Facilités de paiement : Une dangereuse fuite en avant ?

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Cest une tendance qui se confirme au fur et à mesure des années. L’utilisation des facilités de paiement ou paiement fractionné est en progression en Europe (+22% par rapport à l’année dernière). Mais si ses avantages sont non négligeables, il n’en reste pas moins que ces moyens de paiement ne sont pas sans risques.

Qui n’a jamais rêvé d’acheter un téléviseur dernier cri, un smartphone neuf ou encore un beau meuble ? Les facilités de paiement comme les paiements fractionnés sont de plus en plus utilisés par les Français. Rien que pour l’achat des cadeaux de Noël en 2023, près d’un tiers des Français a eu recours à l’utilisation des paiements fractionnés selon une étude réalisée par Toluna et Harris Interactive. Une méthode aussi appelée le BNPL (Buy now, Pay later). Popularisé par les sites de e-commerce, il y a quelques années, le BNPL est aujourd’hui utilisé dans de nombreux domaines, que ce soit dans le textile, les produits de beauté, les grandes surfaces…


Le BNPL de plus en plus utilisé au quotidien

Le Buy Now, Pay Later est un service qui consiste à permettre aux consommateurs d’acquérir un bien ou un service dès son achat, mais d’étaler le paiement complet sur plusieurs mois à travers des mensualités. Pour être plus précis, cette méthode de paiement est comme un crédit instantané. Cela permet notamment, d’échelonner sur une période plus ou moins longue, un achat qui ne rentre pas dans le budget du consommateur au moment du paiement.

Selon le dernier baromètre FLOA (filiale du groupe Casino), 70 % des Français utilisent des facilités de paiement, parmi lesquels 44 % en font un usage récurrent. En plein essor depuis la crise de 2008 et surtout depuis la crise du Covid-19, le BNPL continue de prendre de plus en plus d’importance dans la société, au point de rentrer dans les habitudes quotidiennes des consommateurs. En France et en Espagne, le paiement en plusieurs fois est toujours aussi populaire avec 1 utilisateur sur 3 qui l’utilise régulièrement (respectivement 38 % en France et 32 % en Espagne). Ces deux pays font partie des piliers de l’usage du BNPL au sein de l’Europe. Notamment depuis la crise du Covid, qui a accéléré la digitalisation des paiements en ligne et donc des facilités de paiement. Par conséquent, cette méthode est largement répandue chez les 18-34 ans qui ont grandi avec Internet.

La fréquence d’utilisation du paiement en plusieurs fois continue elle aussi d’être en hausse. 41 % des utilisateurs français font plus de 8 achats par an payés en plusieurs fois. Parmi ces utilisateurs, les CSP+ sont largement représentés. 51% d’entre eux utilisent le BNPL de temps en temps. Les secteurs qui sont les plus concernés par le BNPL sont sans surprise les produits high-tech, les produits électroménagers ainsi que les voyages : 54% pour les produits électroménagers, 53% pour les produits high-tech et 48% pour les voyages.


Une méthode pas si avantageuse ?

Une tendance qui s’explique notamment à cause du contexte économique actuel. Encore très marqués par l’inflation et la pandémie du Covid, les consommateurs privilégient ce type de paiement. Il leur permet d’amortir leurs dépenses et ainsi ne pas subir la pression des paiements instantanés. Comme lorsqu’on achète un nouveau smartphone. Il est souvent plus avantageux de payer trois fois 300€ sur trois mois que 900€ en une fois. Cela évite généralement de se retrouver dans le rouge avant la fin du mois. Le BNPL permet aussi de pouvoir commander directement sur le web, sans aller au magasin.

Pourtant cette pratique, qui paraît si avantageuse, possède des inconvénients. Car le consommateur ne sait pas forcément ce qui se cache derrière le BNPL. Premièrement, ce ne sont pas les commerçants et magasins qui proposent cette solution mais des organismes de crédit. Evidemment le service de BNPL est facturé par ces organismes. Entre 1 et 3,8%. Si, on l’a paye rarement, c’est parce que ce sont les commerçants qui font ce choix. Qui se répercute souvent sur le prix à l’achat.

Autre inconvénient qui peut s’avérer plus grave, les défauts de paiement. Car, très peu souvent, les dossiers des consommateurs sont vérifiés. Surtout que pour les achats de moins de 200€, le paiement fractionné n’est pas soumis aux règles du crédit à la consommation. Et lorsqu’il est impossible pour le consommateur d’honorer ses paiements, c’est ici que la bât blesse. Car, dans ce cas là, les pénalités infligées aux consommateurs peuvent être importantes. La fourchette se situe entre 8 et 15% selon l’organisme auquel le consommateur a souscrit. Surtout qu’une fois le premier paiement validé, il est très difficile voire impossible de faire machine arrière. Car aujourd’hui, seuls les crédits à la consommation à plus de 90 jours et au-delà de 200€ sont soumis à la loi Lagarde, qui oblige à signer un contrat entre le prêteur et le consommateur. Mais aussi, d’offrir un délai de rétractation de 14 jours. Or, la plupart des BNPL ne sont pas soumis à ces règles ce qui ne permet pas tout le temps un remboursement.


Une future loi pour encadrer ces paiements

Les ménages les plus fragiles peuvent aussi être victimes du surendettement puisqu’en France, on peut pratiquer le BNPL autant de fois qu’on le veut. Surtout qu’aucune loi n’existe encore pour encadrer la pratique lorsque le montant du crédit est inférieur à 200€ et que les remboursements sont échelonnés sur une période inférieure ou égale à trois mois . Cela devrait changer d’ici 2026, puisqu’une loi européenne entrera en vigueur. Les organismes de crédit devront être plus transparents sur les informations sur les crédits. Les prêteurs devront aussi s’assurer que les consommateurs ont facilement accès à toutes les informations nécessaires et qu’ils sont informés du coût total du crédit. Enfin les paiements fractionnés de moins de 200€ devront être eux aussi vérifiés par les organismes.

Cette pratique reste pourtant paradoxale dans le contexte économique actuel. Car, les clients ont tendance à acheter plus et à augmenter le prix moyen de leur panier avec le BNPL. Et ce malgré une baisse du pouvoir d’achat chez une grande partie de la population. Le BNPL peut aussi être en partie un des responsables de cette baisse du pouvoir d’achat puisqu’il permet aux consommateurs d’acheter des biens qu’ils ne pourraient théoriquement pas payer. Il ne favorise pas non plus la baisse de la consommation, dans une ère où pourtant chaque geste doit compter. Le BNPL est peut-être une solution de facilité pour les consommateurs mais elle n’est clairement pas la solution d’avenir pour la société.

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