La blockchain ouvre de nouvelles perspectives pour les banques

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Derrière les cryptoactifs, la blockchain peut être une technologie au service des banques et pourrait même produire une alternative sérieuse au réseau SWIFT.

Actuel Business Program Director d’Axway, éditeur Franco-Américain de logiciels et API B2B, Emmanuel Méthivier a également passé 25 ans dans le monde bancaire (Crédit Agricole, LCL), côté technique, d’où il a pu assister à l’émergence de nouveautés comme la blockchain. Il livre son analyse sur cette technologie qui, loin des cryptomonnaies et autres NFT, pourrait révolutionner l’infrastructure financière globale.

Le Bitcoin a été lancé il y a bientôt 15 ans maintenant, démontrant la viabilité de la blockchain comme technologie. Où en est-on de son développement dans le monde bancaire ?

On est un petit peu dans le creux. Il y a une certaine désillusion face à ce qu’on a pu imaginer lorsqu’on a découvert la blockchain. Mais ce n’est pas une mauvaise chose, ça va permettre de faire le ménage. Philippe Brassac (directeur général du Crédit Agricole) a annoncé que le Bitcoin serait à moins d’un dollar avant le 31 avril 2023. C’est du délire. Ce sont des briques techniques qui existent aujourd’hui. On peut les remettre en question, pas besoin de devenir un cryptoanarchiste. Mais les vraies questions que doivent se poser les opérateurs de la finance, c’est “comment je vais les intégrer ?” plutôt que “comment je vais les remplacer ?” ou “comment je vais m’y opposer ?”.

La blockchain est une technologie versatile. A quel niveau peut-elle intéresser les banques ?

Dans les services financiers, il y a quelque chose de fondamental sur le rôle d’une banque : elle est là pour gérer des actifs, savoir que telle personne a déposé tel actif et qu’on peut lui rendre. Il y a deux branches sous-jacentes : le KYC (Know Your Customer) pour être sûrs que la personne qui se présente est bien celle qu’elle prétend être et le gardiennage des actifs déposés.

Je pense que les services financiers devraient se reposer sur ces deux piliers pour trouver leur place dans l’écosystème qui est en train de se forger avec la blockchain. C’est une technologie qui va révolutionner plein de choses et notamment sur l’infrastructure. Il faut que les services financiers arrêtent de chercher à remplacer les blockchains qui sont déjà installées : ce sont de nouvelles briques qui vont intégrer le système financier et il vaut mieux se demander comment les intégrer.

C’est donc en termes d’infrastructure que la blockchain a un rôle à jouer, plus que sur les nouveaux actifs qu’elle permet de faire émerger ?

Quand on en revient aux fondamentaux que sont le gardiennage et le KYC, et qu’on se projette dans ce monde numérique, on voit que les opérateurs financiers ont un rôle important à jouer. Quoi de plus anonyme et de moins pratique qu’une clé qui va gérer un portefeuille de cryptos ? Une banque pourrait très bien se positionner en disant “moi, je peux vous assurer que les portefeuilles et les clés qui seront fournis seront validés et qu’il s’agit de la bonne personne derrière”. Ces clés sont également des actifs que les banques peuvent gardienner.

La blockchain en elle même peut avoir d’autres utilités. Le Crédit Agricole par exemple est une banque mutualiste qui tous les ans organise de multiples votes, à main levée. C’est très difficile et très couteux de faire déplacer les gens pour voter, alors qu’on pourrait mettre le système de vote dans une blockchain. Contrairement à ce qu’on peut dire, il n’y a rien de plus transparent qu’une blockchain. Elle permet d’assurer les questions d’identité, de tracer le vote et d’avoir une structure élective totalement automatisée et entièrement transparente. Et ce principe de l’identité peut s’appliquer à une foule de domaines. Les blockchains vont remplacer des infrastructures “1.0” presque préhistoriques. On fait parfois au Bitcoin le procès de sa consommation énergétique. Il faut aussi remettre les choses dans leur contexte : elle reste moindre que l’ensemble du réseau SWIFT, par exemple.

Parlons de SWIFT, justement. Selon vous, là aussi la blockchain a quelque chose à apporter ?

J’étais en Côte d’Ivoire le mois dernier pour rencontrer la quasi-intégralité des banques d’Afrique Équatoriale. Pas une ne m’a pas parlé SWIFT et de souveraineté. On m’a dit “depuis le 21 février 2022, depuis que la Russie a été débranchée de SWIFT, on a de vraies questions sur le sujet. On ne veut pas être dépendants du bon vouloir des européens ou des américains”. Il faut voir la blockchain comme un grand livre qu’on peut lire quand on le souhaite et on l’on écrit des informations, des opérations par exemple, de manière sécurisée avec une impossibilité de les répudier. C’est le travail de SWIFT, qui opère en tant qu’acteur tiers et valide tant les connexions que les opérations. A travers une blockchain, pas besoin d’un tel acteur : il est déjà dans le code, dans la technique même de la blockchain.

Côté Crédit agricole, on avait travaillé en 2018 sur un système blockchain Ripple pour faire l’équivalent de SWIFT. Tout fonctionne, on avait validé techniquement la solution. Mais cette transition n’est pas forcément une préoccupation première. Je ne sais pas si c’est un tort ou pas, c’est une question politique. Moi, je suis ici pour faire de la technique et sur ce plan, c’est complètement opérationnel.

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