Transformation

Pourquoi il est urgent de réécrire l’histoire entre les femmes et l’argent ?

Mastercard a mené une étude sur les femmes et les finances. On pourrait croire que les choses ont changé. Il reste pourtant beaucoup à faire pour leur indépendance financière.

Que ce soit pendant les vacances ou à longueur d’années, les femmes sont très impliquées dans la charge financière de la vie quotidienne, tandis que les hommes préfèrent se consacrer aux investissements. C’est ce que révèle une récente étude menée par Mastercard pour qui l’égalité financière est encore un vaste sujet d’implication.

Finance Mag : Mastercard est une société de technologie du paiement. En quoi le sujet des femmes et de la finance vous intéresse ? 

Barbara Sessa, vice-présidente senior Mastercard et responsable produits grand public Europe.

Nous avons décidé de lancer une étude mais aussi avec le projet de poursuivre un travail à long terme sur ce sujet. Notre mission depuis 50 ans est de rendre chaque paiement plus facile et plus rapide. Nous espérons ainsi aller vers une économie plus inclusive et c’est notre mission d’inclure tout le monde. Les femmes qui représentent 52% de la population n’ont pas les mêmes opportunités que les hommes. L’égalité homme-femme est une question sociétale mais aussi plus basiquement de productivité. Si on se coupe de 52% de la population, comment prétendre travailler à l’inclusion ?

FM : L’argent et les femmes n’est-ce pas d’abord la question de la dépendance ou l’indépendance financière ? 

Barbara Sessa : Notre enquête le révèle : 71% des femmes affirment que pour elles, l’indépendance financière est une priorité absolue, mais 16% pensent encore que ce n’est pas possible d’arriver à une réelle parité, à l’égalité des chances sur le plan des finances. Au-delà du constat, la question est comment aide-t-on les femmes ? Sur le plan de l’égalité salariale, qui est le premier sujet sur lequel on peut intervenir, l’écart est de 12 à 19% selon les secteurs d’activité. Chez Mastercard, nous prenons l’engagement auprès de tous nos collaborateurs que pour 1 euro gagné par un homme il y a 1 euro gagné par une femme.

Ne pas s’arrêter de travailler sur l’égalité salariale

FM : Cette inégalité salariale est déjà identifiée depuis longtemps. Est-ce que ca signifie qu’on ne sait pas la résorber ?

Barbara Sessa : On a du mal à avancer mais on avance. C’est une question qui revient constamment et il ne faut surtout pas s’arrêter d’y travailler. L’intérêt de l’enquête est aussi de mettre en face de ces constats des données objectives que nous actualiserons chaque année pour mesurer l’évolution. 40% des femmes prennent en charge la totalité des dépenses de la famille tandis que les hommes financent les investissements. Ca veut dire quoi ? En cas de divorce, il ne reste à la mère de famille que les pots de yaourts ! Et quand vient la retraite, on a 40% de différence entre les revenus des hommes et ceux perçus par les femmes. Il est temps de donner aux entreprises, aux employeurs mais aussi aux banques, des outils pour repérer ces différences et adapter leur comportement.  

FM : Il n’est pas rare d’entendre que les femmes investissent moins parce qu’elles ont une aversion au risque.

Barbara Sessa : C’est juste complètement faux ! Les femmes connaissent le risque et sont aussi « early adopter » pour beaucoup de supports technologiques. Ce qui est vrai en revanche, c’est que si elles ont moins, elles investissent moins. Il est temps de changer cette histoire et de construire des programmes d’accompagnement, plutôt que de répéter des messages éculés.   

FM : Qu’entendez-vous par construire des programmes d’accompagnement ?

Barbara Sessa : Il y a un milliard d’individus à inclure dans le milieu financier. Ça laisse de beaux objectifs. Par exemple, Mastercard a créé un programme au Kenya pour favoriser l’inclusion financière par le micro-crédit auprès de commerçantes qui ne sont pas encore bancarisées. Elles achètent et elles vendent la marchandise tout en cash. En n’étant pas bancarisées, elles n’accèdent à aucun service financier, pas même au crédit, dans de bonnes conditions. Pour faire bien, faisons du bien, c’est notre ligne de conduite et le nouveau paradigme de la prospérité. En France, grâce à un partenariat avec la bourse Shine, nous avons soutenu trois projets en développement de sociétés à impact, portés par des femmes.

Nous avons tous besoin de modèles. Mastercard entend démontrer que c’est possible d’avancer sur ce chemin de l’égalité hommes-femmes et souhaite inspirer d’autres entreprises mais aussi des gouvernements. Un chiffre pour rappel : dans le monde, 2% du capital est détenu par les femmes, 98% par les hommes ! Un jour ça deviendra un non sujet. Ce sera une grande avancée. Mais il y a encore beaucoup à changer au travers de l’éducation en général et de l’école en particulier.

Cyrille Pitois

Directeur des rédactions de Keyop Média. 30 ans d'expérience en journalisme économique, Ouest-France, Libération, Le Journal des Entreprises, AFP.

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