Comment une petite taxe sur les transactions financières aurait un fort impact sur le climat?

Contenu sponsorisé

Share on twitter
Twitter
Share on linkedin
LinkedIn

Le projet de Taxe sur les Transactions Financières (TTF) vise à reverser l’argent collecté à des fonds de solidarité. Le député européen Pierre Larrouturou, fervent promoteur de cet impôt, espère faire entendre sa cause avant le Sommet pour le climat voulu par l’Elysée, les 22 et 23 juin prochains en amont de la COP 28. L’Europe y est plutôt favorable. La France pas du tout.

Taxer 0,1% sur les transactions financières, et 0,01% sur les produits dérivés, à l’échelle européenne pourrrait rapporter 57 milliards d’euros par an. Le projet de la Taxe sur les Transactions Financières (TTF), jugé utopique par certains, et idéal pour d’autres, fait de plus en plus débat. Parmi ses plus fervents avocats, Pierre Larrouturou, député européen au sein du Groupe de l’Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates. Il argumente dans la perspective du sommet pour un nouveau pacte financier mondial, qui se déroulera à Paris le 22 et 23 juin prochains.

Inspirée par la taxe Tobin, qui visait à taxer les transactions monétaires internationales, la TTF ambitionne de réguler les échanges d’actions sur les marchés financiers. Cette taxe existe déjà en France depuis 2012, à hauteur de 0,3% sur les opérations de ventes d’actions. Elle concerne toutes les entreprises dont le siège social se situe en France, et dont la capitalisation boursière excède le milliard d’euros. Pierre Larrouturou, comme d’autres, souhaitent que cet impôt soit renforcé. Et appliqué tel que José Manuel Barroso, alors président de la Commission européenne, l’avait proposé en 2011. “Elle ne concerne que 1 % des volumes des actions des grands groupes. Donc seulement 1 % des transactions. Et elle a rapporté quand même 1,6 milliard l’an dernier !”, affirme Pierre Larrouturou. “Même les plus pauvres paient 5,5 % de TVA. Mais aujourd’hui, sur les marchés financiers, c’est 0,0.”

Un projet qui fait “très largement consensus”

L’idée de taxe fait “très largement consensus” au sein de l’Europe, selon le député. Mais la France fait barrage. Une situation incompréhensible pour le militant, alors que le sommet pour le climat, voulu par Emmanuel Macron, approche. Durant deux jours, cette rencontre avec les pays les plus vulnérables, aura pour but de trouver de nouveaux mécanismes de financement afin d’aider ces derniers à faire face à la crise climatique. “Cela fait très longtemps que les pays du Sud demandent de l’argent, pour dédommager les dégâts du drame climatique”, explique le député.

“Pour le moment, il n’y a pas d’argent sur la table. Et on risque une catastrophe diplomatique si on fait venir tous les dirigeants des pays du Sud à Paris, juste pour du blabla”, affirme-t-il. “En septembre dernier, à l’issue du sommet de Rotterdam sur les politiques d’adaptation en Afrique, quatre chefs d’État ont fait une déclaration commune pour dire: Nous nous sentons humiliés. Nous avons fait des heures d’avion pour venir en Europe. Et il n’y a pas un euro sur la table”. En février puis en mai dernier, le Parlement Européen a voté deux résolutions visant à presser 10 états membres, dont la France, à appliquer cette taxe.

Du concret pour le climat et contre la crise sociale

Cette taxe servirait en effet à aider la population qui, selon Pierre Larrouturou, fait aujourd’hui face à deux urgences : la crise climatique et la crise économique qui se profile. L’argent récolté grâce à la TTF servirait à financer des projets en lien avec ces deux problématiques. “Si on veut rattraper le temps perdu, il faut trouver 800 milliards privés et publics. Par exemple pour la rénovation thermique”, explique l’élu, qui souhaiterait que des subventions à hauteur de 75% soient accordées pour ces dernières. ” Une vraie rénovation c’est 40 000 euros. On ne pourra jamais les rendre obligatoire s’il n’y a pas d’aides […] Il faut donc des subventions massives, pour l’agriculture, pour les transports communs… Il faut trouver de l’argent”. La TTF servirait également à mener des recherches climatiques en Europe et dans les pays du Sud, et ainsi à créer des emplois. “Si on prend au sérieux la question du climat, rien qu’en France, on peut créer 900 000 emplois”, affirme l’élu. “Et j’espère que l’on va mettre de l’argent pour éviter les délocalisations. On annonce 150 000 suppressions d’emplois dans l’industrie française  dans les années qui viennent, ce serait une catastrophe”.  

La TTF serait portée par le Parlement Européen et la Commission Européenne. “Avec 0,1% sur toutes les actions et les obligations, et 0,01 sur les produits dérivés, c’est tout petit mais à la fin de l’année, ca fait 57 milliards. Cette somme est de nature à faire écho aux 360 milliards d’aides que les Américains mettent sur la table pour le climat. Si nous ne faisons rien, il y a un risque très important de délocalisations de certaines industries de l’Europe vers les Etats-Unis”, affirme-t-il.

Share on twitter
Twitter
Share on linkedin
LinkedIn

La newsletter

Abonnez-vous à notre newsletter, pour ne rien rater des grandes tendances et des transformations du secteur !