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Quel futur pour les fintechs post covid 19

2 avril 2018


La crise liée au Covid-19 a bouleversé l’ensemble de l’industrie financière, et les fintechs n’y font pas exception. Récemment, Finch Capital, un fonds d’investissement basé aux Pays-Bas, a publié une étude pour analyser les défis et les opportunités qu’offre cette période inédite. L’objectif ? Comprendre ce qui change déjà pour les acteurs de la finance technologique et anticiper leurs perspectives de sortie de crise.

Une crise qui s’installe sur la durée

D’après les estimations de JP Morgan, la crise économique actuelle se déroulerait en trois phases :

  • Une récession entamée dès le premier trimestre 2020 qui pourrait durer jusqu’au troisième trimestre.
  • Une reprise progressive, attendue à la fin de l’année 2020 ou début 2021.
  • Un retour à la normale envisagé entre le premier et le deuxième trimestre 2021.

Il faudrait donc patienter près d’un an – voire plus – avant de revenir à un niveau d’activité habituel dans le secteur financier. Malgré ces prévisions peu réjouissantes, la majorité des fondateurs de startups fintech interrogées se disent confiants dans leur capacité à sortir renforcés de cette période trouble.

Le digital-only comme nouvel impératif

La pandémie a clairement servi d’accélérateur à un virage déjà amorcé depuis plusieurs années : de l’omnicanal, on passe au digital-only. Les pays nordiques, déjà en avance, n’ont eu qu’un faible ajustement à mener, tandis que d’autres marchés connaissent une bascule plus brutale vers les canaux numériques. Les banques traditionnelles et les néo-banques s’affrontent de manière accrue pour proposer des services en ligne plus performants : gestion des comptes, souscription d’assurance, prêts immobiliers ou encore ouverture de cartes de crédit.

Le défi varie néanmoins selon les acteurs : les entreprises 100 % digitales doivent gérer la hausse exponentielle des transactions, quand les institutions plus classiques doivent s’adapter à la fermeture physique de leurs agences. Un exemple ? La montée en flèche du volume d’appels dans les centres de contact, conséquence directe de la fermeture des points d’accueil.

Les gagnants et les perdants du secteur

Tous les segments de la fintech ne sont pas affectés de la même manière. Parmi ceux qui souffrent, on retrouve :

  • Les néo-banques et les acteurs du paiement, confrontés à la baisse importante des transactions.
  • Les gestionnaires de patrimoine, car en période de crise, les clients sont plus enclins à réduire leur prise de risque.
  • La PropTech, qui connaît un fort ralentissement temporaire lié aux mesures de distanciation sociale.

En revanche, certains sous-secteurs renforcent leurs positions :

  • Les plateformes de prêt B2B et B2C, prisées pour financer aussi bien des particuliers que des PME.
  • Les solutions de gestion de crédits immobiliers et d’assurance 100 % digitales, qui permettent de contourner les intermédiaires physiques.
  • Les enablers (fournisseurs de technologies pour fintechs), comme ceux impliqués dans l’automatisation des procédures de crédit ou les outils de vérification KYC, qui répondent à la hausse du volume de transactions en ligne.

Ralentissement des financements et consolidations

Sur le plan des investissements, la crise se traduit déjà par une baisse des levées de fonds. Les fonds de type CVC (Corporate Venture Capital), dépendant de grands groupes, ont tendance à mettre leurs activités en veille pendant les périodes difficiles afin de se recentrer sur leur cœur de métier. Résultat : le volume global des deals diminue et fait pression sur les valorisations des startups late stage.

Parallèlement, on peut s’attendre à une vague de rachats et de fusions (M&A) avec des valorisations moindres pour des montants inférieurs à 250 millions de dollars. Les acheteurs potentiels seront notamment :

  • Des fintechs plus solides souhaitant élargir leur offre.
  • Des fonds de Private Equity à l’affût d’opportunités.
  • Des institutions financières traditionnelles cherchant à moderniser rapidement leurs services.

Enfin, les entrées en Bourse (IPOs) devraient marquer le pas le temps que la tempête se calme. Après la crise, les acteurs véritablement disruptifs devraient toutefois bénéficier d’un regain d’intérêt de la part des investisseurs, notamment dans les domaines de l’IA et du big data.

Perspectives finales

Si l’année en cours représente un réel défi pour les fintechs, de meilleures perspectives se dessinent une fois la situation économique stabilisée. Les établissements financiers auront alors un besoin accru de solutions numériques pour gérer leur relation client et poursuivre la transformation amorcée, sous l’impulsion de la crise. À moyen terme, les acteurs capables de s’adapter et d’innover sortiront clairement gagnants de cette période, validant l’adage : « the winner takes it all ».


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