Sur la liste de Yale, ces banques qui tardent à quitter la Russie

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L’équipe d’étudiants et de chercheurs du professeur Jeffrey Sonnenfeld de l’Université de Yale (Etats-Unis) recense les décisions des entreprises internationales à propos de leurs implantations en Russie. Devenue virale, cette liste impacte les opinions publiques et influence les décideurs. Très engagée en Russie à travers le réseau Rosbank, la Société Générale est particulièrement sous pression.  

Dès les premières heures du conflit en Ukraine, l’université de Yale a commencé à dresser une liste des 400 entreprises internationales qui ont annoncé leur retrait de Russie. Et à repérer aussi celles qui ne changeaient rien. En débutant ce travail, le professeur Jeffrey Sonnenfeld, qui est souvent consulté par les patrons américains sur les questions sociales, ne mesurait sans doute pas l’impact qu’allait avoir cette liste.  «Rien dans son travail n’a jamais autant retenu l’attention des chefs d’entreprise, des médias ou de l’opinion publique que l’inventaire qu’il tient des entreprises qui ont rompu les liens avec la Russie,» relève Tracy Jan dans le Washington Post.

Pas de sanctions efficaces sans soutien du monde économique 

Jeffrey Sonnenfeld a confié dans une interview à BBC News, que « le but est d’aider les entreprises à travailler de concert avec les gouvernements qui ont imposé des sanctions économiques. Les sanctions réussissent rarement seules. Elles ont besoin du soutien du monde des affaires pour vraiment paralyser une économie. Le retrait des entreprises d’Afrique du Sud dans les années 1980 a contribué à faire tomber l’apartheid, » cite l’universitaire en exemple. 

Cette liste ne comportait à l’origine que deux catégories : les entreprises qui se retiraient et les entreprises qui restaient en Russie. Au fur et mesure de sa mise à jour heure par heure, les universitaires ont décidé d’inventorier les entreprises selon cinq catégories. Le niveau le plus radical concerne celles qui interrompent tous leurs engagements et se retirent totalement de la Russie. Dans cette catégorie, on trouve la Nouvelle Banque de Développement et la banque chinoise ICBC. 

La Société Générale parmi “celles qui ignorent les consignes”

Une deuxième catégorie réunit les entreprises qui se retirent tout en préservant leur retour. On y trouve Mastercard, Visa, American express, la Deutsche Bank ou la Bank of China, aux côtés de Renault ou Ikéa. Dans la troisième catégorie figurent les entreprises qui réduisent certaines activités commerciales mais en maintiennent d’autres, comme Allianz, les Américains JP Morgan, Goldman Sachs ou HSBC ou le Néerlandais ING. 

Une quatrième catégorie réunit celles qui cherchent à gagner du temps en retenant ou reportant les investissements tout en poursuivant les activités engagées. On y trouve peu d’institutions financières.   

Enfin, la cinquième catégorie listant celles qui ignorent, à ce stade, toute consigne de retrait, compte 36 entreprises. Les enseignes Auchan, Leroy-Merlin ou Décathlon pour les plus médiatisées. Mais aussi dans le champ de la finance, le Crédit suisse, l’autrichienne Raiffasen bank international, l’assureur américain FM Global et la Société Générale. 

Plus complexe que de fermer un magasin de sacs à main

La banque française emploie en Russie 12 000 personnes dans 230 agences sous l’enseigne Rosbank. Interrogée par Finance Mag, la Société Générale assure « respecter de façon rigoureuse les réglementations en vigueur et mettre en œuvre les mesures nécessaires pour appliquer les sanctions internationales. La conduite des activités en Russie et l’accompagnement des clients historiques sont menés avec prudence et sélectivité. Nous sommes une banque responsable qui cherche à faire au mieux mais ce n’est pas simple. » C’est notamment ce réseau de banque de détail, Rosbank, avec des clients particuliers ou professionnels qu’il est difficile de rayer d’un trait de plume. « Il y a des financements d’entreprises, des prêts bancaires pour des voitures ou des logements qui sont en cours. C’est beaucoup plus complexe que de fermer un magasin de sacs à main ou un restaurant de sandwichs! » relève un cadre de la Société Générale.   

Rosbank s’est engagée dans l’économie russe en contribuant à un prêt de 1,2 milliard d’euros au crédit du géant minier Uralkali. Elle a aussi financé des projets urbanistiques à Moscou à hauteur de 850 millions d’euros, selon Libération. Ce qui met la banque française sous pression des opinions publiques occidentales. Dès le 3 mars, la Société Générale évoquait dans un communiqué le scénario d’une expropriation, en chiffrant l’impact sur ses fonds propres à 1,8 milliard d’euros

Crédit Agricole et BNP Paribas beaucoup moins engagés

La position est d’autant plus délicate que le Crédit Agricole et BNP Paribas se sont retirés, quelques heures avant l’intervention de Volodymyr Zelinsky devant les députés français pour tancer ces entreprises qui financent la guerre menée par les Russes. Le Crédit Agricole a précisé le 22 mars avoir cessé dès le début du conflit tout nouveau financement à des entreprises russes et toute activité commerciale dans le pays depuis le début du conflit. En Russie, sa filiale CACIB emploie 170 collaborateurs et n’exerce aucune activité de banque de détail. Elle a réalisé l’an dernier un résultat après impôt de 3,7 millions d’euros.

Quelques heures plus tôt, la première banque de la zone euro, BNP Paribas indiquait sa décision «de suspendre tout nouveau financement et, dans un second temps, de suspendre tout nouveau projet en Russie. »  Les clients de la filiale BNP Paribas ZAO sont informés que leurs demandes de transactions ne seront plus traitées à partir de la fin mars.

«BNP Paribas avait déjà réduit sa présence en Russie au cours des dernières années en mettant fin à ses activités de banque de détail en 2012 et à ses activités de crédit à la consommation en 2020. BNP Paribas était déjà la moins active des banques étrangères opérant dans le pays», indique l’institution.

A ce jour, la Société Générale est la seule banque confrontée à une situation aussi complexe. Elle risque de perdre gros après des années d’efforts à pousser ses pions en Russie. “C’est une crise géo politique hors norme” a indiqué le directeur général, Frédéric Oudéa, devant les représentants du personnel. Comprendre: totalement imprévisible. 

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