La chine à l’assaut des fintechs

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Qui aurait pu croire que le paiement en ligne en Chine a trouvé son essor il y a plus d’une quinzaine d’années grâce aux jeux vidéo online? Comme chacun sait, les chinois ont été des pionniers dans les jeux vidéo avec une demande et une offre exponentielles depuis leurs créations. Quand internet a remplacé les supports DVD par le téléchargement, les éditeurs ont dû monétiser leurs jeux et la problématique s’est imposée d’elle-même sous peine de mettre la clé sous la porte : Comment faire payer les utilisateurs ?

Un palliatif à la déficience du système bancaire

Le système bancaire chinois alors présentait de fortes déficiences par rapport aux normes occidentales, retard qui est loin d’être actuellement comblé. 20% des adultes chinois, par exemple,  n’ont toujours  pas de compte en banque. Le taux de pénétration de cartes de crédits est ridiculement bas : 0.29 carte par habitant, comparé à 3.3 cartes par habitant à Singapore. Enfin la pénétration fulgurante d’Internet (en juin 2016, plus de 700 millions de chinois étaient connectés, soit plus que l’Europe et les USA réunis !) a rapidement laissé la porte grande ouverte aux « third party payment companies », ces compagnies spécialisées dans le paiement en ligne. Les géants du secteur se sont rués vers cette manne. Ainsi, Jack Ma, fondateur d’Alibaba en 1999 dans un appartement de Hongzhou, créa Alipay en 2004, filiale exclusivement dédiée au paiement en ligne (aujourd’hui renommée Ant Financial). Ce qui nous rappelle étrangement le développement de Paypal… À la différence près qu’Alipay est trois fois plus gros que Paypal, en terme de volume de paiements, et qu’Alibaba représente deux fois Amazon.

Un développement vertigineux et une offre élargie

Les chiffres donnent le vertige : le concurrent d’Alibaba, Tencent, via son système de paiement Tenpay et sa messagerie instantanée Wechat, a mis au point, pour la nouvelle année chinoise en 2014,  une fonction innovante, appelée « Lucky Money »: elle permet aux utilisateurs de s’envoyer de l’argent au moyen d’une « enveloppe rouge » virtuelle, qui s’inscrit dans la continuité de la célèbre tradition. De 10 millions d’utilisateurs en 2014 avec 40 millions de « Red Envelopes » envoyées, ces chiffres ont littéralement explosé : durant les 6 jours qu’ont duré la nouvelle année chinoise, soit du 27 janvier au 1er  février 2017, Wechat a enregistré 46 milliards de transactions (les fameuses Red Envelopes), soit plus de sept fois les 6.1 milliards de transactions enregistrés par Paypal durant toute l’année 2016 ! Du reste, la plateforme Wechat fournit une multitude de services : appel audio, appel vidéo, envoi de photos, commande de taxi (grâce à l’intégration de Didi Taxi, l’équivalent de Uber), paiement de factures, ouverture de shop virtuel.

L’aspect global de l’offre des Fintechs chinoises

Les trois géants de l’Internet en Chine, Baidu, Alibaba et Tencent (les BAT) sont par bien des points en avance sur les GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon). A eux seuls, Alibaba et Tencent possèdent respectivement 33% et 10% des paiements en ligne en Chine. A titre de comparaison, les GAFA n’en possèdent guère plus de 2% ou 3% aux USA. Ceci est largement dû au fait que le système bancaire est extrêmement développé aux USA, alors qu’en Chine, les BAT ont pris « le relai » des banques dans l’offre financière. D’autant qu’ils peuvent puiser largement dans leur bassin de clientèles afin de proposer leurs services : plus de 500 millions d’internautes chinois consomment des produits financiers. Les Millenials (nés entre 1980 et 2000) ne passent plus par la case banque pour consommer des produits financiers. De plus en plus de chinois sont prêts à confier leur argent à des sociétés non bancaires : de 35.1% en 2007, la part des internautes qui font confiance aux fintechs pour gérer leur argent est passé à 54.5% en 2015.

L’avantage décisif : le client final

Dès 2013, la Chine a adopté une régulation qui supporte le développement des Fintechs.
Alibaba s’est ainsi appuyé sur son succès dans l’E-commerce afin de développer un empire financier. Pratiquement toute la panoplie des produits est offerte : Alipay (paiement en ligne),  Yu’e Bao (premier fonds de placements chinois), Zhao Cai Bao (plateforme proposant des produits tels que prêts aux particuliers ou aux porteurs de projet), Ant Micro Loan (Prêts aux PME), Sesame Credit (base d’information et agence de notation), MyBank (banque en ligne). Le développement s’opère aussi à l’international avec une prise de participation dans la plus grosse société indienne de portefeuille électronique (digital wallet) PayTM.
Le nouveau défi que relève Alibaba est dans le BigData. Fort des milliards de données récoltées par l’écosystème auquel participent les internautes chinois, Jack Ma compte bien tirer profit de cette gigantesque base de données. N’a-t-il pas lui-même publiquement déclaré que son Big Data pourrait démasquer les pickpockets dans le métro !

Quid des banques traditionnelles ?

Elles essaient tant bien que mal de ne pas se faire distancer, en s’appuyant sur leurs forces historiques : gestion du risque, partenariats stratégiques avec l’Industrie, ainsi que des succursales bien implantées dans les grandes villes. Cette stratégie de repli semble néanmoins nettement insuffisante. En effet, les BAT (Baidu, Alibaba et Tencent) ont, à la différence de leurs équivalents US, dépassé le tipping point : ces entreprises possèdent en effet  maintenant plus de clients que les grandes banques. Or l’acteur gérant la relation avec le client final sort généralement gagnant dans le monde de la digitalisation. Les Fintechs chinoises ont un bel avenir devant elles.

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