Economie: pourquoi les voyants vont virer au rouge en 2023 ?

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C’était la semaine très attendue, peut-être la plus importante du calendrier de la prospective financière et économique, avec les réunions des banques centrales et les annonces faites à l’issue. Toutes marquent une forte volonté de relever les taux directeurs pour combattre l’inflation, au risque de provoquer une récession économique durable. Décryptage avec Reda Aboutika, chef analyste pour XTB, broker pour les investisseurs particuliers.  

Ce qu’on appelle les réunions des banques centrales sont en réalité des réunions périodiques du comité de politique monétaire (MPC) d’une banque centrale. Elles évaluent l’efficacité des politiques monétaires existantes au regard du climat économique. Dans chaque pays, la banque centrale est chargée de créer un environnement économique sain pour faciliter une croissance durable. Aux Etats-Unis comme en Europe, ces réunions se sont succédées toute la semaine, avant la trêve des confiseurs, créant un rendez-vous très attendu de tous les observateurs, pour essayer d’anticiper l’orientation économique et financière des premiers mois de 2023.

La crainte d’une récession aux Etats-Unis

Comme le marché l’avait anticipé, la Réserve fédérale américaine (Fed) a annoncé mercredi l’augmentation de ses taux directeurs de 50 points de base, dans la fourchette de 4,25 à 4,50%. L’inflation continue d’inquiéter le président du Conseil des gouverneurs de la Fed, Jerome Powell, ce qui laisse penser que la Fed n’exclut pas d’aller plus loin. « On a un marché du travail aux Etats-Unis qui reste très tendu. Cela se mesure au nombre de demandes d’allocations chômage qui reste bas. On va donc scruter les signaux envoyés par l’économie américaine dans les prochains mois pour anticiper la réaction des banquiers centraux », prévoit Reda Aboutika. « La Fed estime qu’elle n’a pas adopté une politique assez restrictive. Elle a tardé à réagir car elle prévoyait une inflation temporaire, alors que celle-ci s’inscrit dans la durée. Il n’y aura probablement pas de baisse des taux en 2023, ce qui est une grosse déception. La crainte, c’est que ces mesures destinées à combattre l’inflation ne viennent pousser l’économie dans une phase de récession. Les indicateurs disent que l’économie américaine ne va pas tomber dans une récession. Mais la crainte reste là.»

Une situation qui va immanquablement rendre les investisseurs particulièrement prudents. « Malgré le ralentissement de l’amplitude des hausses des taux, la Fed pourrait pousser à la récession alors qu’il y avait un peu d’espoir ces dernières semaines. » Les rapports mensuels sur le nombre d’inscriptions aux allocations chômage outre-Atlantique vont être particulièrement scrutées, le marché de l’emploi devenant un indicateur déterminant. « Le retour à davantage de chômeurs détendrait l’économie et pourrait influencer les décisions des banquiers centraux. » Curieuse mécanique d’une mauvaise nouvelle sur le plan social qui deviendrait une bonne nouvelle pour l’économie.

Le coût de l’énergie pèse plus fort sur l’Europe

En Europe la tendance est relativement parallèle. La Banque centrale européenne (BCE), banque centrale des 19 pays de la zone euro, a indiqué jeudi poursuivre également sa trajectoire de hausse des taux, pour la quatrième fois depuis juillet, à 50 points de base dans la fourchette de 2 à 2,5%. « Les débats ont été vifs. Mais la présidente Christine Lagarde a réussi à trouver un compromis entre les avis divergents, » relate Reda Aboutika. « Le ressenti est identique. Les banques centrales ont réajusté leurs prévisions et envoient le message fort qu’elles sont décidées à combattre l’inflation au risque d’une récession. Un message similaire, des caps identiques alors que les situations ne sont pas les mêmes aux Etats-Unis et en Europe. L’Europe est beaucoup plus exposée aux conséquences de la guerre en Ukraine et aux difficultés d’approvisionnement énergétique. »

Pour les ménages et les entreprises, le coût de l’emprunt va augmenter considérablement et la tendance va perdurer. « L’emprunt va rester élevé dans un contexte compliqué d’inflation, de transition écologique et d’augmentation des coûts de l’énergie, » décode Reda Aboutika. Les taux restrictifs ne vont pas favoriser l’investissement des particuliers et des entreprises. « L’économie européenne se retrouve dans une situation inconfortable avec le plafonnement du pétrole russe et l’incertitude sur les importations de gaz naturel. »

La situation en Chine finit d’assombrir le tableau. « On a eu une lueur d’espoir avec l’assouplissement de la politique zéro covid. Malheureusement le retour des infections prolonge l’incertitude sur l’économie chinoise et peut venir accélérer la récession. Sur le court terme, force est de constater que nos économies occidentales restent très dépendantes de la Chine. » La touche d’optimisme ne vient pas du marché des cryptomonnaies qui reste en repli.

« Les voyants sont au rouge. Les bons signes viendront peut-être d’une évolution du marché du travail américain au premier trimestre et d’une fin de la guerre en Ukraine. » Sur ce dernier point, aucune perspective précise à l’horizon.

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