Enterprise Ethereum Alliance, L'Empire Et Alors ?

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Une dizaine de jours se sont écoulés depuis l’annonce de la Belle Alliance pour la Blockchain, ce regroupement d’une trentaine d’entreprises, qui, chacune dans son secteur d’activité, sont autant de géants – JPMorgan ChaseMicrosoftIntelAccentureCisco, Banco SantanderBPCredit SuisseUBSBBVAING etc.
Si peu d’annonces propres à détailler le caractère opératoire de l’alliance ont depuis suivi, les spécialistes s’accordent à considérer ce regroupement comme une date marquante de la révolution blockchain annoncée.
« Une étape clé » reconnaît Clément Francomme, observateur avisé des blockchains, casquette qui se double de celle de fondateur et CEO d’Utocat, une startup qui a levé 500 000 euros en septembre 2016 pour développer son API Blockchainiz.
« Ce qui est intéressant dans le groupement qui s’est mis en place, c’est la présence d’acteurs qui exercent des métiers différents. Des regroupements préexistent, certes, comme R3 CEV ou Hyperledger Project, mais ils restaient purement catégoriels. La nouveauté avec EEA, c’est que cette alliance va au-delà des intérêts catégoriels. Ici, l’intérêt commun diffère de celui de chacun. »
Derrière l’objectif affiché de développer la sécurité, la confidentialité et la souplesse de la blockchain Ethereum, Clément Francomme y voit l’ambition de créer « une blockchain reconnue et utilisable par tous », y compris dans les différents métiers des entreprises signataires.
 

Cette initiative EEA ne vise-t-elle pas à créer une norme de blockchains, un nouveau standard ?

« Je pense qu’EEA développe une norme empirique, qui a le mérite de s’appuyer sur l’équipe Ethereum. Ce sont eux qui ont la main sur les orientations. C’est une bonne nouvelle car cela signifie que la politique » ou les intérêts catégoriels ne devraient « pas court-circuiter la démarche. »
Signataire du regroupement, Ethereum serait en quelque sorte la caution morale d’un assemblage d’entreprises pour le moins hétéroclites.
« Ethereum propose une technologie aux orientations neutres. Derrière son développement, il y a des usages qui bénéficieront à tous. D’autres acteurs extérieurs au regroupement vont pouvoir bénéficier des avancées d’EEA. Cela permettra d’améliorer le réseau Ethereum public tel qu’il existe aujourd’hui. À la différence des autres alliances qui ne font pas progresser la communauté blockchain. »
 

N’est-il pas permis de douter des intentions purement altruistes de géants industriels aussi monumentaux que JP Morgan, Microsoft ou Intel ?

« Dans le cadre de EEA, ils vont devoir mettre de côté leurs intérêts catégoriels (…) au profit de briques utilisables par des acteurs extérieurs. L’objectif d’Ethereum est de créer un réseau utilisable par tous. Alors, peut-être que seulement 10 % de ces briques serviront à faire avancer les projets communs mais c’est toujours plus que les autres initiatives, qui n’ont pas intégré cet objectif. »
Mais n’est-ce pas là plus un vœu pieu qu’une véritable garantie ? Pour Clément Francomme, la garantie vient de ce qu’« une fois regroupés, l’aspiration devient collective car les acteurs sont multi-sectoriels. » De plus, EEA s’appuie sur la technologie Ethereum, dont ils ne sont pas les géniteurs mais qui préexiste. « Ce double intérêt fait de ce regroupement une alliance prometteuse » veut croire notre expert.
 

L’EEA, chevalier blanc d’une blockchain dénuée des intérêts catégoriels ?

On a du mal à y croire. Regardons pourtant de plus près les objectifs affichés par le consortium : « la vie privée, la sécurité, la mise à l’échelle du réseau ». Car c’est un fait, « le réseau Ethereum, en l’état actuel, n’est pas capable de gérer la volumétrie mondiale des opérations passées par ce type d’acteurs. Or l’une des pistes avancées par Ethereum est la possibilité de créer des sous-réseaux » à destination des intérêts catégoriels. « C’est une approche consortium privative. Cette approche ne peut que séduire signataires d’EEA. Je pense de mon côté », observe Clément Francomme, « qu’une dilution en sous-réseaux diminue le pouvoir certifiant du réseau global. » Et de s’interroger : « si la conformité de l’information n’est pas recherchée, alors pourquoi utiliser une blockchain ? »
À ce stade de l’histoire, les apprentis « blockchainers » que nous sommes sont pour le moins circonspects. En quoi au juste le sous-réseau proposé dénaturerait la chaîne de confiance ?
En réponse, Clément Francomme fait œuvre de pédagogie : « aujourd’hui sur un réseau blockchain, si on souhaite modifier une information, c’est en théorie impossible. Mais il existe en pratique un mécanisme de consensus qui permet aux acteurs d’un même réseau de réécrire l’histoire. »
En d’autres termes : de s’accorder à la majorité pour entériner une fraude.
« Il est plus facile de s’entendre dans une chaine où les acteurs partagent un même intérêt catégoriel » poursuit Clément Francomme. « Prenez un réseau dans lequel les acteurs ont un métier identique, il se crée inévitablement des intérêts de groupe qui ne vont pas forcément dans le sens d’un bon fonctionnement général de la blockchain. La somme des intérêts peut être de se mettre d’accord pour modifier histoire ».
À l’inverse, « si les acteurs d’un même réseau ont des volontés et des métiers différents et que leur seul dénominateur commun est la bonne conduite de la blockchain concernée, alors les risques d’entente frauduleuse sont évacués ».
 

Eureka, j’ai compris !

De ce point de vue, EEA va donc dans la bonne direction ? « C’est en tout cas une bonne transition vers ce qui pourrait devenir une blockchain publique » avance notre spécialiste.
Une blockchain publique, qui œuvre au bien collectif et adopte un processus d’open source ? Avec des acteurs comme JP Morgan, Intel ou Microsoft ? Vraiment ?
« Microsoft a changé de CEO il y a trois ans » rappelle Clément Francomme. Satya Nadella, qui préside désormais aux destinées de l’Empire, « a opéré un virage à 360 degré. Leur approche vis-à-vis de l’open source est beaucoup plus bienveillante. Ils ouvrent désormais largement leurs bases de code. »
Pour Clément Francomme, « cette stratégie légitime leur contribution à » cette Belle Alliance pour la Blockchain.
 
Si même l’Empire cherche à contribuer au bien public, où va-t-on ?

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