Pour la fintech, il aura fallu d’un virus

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Il aura fallu d’un virus, d’une phase d’étonnement, d’un retard dans certaines réactions gouvernementales, et d’un confinement de la moitié de la population mondiale pour se rendre compte que le fonctionnement d’avant, c’était vraiment pour avant. Que continuer à utiliser des espèces pour régler ses achats, se rendre dans son agence bancaire pour déposer un chèque, solliciter un crédit ou ouvrir un compte, c’était anachronique.

Bref, il aura fallu de tellement peu de choses, et de tellement de conséquences, pour prendre conscience à quel point il est nécessaire de bâtir une économie intégralement digitale, à la fois distante et locale, où la distanciation sociale n’est pas un frein, et permettant à chacun de continuer à maîtriser son utilisation de services financiers de manière autonome et recluse, sans souffrir d’une interruption de services. Une économie qui sert tous les consommateurs et les entreprises, qu’ils soient risqués, solvables ou non, afin de nous permettre de continuer à construire notre histoire. Il aura fallu d’un virus pour comprendre pourquoi la fintech est née.

Un vertige d’une hauteur inconnue    

Les impacts du Covid-19 sont aujourd’hui d’une ampleur insondable. La plupart des estimations converge vers une contraction du PNB mondial aux alentours de 15% au premier trimestre 2020, avec un horizon de sortie encore flou, mais probablement en 2021. Un test d’une violence telle que les banques, en première ligne pour soutenir la continuité de notre économie, ont vu leur modèle profondément chahuté par les marchés financiers. Depuis le début de l’année, les capitalisations boursières de BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole ont toutes fondu de plus de 50%.

Le tournis, il n’y a pas d’autre mot. Mais aussi la réalisation que notre modèle bancaire traditionnel avait fait son temps. Et si la technologie apportait des solutions ? Et si la fintech avait anticipé le sens de l’histoire en ouvrant le chemin d’un nouveau paradigme pour les services financiers ? Alors que les investissements au sein de la fintech n’ont fait qu’accélérer ces dernières années, pour atteindre 53 milliards de dollars en 2019, quel avenir pour le secteur ?

Je ne suis pas devin, je n’ai pas de boule de cristal, et bien aventureux celui qui peut prédire comment sera le monde d’après. Mais si je devais me prêter à l’exercice, et oser la formulation de convictions dans un environnement qui ne transpire que du doute, je dirais ceci.

Le COVID-19 a un impact considérable sur nos vies, et change d’ores et déjà profondément notre quotidien. En dépit des énormes efforts des gouvernements, qui ont engagé sans délais des milliers de dollars pour soutenir les consommateurs et entreprises, le besoin de gestion de la trésorerie n’a jamais été aussi crucial.

Il y a fort à parier que la crise qui nous fait face va profondément changer notre manière de travailler et d’interagir professionnellement. Elle va également, et probablement encore plus profondément, remettre à plat l’approche des investisseurs et potentiels acquéreurs quant à la perception de la valeur créée, avec certains secteurs de la fintech pour qui le jour d’après ne sera que gueule de bois, tandis que d’autres devraient être à même d’embrasser les opportunités générées par une récession. 

Mes prédictions pour les acteurs de la fintech    

2020 sera une année sous tension pour la fintech, avec de violentes secousses jusqu’au troisième trimestre, mais les perspectives prometteuses à moyen-terme devraient permettre au secteur d’accélérer la montée en puissance de futurs leaders. Notamment, les établissements financiers vont devoir trouver rapidement des solutions fondées sur l’intelligence artificielle, l’internet des objets (IoT) et plus généralement la technologie pour engager leur transition vers un modèle purement digital et tourné vers la science de la donnée. Cette transition devrait engendrer une réelle bataille entre les établissements traditionnels et les nouveaux entrants pour la prise de parts de marché, mais le temps devrait jouer en faveur des plus jeunes. Afin d’accélérer leur capacité à se transformer, nous devrions donc voir de plus en plus d’établissements traditionnels recourir aux solutions technologiques des acteurs de la fintech. 

Les secteurs gagnants ? Déjà, les plateformes de financement alternatif pour consommateurs et entreprises. Si elles sont suffisamment soutenues par les gouvernements, elles devraient jouer un rôle moteur dans l’injection rapide de capital au sein de l’économie. Le besoin de désintermédiation devrait également fortement soutenir la percée des acteurs digitaux du crédit immobilier et de l’assurance-vie, des secteurs qui nécessitent traditionnellement des rencontres en face à face. Tous les acteurs de la fintech qui ont développé des solutions autour de l’intelligence artificielle, de l’IoT et de processus digitaux end-to-end connaitront aussi une forte accélération de la demande : l’intelligence artificielle permettra notamment de mettre en place des bots pour les centres d’appel, de faciliter l’ouverture de comptes, et d’automatiser l’octroi de crédit, et les acteurs évoluant dans le secteur du KYC digital devraient connaître une rapide évangélisation de leurs offres face à la forte montée en puissance des transactions digitales.

À l’inverse, les néobanques devraient voir leur modèle challengé, avec des valorisations très élevées remises en cause et une baisse de volume d’activité. Similairement, les acteurs du change de devises et des paiements devraient être impactés par des économies qui se recentrent sur elles-mêmes et une baisse du pouvoir d’achat. Enfin, les robo-advisors et acteurs de la gestion d’actifs devraient subir le contrecoup d’une clientèle qui cherche à protéger son patrimoine, entraînant une baisse des actifs sous gestion.

Sur le plan de l’investissement, il faut globalement s’attendre à une décélération magistrale des investissements dits de corporate venture, les entreprises se focalisant sur la gestion de leurs propres besoins. L’accès au financement, particulièrement pour les entreprises late-stage, devrait se resserrer globalement, avec une forte pression sur la rentabilité. A l’inverse, le M&A devrait connaître de beaux jours, principalement sur les startups les plus jeunes, afin d’accélérer la transition digitale des acteurs traditionnels. Et pour les IPOs, je crois qu’on peut facilement prédire que la fenêtre est close – et pour un moment. 

Comment la fintech doit-elle naviguer ces prochains mois ?

À nouveau, si l’année 2020 sera chaotique, la fintech doit saisir l’opportunité qu’est la sienne de faire bouger les lignes, profondément, sur le moyen terme. Afin d’être en mesure de passer le cap, je donnerais simplement quelques conseils simples aux jeunes pousses :

  1. Prenez des mesures rapides et ajustées pour réduire autant que faire se peut les pertes – réduction de staff, renégociation de contrats, utilisation de clauses de force majeure, etc.
  2. Soyez conscients de l’environnement de levée de fonds – les investisseurs seront concentrés sur leur portefeuille pendant les six prochains mois, au minimum.
  3. Pensez à récompenser vos employés – notamment, l’utilisation d’instruments d’accès au capital pour booster le moral des équipes pourra faire sens.
  4. Communiquez de manière transparente avec vos employés – le télétravail peut créer de l’anxiété et complexifier certaines communications, il faut accompagner les équipes pour maintenir la cohésion nécessaire.
  5. Limitez les dépenses marketing aux canaux d’acquisition qui ont un retour sur investissement prouvé – c’est le moment de faire le tri.
  6. Allouez autant de moyens que possible au développement de vos produits – c’est le moment de sortir du lot.

Et gardez l’espoir. #resilience #courage #solidarité

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