Thomas Cazenave, le visage derrière l’austérité

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Dans le contexte de la politique d’austérité initiée par le gouvernement, un ministre se charge aujourd’hui des annonces de réductions budgétaires drastiques, notamment sur des thématiques comme l’écologie ou la solidarité. Ce visage des économies budgétaires, c’est Thomas Cazenave, ministre délégué chargé des comptes publics, passionné de finance et fidèle du clan Macron. Il a accordé une interview exclusive à Finance Mag.


Finance-Mag : Le dernier remaniement semble s’être déroulé dans la douleur pour certains, de votre côté vous avez été reconduit dans la fonction de Ministre chargé des comptes publics qui était la vôtre depuis juillet dernier, que s’est-il vraiment passé en coulisses ? Est-ce que votre longue amitié avec Emmanuel Macron a été déterminante ?

Je suis heureux d’avoir été reconduit ministre délégué chargé des Comptes publics car ce portefeuille me passionne et les chantiers sont nombreux. Je ne sais pas ce qui a été déterminant mais je crois avoir prouvé ma volonté de faire avancer les sujets, comme je le fais depuis juillet. J’ai profité de la période pour reprendre à 100% ma deuxième casquette : celle d’élu local à Bordeaux. Cela a été l’occasion de reprendre le pouls des forces vives de Bordeaux et de travailler dans le cadre du conseil municipal et métropolitain.


Comment s’organise aujourd’hui votre portefeuille et quelles sont vos relations avec Bruno Le Maire, autre indétrônable ?

Ma priorité numéro une, c’est la bonne gestion des finances publiques, de l’argent des Français ! Nous savons que le contexte international est marqué par des changements majeurs : le ralentissement économique en Chine, la poursuite de la guerre en Ukraine, les tensions géopolitiques au Moyen Orient, ont un impact sur notre activité économique. Ce ralentissement touche tous les pays, y compris nos partenaires européens. Ainsi, nous avons dû prendre une décision rapide et inédite, celle de retirer 10 milliards d’euros du budget de l’année 2024. C’est une décision importante mais indispensable pour ne pas laisser partir nos finances publiques à la dérive. Chacun est en mesure de comprendre que lorsqu’il y a moins de recettes, il doit y avoir moins de dépenses et là-dessus, l’Etat montre l’exemple. Les crédits annulés ne les sont que sur des dépenses de l’Etat.

Ensuite, il y a bien sûr d’autres aspects dans mon portefeuille et notamment celui de la lutte contre toutes les fraudes. Certains diront qu’il faut augmenter les impôts, je pense qu’il faut déjà s’assurer que tous ceux qui doivent en payer s’acquittent de leur dû ! La lutte contre les trafics est dans mon viseur également. J’étais la semaine dernière au Havre pour annoncer des mesures supplémentaires dans le cadre de la sécurisation de nos ports, où convergent une grande partie de la drogue qui circule ensuite dans le pays.

De même, nous luttons contre la contrefaçon. A ce titre, ces premières semaines ont été l’occasion de présenter avec la Douane un plan d’action pour les deux prochaines années. La contrefaçon est au cœur de nos priorités car au-delà du fléau sanitaire et sécuritaire que représente ce trafic, c’est aussi un fléau économique et un manque à gagner pour nos entreprises qui respectent nos normes et payent leurs impôts et qui voient leurs savoir-faire bafoués.

Avec Bruno Le Maire, nous sommes particulièrement investis sur tous ces sujets et nous travaillons dans la confiance et le dialogue au quotidien. C’est un immense avantage de pouvoir s’appuyer sur ses sept années d’expérience à la tête de Bercy et qui ont permis à notre économie d’obtenir de très bons résultats.


Vous n’aviez eu que quelques mois pour contribuer à la loi de finances pour 2024, adoptée avec un 49-3, au cœur de 23 autres 49-3 sur les questions budgétaires, cette loi portait-elle déjà votre patte ?

Bien sûr ! Si les lois de finances se préparent tout au long de l’année, j’ai tenu à recevoir tous les parlementaires afin de trouver des sujets communs sur lesquels discuter et avancer ensemble, lors des Dialogues de Bercy. En tant que Ministre chargé des Comptes publics, je suis à la manœuvre pour étudier les amendements et les différentes propositions des parlementaires. Concernant l’utilisation du 49-3, nous n’avions pas le choix : il faut doter le pays d’un budget et toutes les oppositions avaient déjà annoncé qu’elles voteraient contre notre projet. Les Français peuvent comprendre que les oppositions ne votent pas le budget mais ils ne comprendraient pas que nous n’ayons pas de budget.

Déplacement en Aquitaine / Photo : Gezelin Gree


Est-ce qu’il faudra voir dans le projet de loi de de finances pour 2025 un peu plus de cette patte personnelle, ou bien essentiellement les orientations politiques du Président et du Chef du Gouvernement ?

Je souhaite pour le projet de loi de finances 2025 que nous adoptions une méthode différente. Le travail sur le budget 2025 doit démarrer dès aujourd’hui. Avec les parlementaires, de la majorité comme de l’opposition, je souhaite que l’on prenne le temps de travailler, en amont, sur les sujets que nous aurons à porter dans le PLF. C’est un engagement que je prends : l’Assemblée et le Sénat doivent être associés comme jamais auparavant à la construction du budget. Je ne sais pas si c’est ma patte, mais c’est en tout cas la méthode que je prône. Et j’espère qu’elle permettra des échanges bien plus apaisés avec notre Parlement lors des débats en hémicycle.


Le gouvernement a entamé les annonces en lien avec la cure d’austérité budgétaire, et surpris avec des économies dans des secteurs comme l’écologie qui avaient été pourtant érigés en priorités. C’est vous qui avez fait l’annonce ou justifié la plupart de ces mesures, est-ce à dire que vous assumez leur paternité ?

Je veux le dire avec beaucoup de force : rien dans ces 10 milliards d’euros ne ressemblent de près ou de loin à une cure d’austérité. C’est une décision prise dans un contexte où nous avons dû réviser, comme c’est le cas pour tous nos partenaires européens, notre prévision de croissance. Moins de croissance, c’est moins de recettes et il faut donc dépenser moins.

Sur l’écologie, encore une fois, nous n’avons renoncé à aucune de nos ambitions. Le budget de la rénovation énergétique des bâtiments, à travers Ma Prime Rénov’, reste en hausse de 800M€. Et toujours en 2024, ce sont 40 milliards d’euros de dépenses en faveur de la transition écologique, avec une hausse de 8 milliards d’euros entre 2023 et 2024, ce qui est le plus haut niveau historiquement jamais atteint.

J’assume totalement ces mesures et j’en suis solidaire au même titre que tous les membres du Gouvernement puisque chaque ministère a été mis à contribution.


Le Fonds Vert pour la transition des collectivités locales et l’aide au développement pour les pays les plus pauvres font partie des cibles des coupes budgétaires d’austérité, le message de la priorité donnée à l’écologie et à l’impact reste-t-il lisible ?

Oui ! L’aide publique au développement a plus que doublé entre 2017 et 2023, pour atteindre 14 milliards, nous retirons 740 M€ millions sans renoncer à notre engagement en faveur de l’Ukraine ou du Moyen-Orient. S’agissant du « fonds vert », nous ajustons les crédits de 430 M€ mais nous maintenons 2 milliards d’euros au service des collectivités territoriales. Mais ce n’est pas parce qu’on ajuste un dispositif qu’on renonce à notre ambition écologique ! Au total, entre 2023 et 2024 ce sont plus de 8 Mds d’euros supplémentaires en faveur de la transition écologique.


En dehors des finances publiques, vous avez toujours eu un intérêt personnel pour le secteur plus large de la finance, intérêt partagé avec Emmanuel Macron, qu’est-ce qui dès 2024 va changer dans ce secteur ? Et que rêveriez-vous de mettre en place pour 2025 ?

L’action du Président de la République et de Bruno Le Maire ont permis à la France de devenir le pays européen le plus attractif pour les investissements étrangers et nous avons su tirer parti du Brexit pour attirer les capitaux en France. Pour les prochaines années, il faut poursuivre dans cette voie. Dès le printemps prochain, Bruno Le Maire présentera un projet de loi pour aller encore plus loin pour renforcer cette attractivité et faire de la France la grande place financière qu’elle mérite d’être.

Thomas Cazenave, Ministre delegue charge des Comptes publics lors de sa visite sur un point de controle douanier à biarritz.


La taxe de 1% sur le rachat d’actions, évoquée par Emmanuel Macron il y a un an, et pourtant exclue de la loi de finance 2024, pourrait-elle refaire son apparition ?

Rappelons qu’une taxe existe déjà : c’est la taxe sur les transactions financières qui frappe les achats d’actions à hauteur de 0,3 %. Elle a rapporté plus d’un milliard d’euros en 2023 et soutient notre politique d’aide au développement. Rappelons aussi que nous nous battons depuis plusieurs années pour que cette taxe puisse s’appliquer au niveau européen.

A l’automne, nous sommes allés plus loin, pour éviter que l’augmentation des rachats d’actions ne conduise à déformer le partage de la valeur au sein de l’entreprise. C’est pourquoi nous avons prévu qu’en cas de rachat d’actions, une entreprise doive également augmenter le montant qu’elle distribue à ses salariés au titre de la participation ou de l’intéressement.


Les secteurs de la finance verte ou de la finance à impact semblent particulièrement en vogue en ce moment, mode passagère ou mutation progressive, quelle est votre opinion ?

Face à la crise climatique, tous les secteurs doivent s’adapter. Nos services publics le font, nos industries le font, nos entreprises le font et je crois que la finance doit le faire aussi. Et en parallèle, on assiste à une quête de sens, avec une génération qui réfléchit à la façon dont l’économie peut être plus vertueuse et c’est le sens de l’impact.  J’encourage et je salue toutes les initiatives qui vont dans cette direction, je crois qu’il faut les soutenir et je sais qu’il y a un écosystème très foisonnant à Bordeaux autour de ces enjeux, c’est une fierté pour notre ville !


Quel est votre agenda pour ces prochaines semaines et faut-il s’attendre à de nouvelles annonces ?

Au-delà de nouvelles annonces, il faut bien comprendre que nous sommes face à une nouvelle donne économique qui nous appellent à la responsabilité en matière de finances publiques, c’est indispensable si l’on veut être en mesure de préparer l’avenir et de s’armer face aux crises. Nous avons vu ces dernières années qu’elles peuvent être nombreuses.


Vous prenez souvent la parole depuis votre fief de Bordeaux, faut-il y voir un soutien aux politiques de décentralisation ou un agenda politique local ?

Je suis Bordelais et je reste Bordelais ! Je n’ai jamais délaissé Bordeaux et je ne compte pas commencer aujourd’hui. Je crois que pour être un bon ministre, il faut se nourrir des retours du terrain et quand on a un ancrage local fort, c’est normal que les retours viennent de là. C’est aussi cela le rôle d’un ministre de terrain.

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