Thierry Bedoin, CDO Banque de France : “La Banque de France est une usine à données !”

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La nomination de Thierry Bedoin au poste de Chief Digital Officer à la Banque de France correspond à une nouvelle impulsion de la transformation digitale du Groupe, un des grands axes du plan stratégique Ambitions 2020.

Il dresse le bilan 2 ans après le lancement du Lab de la Banque de France, à l’initiative de nombreux projets. Il nous parle également du travail réalisé par les équipes autour de la collecte et de la valorisation des données. Un chantier titanesque.

Thierry Bedoin, pouvez-vous vous présenter ?

J’ai fait toute ma carrière à la Banque de France. Mon parcours s’est positionné autour de l’IT, c’est-à-dire l’organisation informatique au sein de la Banque de France. Au début de ma carrière, je travaillais sur des sujets techniques (réseaux, architectures techniques, etc.). Ensuite, j’ai été Responsable en charge des projets de développement avant de devenir Responsable de la production informatique et Responsable du système d’informations.

Depuis mi 2016, je suis CDO, Chief Digital Officer. Ma mission est d’impulser et d’animer la transformation digitale de la Banque de France. Le début de ma mission correspond à l’engagement de la Banque de France vis-à-vis de son plan stratégique appelé “Ambitions 2020”.

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre rôle de Chief Digital Officer au sein de la Banque de France ?

Nous avons défini un programme de transformation digitale, qui est un des axes très forts de ce plan stratégique. Notre gouverneur, François Villeroy de Galhau, a choisi de personnifier cette fonction digitale de la Banque de France. Beaucoup d’autres grandes entreprises, tous secteurs confondus, identifient ce rôle de CDO pour accélérer leur transformation digitale.

Mais c’est une première pour les Banques Centrales ! Cela montre que la Banque de France évolue très concrètement dans son environnement. Elle mise sur le potentiel du digital dans ses missions.

Je gère une équipe d’une centaine de personnes. Nos interlocuteurs sont tous les interlocuteurs métiers de la Banque de France. Très concrètement, cela implique pour les activités de la Banque : l’adoption d’une nouvelle culture ; la digitalisation des processus métiers ; la valorisation et un meilleur partage des données de la Banque de France ; et enfin en créant une démarche d’innovation. C’est ce cadre-là que nous avons ouvert notre Lab, notre laboratoire d’innovation ouverte. Sa mission est de mettre en relation notre activité, nos métiers et les acteurs innovants (les startups et notamment les Fintech).

Quels sont les projets de la Banque de France en 2019 ?

Nos grands projets sont orientés vers la digitalisation de nos processus métiers et la valorisation des données. Les objectifs de ces grandes directions est de rendre la Banque de France plus innovante et de favoriser l’appropriation des outils digitaux par les collaborateurs. S’y ajoute l’enjeu d’ouverture vers nos parties prenantes externes.

Parmi nos avancées en matière de digitalisation, je peux citer notre Autorité de Contrôle et de Régulation (ACPR) qui est en train de mettre en place un nouveau circuit pour les demandes d’agréments et d’autorisations incluant un portail et un suivi des dossiers pour les entités financières qui font les demandes d’agrément et d’autorisation.

Nous attendons également une avancée visible sur notre activité concernant le surendettement des ménages puisque nous allons ouvrir un portail destiné aux personnes surendettées. Il vise à faciliter l’envoi des documents et suivre l’avancement de leur dossier.

Nous travaillons ensuite au développement des titres court et moyen termes, dans les opérations financières : nous voulons digitaliser le marché des titres court et moyen termes, que l’on appelle les Neu CP, Negociable European commercial paper. C’est la Banque de France qui organise ce marché.

Par ailleurs, nous avons déjà une blockchain opérationnelle avec des établissements bancaires connectés et nous allons l’ouvrir à de nouveaux établissements bancaires.

En 2019, nous allons également ouvrir notre Open Data Room pour offrir des données granulaires à nos chercheurs. Aujourd’hui, l’Open Data Room est accessible au sein des locaux de la Banque de France (à Paris et à New York), nous allons désormais la rendre accessible à tous sur internet.

Le digital sert également à optimiser nos process internes. Les prochains projets concernent la digitalisation des achats et de la facturation.

Au final, nous développons des initiatives qui touchent à la fois à notre métier premier de politique monétaire (avec les titres court et moyen termes), de stabilité financière (avec l’ACPR) et de services à l’économie (avec les sujets de surendettement). 

Quel bilan du Lab Banque de France tirez-vous ?

Le Lab a bientôt deux ans ! Il est aujourd’hui dans son mode nominal. Ce Lab est à la fois un lieu, une démarche et une gouvernance liés à l’innovation au sein de la Banque de France. Il nous permet de nous connecter à tous les acteurs innovants et de traiter des problématiques métiers. Nous avons déjà mené beaucoup d’expérimentations : nous avons énormément de projets entrés en production, qui ne se sont pas arrêtés à la phase d’expérimentation mais qui ont donné lieu à des produits concrets.

L’initiative la plus visible a été la production de notre propre blockchain Banque de France, fin 2017. Elle s’adresse aux banques et permet de distribuer des identifiants de paiement, des identifiants créanciers SEPA. Le projet et le proof of concept ont été réalisés dans le Lab.

Nous avons également accéléré un projet de trading digital sur le marché d’échange, le Forex : la mise en production s’est faite en 2018. Il y a aussi des projets de traitement de données, d’algorithmes qui permettent de traiter les idées via l’intelligence artificielle et le machine learning : cela a été le cas sur un outil d’analyse des données de la circulation des billets, la circulation fiduciaire. Mais aussi sur un outil qui mesure la place de l’économie partagée et plus précisément l’hébergement. Il s’agit d’un indicateur qui nous permet de connaître, pour nos enquêtes de conjoncture publiées chaque mois, ce qui est produit par des acteurs comme Airbnb, Booking.com, etc. : comment de nuitées ? quels flux financiers ? C’est grâce à des analyses de données sociales provenant des réseaux sociaux, de forum et des sites de réservation, via le machine learning, nous obtenons des corrélations du nombre de nuitées exactes. Il ne s’agit pas de données auxquelles nous donnent accès ces sociétés mais de données accessibles sur les plateformes mentionnées. Nous sommes capables de donner les montants financiers correspondant à cette activité. Les indicateurs que nous avons testé pendant plusieurs mois sont désormais utilisés par notre direction des statistiques.

Le Lab de la Banque de France a également travaillé sur la réalisation d’un jeu, dans notre démarche de gamification. Il a été réalisé pour notre direction en relation avec les entreprises. Son objectif est de former et sensibiliser les chefs de petites entreprises à l’analyse financière et la gestion financière. Ce projet s’inscrit dans notre mission d’éducation des différents publics et en l’occurrence ici des chefs d’entreprise. C’est un jeu de plateau qui a été réalisé au Lab et qui est maintenant commercialisé.

La Banque de France est, on l’imagine facilement, un établissement qui ne manque pas de données. Comment travaillez-vous aujourd’hui pour valoriser tout votre historique data ?

Effectivement, la Banque de France est une usine à données ! Elle collecte, analyse et diffuse en grandes quantités auprès de son écosystème. Comme toutes les entreprises, nous sommes confrontés à la question de la transformation de l’économie. La donnée en est une ressource clé : elle doit être plus accessible et partagée.

Pour valoriser au mieux nos données, notre démarche s’appuie sur la construction de notre data lake, l’entrepôt de données global de la Banque de France. Grâce à cet outil, nous pouvons mieux partager nos données entre les différents métiers de la Banque de France. Il nous permet également de faire tourner nos algorithmes pour analyser et exploiter nos données. Nous l’avons ouvert fin d’année 2018 et nous mettons en place nos premières collectes et analyses sur ce data lake. C’est sur cette base que nous pourrons développer tout notre savoir sur l’intelligence artificielle, avec de nouveaux produits analytiques. Il va également nous aider à mieux préparer les données que nous allons diffuser à l’extérieur, comme à la Banque Centrale Européenne par exemple.

Pour notre data lake, il était essentiel d’avoir toutes nos données historisées. Ce projet d’ampleur vise à récupérer l’ensemble de notre patrimoine de données pour notre data lake. Nous publions des séries de données financières qui permettent de retracer l’évolution de tout un nombre d’indicateurs dans le temps. D’ailleurs, une partie des données agrégées sont publiées en open data, notamment sur notre site Webstat Banque de France ou sur l’Open Data Room pour les chercheurs à qui nous donnons accès à des données plus granulaires (et anonymisées si besoin).

Le projet de data lake vise à avoir une gestion unifiée de notre patrimoine informationnel, afin de mener des analyses sur de nombreux sujets.

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