Luko en redressement, Allianz prêt à gober le prodige de l’assurtech

Cyrille Pitois
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L’assureur 100 % en ligne, Luko, petit prodige de l’assurtech, est en redressement judiciaire. Le géant de l’assurance traditionnelle, l’Allemand Allianz, pourrait le racheter à la barre du tribunal pour 4 euros.

Créé en 2018, Luko revendiquait 400 000 clients en 2021 avec le succès de son assurance habitation 100% en ligne. Mais depuis plusieurs semaines, Luko cherche un investisseur pour se dessiner un avenir malgré une dette accumulée de l’ordre de 50 millions d’euros. Alors que la start up était valorisée à 250 millions d’euros à ses plus belles heures.

Désormais en redressement judiciaire, l’ambiance a changé en peu de temps. Luko ambitionne encore sur la page d’accueil de son site internet de réinventer « le modèle économique de l’assurance pour proposer un système transparent basé sur le principe de la mutualisation et redistribution, pour aligner les intérêts des assurés, de l’assureur et de la société. » La promesse faite aux clients : « Des contrats clairs et flexibles, des remboursements deux fois plus rapides et un modèle 100% digital et transparent. »

La bonne affaire pour Allianz

Identifié comme celui qui bousculait les assureurs traditionnels, le PDG de Luko et amateur de kitesurf, Raphaël Vullierme, n’a pas réussi le pari de la rentabilité après avoir pris l’option du développement par croissance externe. En avril dernier Luko affichait une dette de 45 millions d’euros.

Alors que l’assureur anglais Admiral Group avait formulé une hypothèse de reprise à 14 millions d’euros l’été dernier, avant de se rétracter, c’est devant le tribunal de commerce de Bobigny qu’Allianz vient de déposer une nouvelle offre de reprise pour 4 euros symboliques. Consultée par l’Agence France Presse, l’offre d’Allianz argumente que Luko « constitue une opportunité stratégique » pour Allianz Direct, pour lui permettre « d’accélérer son implantation en France en atteignant rapidement une taille significative ». Vendredi 15 décembre, le tribunal a choisi de prolonger la procédure judiciaire jusqu’au mois de janvier. Cette reprise permettrait au géant allemand de récupérer environ 500 000 contrats à moindre coût, sans obligation vis à vis des salariés Luko ni du passif.

La perspective de voir Luko et son demi million d’assurés rejoindre l’enseigne Allianz inquiète les agents généraux d’Allianz France. Leur union professionnelle MAG3 se demande quelle sera la politique tarifaire d’Allianz auprès des assurés issus de Luko : « Pendant que nous subissons des majorations de nos polices à deux chiffres, Allianz acquiert un portefeuille totalement sous tarifé. Allianz est donc capable de faire le grand écart sur le même produit ! »

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