Jérémy Jawish (Shift Technology) et Sébastien Loubry (AXA Venture Partners) : Assurtech vue de l'étranger

Contenu sponsorisé

Share on twitter
Twitter
Share on linkedin
LinkedIn

L’Assurtech a le vent en poupe : investissements, incubateurs dédiés, partenariats, etc. Et la France n’est pas en reste avec la levée de fonds remarquée d’Alan (23 millions d’euros en juin 2018) ou l’ouverture de l’accélérateur French AssurTech à Niort en début d’année.
Dès les débuts de l’Assurtech, il semble que les initiatives françaises et étrangères aient compris l’intérêt qu’elles avaient à se déployer et à trouver des synergies à l’international. La promesse d’une nouvelle assurance dépasse les frontières et se distingue probablement de sa cousine Fintech, plus sectorisée selon les territoires.
Doit-on forcément parler d’Assurtech à l’international ? Jérémy Jawish, co-fondateur et CEO de Shift Technology (parmi les 3 Fintech françaises du dernier classement 100 Fintech de KPMG) et Sébastien Loubry, Partner et Responsable Business et Communication chez AXA Venture Partners (le fonds d’investissement d’AXA, créé en 2015) prennent la parole.
Ils portent tous deux leur regard à l’international, avec des bureaux, des activités et investissements dans plusieurs grandes villes du monde. Nous avons la chance de faire parler ensemble l’une des Assurtech les plus prometteuses et un des plus grands grands fonds spécialisés en France. C’est parti !

Jérémy Jawish, pouvez-vous vous présenter ? Et présenter les derniers KPIs de Shift Technology ?

@Jérémy Jawish
Je suis Jérémy Jawish et je suis cofondateur et PDG de Shift Technology.  Shift Technology est une Assurtech, nous résolvons le problème de la détection des fraudes dans le secteur des assurances grâce à l’intelligence artificielle. Nous aidons les assureurs à détecter les demandes d’investigation potentiellement frauduleuses en appliquant nos algorithmes. Notre solution, « Force », fournit aux gestionnaires de sinistre des alertes sur ces sinistres en indiquant les informations à l’origine de la suspicion. Notre mission consiste à fournir à nos clients un outil puissant leur permettant non seulement de mieux identifier les fraudes éventuelles, mais de rendre également le processus d’enquête plus efficace.
Nous sommes très fiers et enthousiastes de la trajectoire que prend la société. Depuis notre lancement en 2014, nous avons levé plus de 40 millions de dollars, élargi notre présence à l’échelle mondiale (en ouvrant récemment de nouveaux bureaux à Boston et Tokyo), et signé de nombreux contrats avec plus de 60 assureurs en Europe, en Asie et en Amérique.
Plus récemment, nous avons annoncé un partenariat stratégique aux États-Unis avec le National Insurance Crime Bureau et nous avons signé un contrat avec HyreCar, une société innovatrice dans les secteurs du covoiturage et des assurances.

Sébastien Loubry, pouvez-vous vous présenter ? Et présenter les derniers investissements d’AXA Venture Partners ?

@Sébastien Loubry
Je suis Sébastien Loubry, associé au sein du fonds AXA Venture Partners depuis les débuts de l’activité, en charge du business development des sociétés de notre portefeuille et également des relations avec nos limited partners. Mon rôle consiste, une fois l’investissement réalisé, à accompagner et aider nos sociétés en portefeuille à se développer avec AXA et d’autres clients potentiels. A titre personnel, j’ai passé plus de 13 ans dans des fonctions diverses au sein du groupe AXA : direction financière et stratégique, puis marketing et communication ; fort de cette expérience et connaissance du monde AXA, je suis en mesure d’accompagner nos sociétés vers les meilleurs interlocuteurs.
AXA Venture Partners est un fonds d’investissement doté de 500 millions d’euros, lié à AXA dans son financement mais autonome dans son fonctionnement et ses prises de décision d’investissement. Avec des bureaux à San Francisco, New York, Londres, Paris et Hong Kong, nous investissons en minoritaire dans des sociétés en croissance qui opèrent dans les secteurs suivants : Assurtech et Fintech, cybersécurité, santé digitale, SaaS platforms et plus récemment HR (Human Resources) Tech. Nos récents investissements se sont faits dans le domaine de la santé digitale (K4connect, Mindoula) des HR tech (Phenom People, hackajob) et de la cybersécurité (Futurae).

Comment expliquez-vous la concentration de l’activité de l’Assurtech en Amérique du nord ?

@Sébastien Loubry
Les Américains ont très rapidement réfléchi aux impacts que pouvaient avoir certains secteurs sur l’industrie financière. A titre d’exemple, beaucoup d’acteurs dans l’Assurtech aux Etats-Unis se sont inspirés de modèles de distribution ou de parcours clients proches de ce qui se fait dans la distribution (Amazon) ou encore le digital. Lemonade ou Oscar ont principalement travaillé sur l’UX et l’expérience client, apportant ainsi une certaine nouveauté sur le marché. D’autres acteurs comme Verifly par exemple ont travaillé sur l’assurance on-demand, lié à l’usage. Anticipation des besoins, compréhension de modèles alternatifs, rapidité d’exécution sont autant de facteurs qui expliquent la concentration et la différence de rythme dans le développement des Assurtech aux US.
@Jérémy Jawish
L’Amérique du Nord et la région de Boston où se trouvent nos bureaux aux États-Unis possèdent une longue tradition de soutien aux secteurs de l’assurance et des technologies. Je pense qu’il est logique que l’on observe une synergie entre ces deux secteurs, cela crée un écosystème très favorable à l’émergence de la dynamique que vous mentionnez.
Mais, il est également important de souligner que l’Assurtech n’est pas un secteur unique et homogène. Tandis que des entreprises comme Oscar et Lemonade utilisent la technologie pour repenser les produits d’assurance, des sociétés comme Shift se servent de la technologie pour repenser et réinventer le processus d’assurance. Il y a énormément d’opportunités dans cet environnement, et je ne crois pas qu’elles soit nécessairement liées à la géographie. Au contraire, on observe un thème récurrent dans l’innovation dans l’Assurtech, que ce soit au niveau du produit ou du processus, qui est un attachement permanent à l’amélioration de l’expérience client et la suppression des sources de friction engendrées par les dynamiques actuelles du marché comme la transformation numérique.
Pour revenir à la question géographique, en particulier pour Shift, nous sommes extrêmement fiers d’être une startup française reconnue mondialement pour notre travail dans l’intelligence artificielle. Qui sait, peut-être que la prochaine grande révolution Assurtech viendra de Paris !

Sébastien Loubry, est-ce que l’état d’esprit des Assurtech américaines est le même que les Assurtech européennes ?

@Sébastien Loubry
Les Assurtech américaines ont probablement pour intention de décloisonner le secteur et de travailler sur l’usage et l’expérience utilisateur. L’approche américaine est très certainement plus orientée sur le client et sur son parcours d’achat, l’assurance n’étant qu’un élément secondaire. L’usage des données et la capacité à tester de nouvelles choses sont également plus développées aux Etats-Unis, facilitant ainsi l’adoption de nouveaux modèles.

Comment une Assurtech française peut-elle faire sa place face aux géants américains ou asiatiques ?

@Sébastien Loubry
Les Assurtech françaises ont une carte à jouer aux US, si ces dernières se concentrent notamment sur leur différenciation technologique. La Tech française est de bonne qualité et les universités françaises et grandes écoles sont à l’origine de nombreux talents en la matière. Pour gagner cette bataille, il est également nécessaire que les Assurtech françaises aillent recruter sur les fonctions sales et clients des experts issus d’autres industries dans le e-commerce, la distribution, le digital.

Jérémy Jawish, quels sont les territoires sur le globe où l’Assurtech prend de l’ampleur dernièrement ?

@Jérémy Jawish
Les Assurtech ont commencé aux Etats-Unis comme la plupart des secteurs technologiques et se sont très vite étendus à la Chine. Ce que nous vivons en ce moment est en quelque sorte le réveil de l’Europe qui a traditionnellement été le berceau de l’assurance. Une revanche que nous sommes fiers de porter chez Shift. L’aubaine pour les entreprises comme Shift qui fournissent des solutions technologiques aux assureurs est que c’est un secteur omniprésent dans notre société. Même si la consommation du produit-assurance peut changer selon les régions (par exemple l’assurance pour les accidents du travail est bien plus répandue aux États-Unis que dans les autres pays), les compagnies d’assurance opèrent dans tous les pays.

Comment Shift Technology a choisi d’implanter ses bureaux dans les différents pays ?

@Jérémy Jawish
Sans que cela contredise ma réponse précédente au sujet de l’universalité de l’assurance, certaines villes du monde sont réputées pour être de grands centres pour l’assurance. Pour nous, il est judicieux d’être présents dans ces écosystèmes où il y a une grande concentration de compagnies d’assurance. Singapour, Londres, Zurich, Hong Kong, Boston, Tokyo, Madrid et Paris sont toutes des pôles majeurs dans le secteur des assurances. Nous positionner à proximité de nos clients et de nos prospects est donc logiquement un élément clé de notre stratégie de croissance.

Comment créer une vraie dynamique internationale pour accélérer les Assurtech, en faisant fi des frontières ?

@Sébastien Loubry
Il est nécessaire de ne pas opposer le monde des startups, des Assurtech et les corporates. Pour avancer et se développer, une logique de partenariat plus que d’intégration est sans doute le bon mode opératoire. Une structure comme AXA Venture Partners a les moyens à la fois de financer des Assurtech mais également de les aider à se développer avec AXA ou d’autres clients, en leur apportant de l’expertise métier, un network à l’international et une base de clients potentiels. La coopération entre grands groupes et Assurtech est nécessaire : sur le financement et sur le développement business.
@Jérémy Jawish
Je reviens encore une fois à l’idée de l’universalité de l’assurance. C’est un secteur mondial et il est prêt pour la transformation numérique. Nous apportons de nouvelles solutions extrêmement prometteuses à notre clientèle, en répondant à leur besoin d’automatiser des processus qui étaient jusqu’alors manuels et nécessitaient un travail intensif.
Plutôt que penser aux frontières, nous devons penser aux défis que les nouvelles technologies peuvent résoudre et comment nous pouvons collaborer dans ce sens .

Share on twitter
Twitter
Share on linkedin
LinkedIn

La newsletter

Abonnez-vous à notre newsletter, pour ne rien rater des grandes tendances et des transformations du secteur !