancaire ne doit pas systématiquement renvoyer à son parcours ni le rappeler obligatoirement aux autres. D’autant que certains entament un parcours légal complexe, coûteux et long pour changer leur identité. D’autres ne l’entament jamais parce qu’ils n’ont pas le moyens, ou juste qu’ils n’ont pas envie. » 

C’est pour prendre en compte aussi librement que possible cette autodétermination que le programme True Name a été élaboré. « Nous ne sommes pas dans une démarche commerciale élaborée sur des données statistiques. L’idée est vraiment de penser à tout le monde et de servir tous nos clients de la même manière, » souligne Marie Degrand-Guillaud. Une prise en charge inclusive d’une communauté pas forcément très importante. « Nous sommes sans doute un peu en avance, avec ce qu’on croit être juste, poursuit Geoffroy Seghetti qui révèle qu’une récente enquête indique que plus de 5% de la génération montante pourrait s’identifier dans la non binarité. Et pour ceux qui ne comprennent pas l’utilité d’un tel programme ? «Il faut continuer d’expliquer que ça n’enlève rien à personne, ça ne fait qu’ajouter de la liberté. » 

Cyrille Pitois

Directeur des rédactions de Keyop Média. 30 ans d'expérience en journalisme économique, Ouest-France, Libération, Le Journal des Entreprises, AFP.

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