Cryptos: pourquoi il faut obligatoirement réguler?

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Yuzu, la plateforme française prestataire de services sur actifs numériques (PSAN) veut construire la finance de demain en prenant en compte les enjeux écologiques d’aujourd’hui. Clément Coeurdeuil, son co-fondateur, livre son analyse au terme d’une année qui a particulièrement secoué l’univers des cryptomonnaies et de la blockchain. Il préconise un renforcement de la réglementation. 

FinanceMag : La crise des cryptomonnaies implique-t-elle une crise de la blockchain ? 

Clément Coeurdeuil : La blockchain n’est pas à l’abri de risques avérés, même s’ils ont tendance à disparaître, les codes informatiques des smart contracts (ou contrats intelligents) étant de plus en plus robustes. Le risque vient davantage des plateformes centralisées qui jouent aux apprentis sorciers avec un niveau de risque énorme sans fonds propres derrière. Ils spéculent avec l’argent des clients. Et c’est la cupidité qui fait tomber le château de cartes à la fin. Il n’y a pas de crise de la blockchain: c’est un outil qu’il faut savoir maîtriser, ce qui n’est pas encore complètement le cas parce qu’elle a été montée par des développeurs et non par des experts de la finance. Il faut y associer une régulation qui va venir ériger des garde-fous en prenant soin de ne pas étouffer l’innovation qui a toujours un temps d’avance ainsi qu’une couche d’expertise supplémentaire autour de la gestion du risque et des mathématiques financières. 

FM : Cette crise est-elle l’occasion de faire un peu de ménage dans l’éco-système? 

CC : Les fondamentaux ne changent pas. La blockchain est un outil financier phénoménal qui fait disparaître les intermédiaires, baisser les coûts et augmenter la sécurité. C’est un outil de productivité et de technologie extraordinaire dans le domaine des services financiers. Ce qui n’a pas tenu le coup en 2022, c’est l’absence de gestion maîtrisée du risque et de régulation des plateformes. Nous traversons une crise de croissance de la CeFi et de la DeFi. Ca fait mal parce que beaucoup ont perdu de l’argent, mais la bonne nouvelle c’est que les mauvais gestionnaires vont tomber ou le régulateur va les stopper.

“Le retour de la confiance sera très long”

C’est dommage pour la perte de confiance en général qui va mettre du temps à revenir mais c’est une bonne opportunité d’assainir le marché. La crise de confiance entraîne une baisse des liquidités. Il n’y a plus d’échanges, les gens tradent peu, les volumes baissent et ceux, comme Yuzu, qui font leur rendement sur les volumes des échanges, souffrent. Mais les éco-systèmes tournent, les smart contracts sont de plus en plus robustes et bouger de l’argent n’a jamais été aussi simple. Il y a même des choses fabuleuses qui se passent comme associer des tokens à des sous-jacents réels, par exemple dans l’immobilier. L’écosystème est plus sain mais il est sous valorisé et le retour de la confiance sera long à venir car la confiance se gagne au goutte-à-goutte mais se perd par litres. 

FM : Faut-il réguler davantage le marché des crypto-monnaies ? 

CC : C’est obligatoire. Il y a énormément de personnes qui font n’importe quoi en matière de gestion du risque. FTX par exemple, était installée aux Bahamas pour éviter la réglementation. On ne pourrait pas bâtir un FTX en France car l’attention des autorités aurait été assez vite attirée par sa croissance spectaculaire. Pour autant je pense que la réglementation n’est pas encore suffisante et qu’elle est appelée à évoluer. Mais la tâche du régulateur n’est pas aisée. Il doit d’abord bien comprendre les usages et ne pas étouffer l’innovation. Les acteurs comme nous doivent l’aider en lui montrant ce que sont les bonnes pratiques mais aussi en l’orientant pour ne pas écrire des choses pénalisantes. A nous de le convaincre pour éviter la loi en trop, notamment au sein de l’Adan, l’association qui fédère les acteurs français des cryptoactifs et de la blockchain, au sein de laquelle l’on peut pousser nos demandes auprès du régulateur et des politiques.

FM : Quelles sont les grandes orientations sur lesquelles peuvent se retrouver les acteurs et les utilisateurs ? 

CC : La bonne gestion du risque c’est de mettre en face de ce risque, un rendement et des fonds propres pour absorber les secousses du marché. L’enjeu de la réglementation à écrire consiste en premier lieu à permettre au client de comprendre ce qu’il achète et ensuite que l’entreprise qui lui propose d’investir soit bien claire sur les risques. Chez Yuzu, ce sont nos fonds propres qui protègent les actifs des clients. A moi de gérer le risque pour ne pas exposer plus que les fonds propres de la société à un risque de perte. D’autres entreprises vendent du risque et elles ont le droit de le faire, à condition que le client soit bien informé, qu’il souscrive à la stratégie qui lui est proposée et que la mention sur le risque soit respectée. Le régulateur doit refaire à propos des PSAN le travail qu’il a fait par le passé sur la banque : bien décoder les offres et fixer les contraintes à imposer aux acteurs en matière de fonds propres à mettre en face.

“La meilleure stratégie: investir dans ce qu’on comprend” 

FM : Quelle est la meilleure stratégie d’investissement entre tokens, crypto ou NFT ? 

CC : La meilleure stratégie c’est d’investir dans ce qu’on comprend et ce qu’on connaît. La crypto, c’est pour financer des usages dans la blockchain. En achetant une cryptomonnaie, vous achetez en réalité une part de technologie de fonctionnement. Quand vous achetez un token émis par une société crypto, vous achetez la valeur d’usage de ce jeton et vous pourrez l’utiliser dans l’écosystème de la société pour obtenir des avantages. Un NFT est un titre de propriété inviolable avec une valeur en soi et une certification que vous êtes bien propriétaire. L’important est donc de savoir ce qui compte pour vous : le fonctionnement, les usages ou le titre de propriété. Personne ne protègera votre argent à votre place. Si vous n’avez pas confiance, n’y allez pas. Il y a encore beaucoup d’argent à faire avec la crypto et si vous sentez le vent tourner, vous pouvez toujours tout retirer et protéger sur un ledger ou sur MetaMask. La gestion ultra rapide de la liquidité n’est pas le moindre des avantages de la blockchain. Il ne faut pas hésiter à se faire aider soit d’un conseiller en patrimoine soit même en suivant les influenceurs experts en cryptomonnaies les plus connus. 

FM : Yuzu affiche des outils de gestion financière qui vont dans le sens de la réduction des émissions carbones. Est-ce qu’il n’y a pas une nouvelle concurrence autour des ambitions écologiques ? 

Peut-être, mais moi je trouve ça plutôt bien. C’est un enjeu tellement colossal que toute personne qui fait de la finance avec cette orientation n’est pas mon concurrent. Elle contribue à ce qu’on survive à la crise absolument majeure qui est en train de se passer. Tant mieux si ça fait vendre et si beaucoup de gens s’y intéressent. C’est une bonne dynamique. On est encore un peu avant-gardistes. Sur notre livret d’épargne, un tiers des personnes sont motivées par la transition écologique. On essaie aussi de convertir les deux autres tiers.

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