Le crédit aux indépendants, pourquoi c’est si compliqué ?

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A 19 ans, Ali Rami est le CEO et co-fondateur de Mansa, une plateforme qui permet aux freelances et aux indépendants d’avoir accès au crédit bancaire. Pour y arriver, l’entreprise développe de nouveaux modèles de scoring financier et utilise progressivement des data alternatives. Ali Rami pointe ici les limites du modèle traditionnel et les pistes pour les dépasser. 

Le travail indépendant est de plus en plus plébiscité. Avec une augmentation de 126% en France, les freelances représentent le groupe avec la plus forte croissance sur le marché du travail. Selon l’INSEE, il y a aujourd’hui 2,3 millions de travailleurs indépendants en France et 9 millions à l’échelle de l’Union européenne. Nous assistons donc à une véritable révolution sociétale. De plus en plus de jeunes diplômés aspirent à des carrières plus flexibles. Une récente étude de Manpower affirme que 34% des millennials souhaitent tendre vers ces nouveaux statuts et 50% pour la génération Z. Pourtant cette population est encore très peu adressée par les institutions traditionnelles notamment les banques. Si des néo banques offrent des moyens de paiement et des outils de gestion, le crédit reste encore un service financier très difficile d’accès pour ces millions d’indépendants. 

Les banques traditionnelles encore loin du sujet 

Un modèle de scoring inadapté et un manque de compréhension des indépendants

Credits : NerdWallet 

Ce scoring développé et utilisé par les banques depuis les années 1990 a été construit pour scorer un travailleur appartenant au mode de travail dominant : le salariat. Ainsi, pour obtenir un financement, les banques demandent à leurs clients de fournir des fiches de paie prouvant un revenu récurrent provenant d’un unique employeur ainsi qu’un CDI. 

Cependant, les indépendants qui représentent à présent 10 à 20% du marché du travail selon les pays, ne possèdent aucun de ces éléments. En effet, ils ne possèdent ni fiche de paie, ni revenu récurrent. Les freelances ont des factures, différentes sources de revenus et des rentrées d’argent qui ne sont pas les mêmes d’un mois à l’autre. D’autre part, le freelance possède une entreprise, il reste donc à savoir s’il s’agit de scorer une entreprise ou un individu sachant que la personne physique et la personne morale sont généralement confondues. La technologie de scoring bancaire traditionnelle n’est donc pas adaptée aux travailleurs indépendants, ce qui explique les refus fréquents des banques.

Au delà de ces éléments techniques, le freelance est encore trop souvent perçu comme un profil précaire à risque. Or 80% des freelances sont engagés sur des missions longues et 50% d’entre eux gagnent plus en étant freelance que salarié selon l’étude de Malt sur le freelancing en France. Cette population se divise entre la gig economy et la talent economy. 

  • gig economy : les freelances qui le sont par nécessité avec des professions plus manuelles comme les chauffeurs Uber, livreurs Deliveroo et Stuart. Les revenus sont plus faibles. 
  • talent economy les freelances qui le sont par choix et exercent des professions plus intellectuelles, souvent diplômés, comme les développeurs, designers, photographes et consultants. Ils possèdent une certaine stabilité et des revenus confortables.

Les institutions classiques ont trop souvent tendance à réduire l’économie du freelancing aux travailleurs des plateformes Uber ou Deliveroo alors qu’ils ne représentent qu’une infime minorité des travailleurs indépendants. 

Il est certes nécessaire de réinventer les modèles de risque mais il est aussi indispensable de mieux comprendre qui sont les indépendants et comment ils travaillent. 90% des emprunteurs sur Mansa gagnent plus de 35 000€ par an. Nous sommes donc loin des profils précaires que l’on pourrait imaginer. 

De nouveaux modèles de scoring 

Devant ce marché en pleine explosion et encore très peu adressé, de nouvelles fintech se lancent. L’enjeu se situe avant tout dans la technologie de scoring. Pour offrir du crédit aux indépendants et calculer un risque représentatif il est donc nécessaire de repartir d’une feuille blanche et d’utiliser d’autres data points. Grâce aux évolutions législatives notamment avec la DSP2 il devient plus facile d’avoir une approche du scoring financier qui s’adapte aux cycles des indépendants et d’appréhender leurs différentes sources de revenus. La prise en compte de la facturation future est également un élément décisif dans le calcul du risque lorsqu’il s’agit de prêter à un indépendant. Cet élément permet d’avoir une vision encore plus complète de la vie financière de nos clients afin d’adapter les échéances de remboursement en fonction de la variation des revenus. 

Certains acteurs africains et américains comme Tala décident même d’aller plus loin avec un scoring social ou comportemental afin d’ouvrir l’accès au crédit aux non bancarisés. En analysant les réseaux sociaux ou le comportement en ligne d’un utilisateur, certaines entreprises réduisent l’importance accordée aux éléments financiers en se concentrant sur ces data alternatives. 

Je suis convaincu que l’usage du big data allié au respect de la vie privée de l’utilisateur est une chance incroyable pour offrir de meilleurs services financiers (comme l’accès au crédit) et surtout les ouvrir à des populations délaissées par les institutions classiques. Je pense également que les banques ont tout intérêt à collaborer avec des Fintech car développer de nouveaux modèles de scoring serait beaucoup trop coûteux en temps, en argent et en infrastructures pour elles.

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