Quel futur pour les fintechs post Covid-19 ?

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Finch Capital, un fonds d’investissement néerlandais, a publié il y a quelques jours un rapport sur l’impact, en terme de challenges mais aussi d’opportunités, de la crise sanitaire que nous traversons en ce moment sur le secteur financier. Le but ? Essayer de comprendre ce qui est déjà en train de changer pour les fintechs, et ce qui devrait les attendre en sortie de crise. 

La méthodologie utilisée par Finch Capital est assez claire : le fonds a interrogé les 95 fondateurs de leurs startups en portefeuille, dans les domaines propres à la fintech évidemment, mais aussi les startups que l’on peut qualifier d’enablers, qui vendent leur service à des fintechs. Certaines données ont quant à elles été obtenues d’après des sources ouvertes ou sur des sites spécialisés. 

Une crise d’un an au minimum

Le premier point qu’il est nécessaire de couvrir est le suivant : combien de temps cette crise économique va-t-elle durer ?

Les prévisions de JP Morgan distinguent trois périodes différentes : une première période de récession qui a commencé au premier trimestre de 2020 et qui devrait durer jusqu’au troisième trimestre, suivi d’une reprise économique qui devrait intervenir fin 2020 ou au tout début de l’année 2021. Enfin, on peut espérer, d’après les données de JP Morgan, un retour à la normale au premier ou deuxième trimestre de 2021. 

Il faudra donc attendre un an à un an et demi pour que les affaires reprennent sur un mode business as usual pour le secteur financier. Malgré ces mornes prévisions, l’heure semble toutefois à l’optimisme pour les entrepreneurs : la majorité des dirigeants des startups interrogées sont confiants dans la survie, voire le renforcement de leur business à l’issue de la crise. 

De l’omni canal au digital only 

Dans le secteur financier, la crise va agir comme l’accélérateur d’un changement déjà engagé depuis une décennie : le digital-only devient la norme, avec notamment la généralisation du télétravail. De ce point de vue, Finch Capital note que les pays nordiques sont plus en avance que le reste de l’Europe.

Ce basculement accéléré vers le digital comme seul canal provoque un affrontement accru entre les acteurs traditionnels et les challengers, en particulier en ce qui concerne la distribution de leurs offres auprès du client. Pour les produits et les services financiers grand public tels que le prêt hypothécaire, la gestion de l’épargne, la gestion des comptes courants et la souscription à une carte de crédit, les agences, qui constituaient le principal canal de distribution vont être délaissées – puisque de fait, elles sont fermées – au profit des sites ou des applications des banques, des fintechs et des insurtechs. Les courtiers et les intermédiaires vont également pâtir de la crise.

Les challenges diffèrent évidemment selon le type d’acteurs : pour les fintechs, la difficulté va être de gérer le passage à l’échelle avec l’explosion du volume de transactions, alors que pour les acteurs traditionnels, l’enjeu va plutôt consister à gérer la fermeture des établissements et ses répercussions sur le niveau d’activité. Par exemple, il leur faudra gérer le fait que l’activité des call centers explose avec la fermeture des points de contact physiques.

Les grands gagnants : les plateformes de crédit 

Finch Capital examine ensuite les sous-secteurs de la fintech pour déterminer lesquels vont particulièrement souffrir de la crise et, au contraire, lesquels vont voir leur activité renforcée. Dans la première catégorie, on trouve les néo-banques et autres acteurs du paiement, ainsi que les gestionnaires de patrimoine. En période de crise, les clients dé-risquent en effet leurs placements, alors que la baisse drastique du nombre de transactions ronge les commissions des acteurs du paiement. Selon les prévisions de Finch Capital, le secteur de la PropTech sera également à l’arrêt pendant la crise mais la lumière sera visible au bout du tunnel dès qu’on en sortira.  

Si les solutions que l’on peut qualifier d’enablers des fintechs ont vu leur cycle de vente s’allonger pendant la crise, notamment parce que leurs clients sont en difficulté, on devrait s’attendre à ce qu’une forte demande pour ces solutions se fasse sentir dès la sortie de crise. On parle ici des acteurs de l’IA qui fournissent par exemple des chatbots pour les call centers, mais aussi des solutions qui permettent d’automatiser l’ouverture de compte ou les procédures de crédit. Finch Capital met également en avant les solutions de KYC (« know your customer ») qui répondent au besoin accru de vérification impliqué par la hausse du nombre de transactions digitales.

Enfin, les seuls acteurs de la fintech à pouvoir se targuer d’une recrudescence d’activité pendant la crise sont les plateformes de prêt B2B et B2C, ainsi que tous les acteurs qui digitalisent le prêt hypothécaire et l’assurance. Dans ces deux derniers secteurs, il faut s’attendre à ce que nombre d’intermédiaires sur la chaîne de valeur se fassent disrupter, étant donné que leur rôle est essentiellement d’ordre physique. Finch Capital prend l’exemple de quelques acteurs qui devraient bien s’en sortir : Zopa pour le crédit B2C, Funding Circle pour le crédit aux PME, Trussle sur a digitalisation du prêt hypothécaire et UI Path comme enabler SaaS. 

Un ralentissement général des investissements

Sans surprise, la crise sanitaire et économique va avoir de lourdes conséquences sur les levées de fonds. On observe déjà une décroissance des investissements au premier trimestre 2020. 

En particulier, les CVC (Corporate Venture Capital) risquent de fermer, comme cela s’est déjà produit lors des périodes de ralentissement économique. En effet, parce que rattaché à un corporate dont il dépend, ce type de fonds d’investissement voit souvent son activité réduite à néant pendant les périodes de crise, au profit d’un recentrage sur le core business. Cela a évidemment un impact négatif sur le niveau d’investissement global puisque ces cinq dernières années, les CVC représentaient entre 10 et 20% des deals dans le monde. En Europe par exemple, les CVC ont contribué en 2019 aux levées de fonds à hauteur de 9% en nombre de deals et à hauteur de 11% en volume investi.

Deux conséquences directes pour les startups : la pression sur les valorisations des startups late stage va s’en trouver accrue, puisque les capacités d’investissement des fonds vont drastiquement diminuer. En terme d’exits, la crise va déclencher une vague de consolidations M&A à des niveaux de valorisation inférieurs à 250 millions de dollars. Les acquéreurs seront vraisemblablement de trois sortes : des fintechs, des fonds de Private Equity et des institutions financières. On peut également s’attendre à une chute des IPOs pour les fintechs.

Compte tenu de ce qui a été mis en lumière précédemment sur les grands gagnants de cette crise, il faut s’attendre à une recrudescence post crise des levées de fonds pour ces entreprises. 

Le mot de la fin

Laissons à Radboud Vlaar, Managing Partner chez Finch Capital, le soin de conclure cette étude : « 2020 va être une période difficile à traverser pour les fintechs, mais des temps plus radieux les attendent. Après la crise, ce sont les acteurs les plus disruptifs qui vont tout rafler, sur une logique de « the winner takes it all » ; les services financiers vont en effet avoir un besoin accru de technologie pour les aider à gérer les interactions digitales, grâce à l’IA et au big data ». 

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