Céline Lazorthes (Leetchi, MANGOPAY) et Anaïs Raoux (WAKE UP) : "La fintech n'est pas uniquement un milieu pour les hommes de 40 ans"

Contenu sponsorisé

Share on twitter
Twitter
Share on linkedin
LinkedIn

L’équipe de Finance Mag est largement féminine et pourtant, on s’aperçoit que nous avons peu l’occasion d’interviewer des femmes, pas faute d’y faire attention.
Il serait difficile de dire que la Fintech est un secteur paritaire tant les chiffres sont parlants : la filière n’embauche que 26 % de femmes et 9 CEO Fintech sur 10 sont des hommes. (étude Finance Innovation et Exton Consulting, 2018).
On pourrait supposer que les femmes sont moins attirées par le secteur de la finance, ce qui est pourtant loin d’être le cas, le secteur financier étant un de ceux les plus féminisé : 55% de femmes. Seulement 16% d’entre elles sont présentes dans les comités exécutifs…
Au-delà du nombre de femmes dans les Fintech, le sujet de l’inclusion se porte aussi sur la qualification de leur travail dans les Fintech : Quels sont les postes qu’elles occupent dans la hiérarchie ? Quel est leur temps de parole dans l’univers Fintech ? Comment les qualifie t’on dans les discours médiatiques ?
Alors pourquoi les femmes font-elles “encore” sujet dans la Fintech ? Pour creuser, nous avons demandé l’avis de deux femmes reconnues et à succès dans le secteur de la Fintech.
Céline Lazorthes est fondatrice et Chairman de Leetchi et CEO et Chairman de MANGOPAY. Anaïs Raoux a été Déléguée Générale de l’association d’entrepreneurs France Fintech avant de fonder l’école de développement personnel WAKE UP.

Anaïs Raoux, quel est le chemin parcouru par WAKE UP depuis sa création fin 2016 ?

@Anaïs Raoux
Il s’est passé beaucoup de choses depuis la création ! L’école WAKE UP a beaucoup évolué et aujourd’hui nous la définissons véritablement comme une école de développement personnel : nous aidons les élèves à trouver une place et un métier dans lesquels ils s’épanouissent vraiment. Nous avons créé des outils en ligne et des programmes exclusifs pour remplir cette mission. Les programmes se déroulent sur 6 semaines pour chaque promotion.
Nous formons tout d’abord aux industries du futur telles que la nouvelle finance avec le programme Fintech. Nous allons ouvrir d’autres verticales dans les prochains mois sur des sujets qui nous intéressent, comme l’agriculture, la santé ou l’énergie. En janvier dernier, nous avons lancé un programme Action pour toutes les personnes qui ont un projet de vie et pour les entrepreneurs : nous les accompagnons pour être plus performant. L’accompagnement comprend un premier bilan et un coaching de 3 mois. Notre dernier programme s’appelle le programme Ikigai : l’objectif est de faire un bilan sur 1 mois pour éclaircir ses objectifs de carrière, notamment lorsque l’on souhaite se reconvertir et changer de métier. L’idée pour la personne accompagnée est de prendre le temps de bien se connaître et de voir vers quelles directions aller.
Aujourd’hui, nous avons une centaine d’anciens élèves et avons accumulé 7 promotions au total. Sur le programme Fintech, nous avons plus précisément 75 anciens élèves et 79% des personnes qui suivent ce programme Fintech évoluent dans leur carrière (en changeant de métier, en entreprenant, en évoluant en interne dans leur entreprise, en prenant des postes liés à l’innovation, etc.). Sur la partie en ligne, nous avons construit notre propre test de personnalité pour mieux orienter les personnes : nous sommes capables de faire le lien entre la psychologie, la personnalité et les opportunités de carrière. Nous avons fait passer ce test à 25 000 personnes au total.

Céline Lazorthes, quelles sont les actualités de Leetchi et de MANGOPAY ?

@Céline Lazorthes
Pour bien préciser le contexte, je rappelle que Leetchi s’est lancé en novembre 2009 : le projet est né de mon expérience d’étudiante et plus précisément de mes difficulté à récolter l’argent pour le week-end d’intégration de ma promotion. J’ai été diplômée il y a 10 ans, en juin 2008 : cette période de crise globale était le bon moment pour entreprendre. J’ai créé cette plateforme qui permet de collecter de l’argent à plusieurs, quelque soit le type de collecte (cadeau d’anniversaire, pot de départ, solidarité entre proches, etc.). Chez Leetchi, j’ai un rôle de Chairman, et une nouvelle CEO a été nommée en avril dernier, Alix Poulet. Elle était depuis 12 mois dans nos effectifs en tant que Directrice des Opérations et je l’avais recrutée avec l’ambition de la nommer CEO.
Aujourd’hui, nous avons plus de 10 millions de clients chez Leetchi, répartis dans 150 pays, principalement en Europe. Les marchés les plus importants sont l’Angleterre, la France, l’Espagne et l’Italie. Nous avons beaucoup développé au Royaume-Uni et en Allemagne : par exemple en Allemagne, nous avons deux cagnottes qui ont été mises en place par des journalistes connus pour soutenir le bateau de migrants coincé à Malte. A la mi-juillet, nous étions déjà à 250 000 euros sur chacune de ces cagnottes. Cette croissance à l’international fait partie de nos actualités. L’année 2018 sera également un vrai tournant pour Leetchi car ce seront plus de 200 millions d’euros collectés, dont 50 millions sur des collectes que nous appelons des “cagnottes solidaires”. Elles correspondent à des opérations de solidarité entre proches. Le besoin est né pendant les attentats, suite auxquels nous nous sommes rendus compte d’un phénomène assez impressionnant : des personnes créaient des cagnottes pour les familles des victimes, pour les soutenir financièrement, pour leur exprimer leur générosité et soutien. Aujourd’hui, ces collectes représentent ¼ des montants récoltés sur Leetchi. Je trouve qu’il y a beaucoup de force dans ce service : cela permet de redonner du pouvoir aux citoyens et de leurs donner les capacités de changer le monde s’ils en ont envie.Concernant MANGOPAY, j’en suis la CEO et je suis également Chairman. MANGOPAY est née il y a 5 ans, de ma première expérience chez Leetchi : nous n’avions pas accès aux solutions de paiement dédiées aux métiers de crowdfunding et nous avons été obligés de développer notre propre solution. L’ambition de MANGOPAY est de permettre aux plateformes des marketplace de “banquetter” et de reverser des paiements partout dans le monde.
Aujourd’hui, nous avons une très forte croissance, et des équipes dans 5 pays : en France, en Irlande, au Luxembourg (où nous avons notre propre établissement bancaire), en Angleterre et en Allemagne. Aujourd’hui, nous avons plus de 2500 plateformes clientes, notre vision est donc industrielle. Plus de 50% de notre chiffre d’affaire est fait en dehors de la France et dans cette part de chiffre d’affaire, la répartition est quasiment équivalente entre l’Allemagne et l’Angleterre. Ensuite, il se fait en Hollande, en Italie, dans les pays nordiques et pays de l’est. L’actualité de MANGOPAY, c’est sa croissance : en 2017, nous avons fait 1 milliard de volume et nous avions fixé un objectif de 2 milliards de volume en 2018. Cet objectif était déjà ambitieux et à priori nous allons le dépasser de 20% à 30%. Nos enjeux sont liés à la scalabilité, à la sécurité, à la croissance et à l’excellence (une obligation dans notre métier).

Honnêtement, êtes-vous agacées que l’on vous convie à cette interview croisée en vous renvoyant à votre genre plus qu’à vos nombreux succès d’entrepreneures ?

@Anaïs Raoux
Je ne dirai pas que je suis agacée. A mes yeux, c’est le sens de l’histoire. Cette question me fait me demander pourquoi nous en sommes arrivés là. C’est une tendance de société, avec des mouvements comme #Metoo qui provoquent une libération du point de vue féminin. C’est un ajustement de la société et nous sommes dans cette phase de transition où nous avons encore besoin de voir des personnalités féminines entreprendre ainsi que des rôles modèles. Nous avons besoin de mises en lumière de femmes qui créent des initiatives et qui prennent des risques pour susciter des vocations et pour leur laisser la place de s’exprimer librement.
D’un point de vue plus global, on a vu l’émergence de podcasts comme La Poudre où sont interviewées des personnalités féministes. Il existe aujourd’hui davantage d’espaces où les femmes peuvent s’exprimer. Cela évite qu’on parle à leur place, comme notamment en politique où il y a très peu d’invités féminines et où ses dernières se font facilement couper la parole.
Donc pour moi, ce n’est pas de l’agacement mais plus le sens de l’histoire : l’idée est d’épuiser le sujet jusqu’à ce qu’il n’y ait plus cette distinction de genres à terme. Mais aujourd’hui, je pense que c’est une bonne chose.
@Céline Lazorthes
Je partage tout à fait l’avis d’Anaïs. Je ne suis pas du tout gênée lorsqu’on m’interroge sur ce sujet, on ne peut pas renier qui nous sommes. Ce qui peut m’agacer par contre c’est lorsqu’on me demande ce que cela fait d’être une femme dirigeante : forcément qu’il est difficile de répondre car je ne sais pas ce que cela fait d’être un homme !
Les chiffres sont parlants et ce que je trouve inquiétant, c’est que dans les 10 dernières années, il y a eu peu d’évolutions. Il n’y a pas plus de femmes qui entreprennent et de femmes dans les Tech. Par rebond, nous n’en trouvons pas plus dans les Fintech. Nous sommes ici à la croisée de 2 mondes où il y a peu de femmes.
Le problème est plus global : lorsqu’on regarde ce que partage le compte Twitter “Pépites sexistes” (avec par exemple une publicité de Center Parc où il est dit “Quand j’serai grand, j’serai princesse et chevalier”), on ne fait que véhiculer des clichés du garçon qui porte les armes, va au combat et protège ; et le cliché de la fille qui est dans sa tour d’argent en jolie robe et qui attend. Le problème est que l’on met ces clichés dans la tête des enfants. Il est difficile de sortir de ces schémas lorsque l’on est éduqué comme cela. J’ai de la chance de mon côté d’avoir des parents qui ne m’ont pas du tout éduqué de cette façon : j’étais garçon manqué, très sportive et casse-cou. Je préférais les voitures aux poupées et ils n’ont jamais réprimé mes choix. Au contraire, ils ont nourri chez moi l’idée que tout est possible et que ce n’est pas parce que l’on est une fille, que l’on ne peut pas faire les choses.
J’ai investi dans une vingtaine de sociétés, dont ¼ sont portées par des femmes : c’est beaucoup plus que dans n’importe quel fonds d’investissement. Forcément, j’ai un tropisme féminin mais je vois énormément de dossiers où les femmes n’osent pas, où leurs ambitions sont très limitées, mettant en péril la viabilité du projet. Il y a un vrai problème d’éducation. Souvent, lorsque les hommes entreprennent, c’est parce qu’ils ont fait un constat de marché et une école de commerce : ils ont la connaissance du fonctionnement du financement et savent par exemple comment réaliser un business plan. Les femmes entreprennent souvent parce qu’elles constatent un besoin chez elles qui n’était pas résolu ou parce qu’elles viennent du milieu de l’artisanat : elles n’ont pas le savoir-faire pour lancer une entreprise et sont très réprimées. Et il faut rajouter à cela le problème de l’éducation au démarrage et de l’éducation au moment des études.
Nous manquons de modèles, car nous agissons par identification. Si vous ne voyez que des hommes blancs de 40 ans dans ce milieu et que vous ne rentrez pas dans cette catégorie, vous ne pouvez pas imaginer que cela est possible pour vous.
Justement, nous avons l’impression que l’enjeu en France est encore très tourné autour de l’éducation et de l’encouragement pour les femmes à s’orienter vers ce secteur et à évoluer dans leur carrière.
Lorsqu’on lit les manifestes d’initiatives étrangères comme “Women in Fintech” en Angleterre, l’enjeu est de faire la lumière sur tout ce que les femmes ont déjà fait dans et pour la Fintech.

Doit-on passer à l’étape suivante en France et cesser de parler de l’éducation des femmes à la finance ?

@Anaïs Raoux
Je pense qu’il y a deux réflexions importantes à ce sujet : tout d’abord, le modèle des femmes attire les femmes. Prenons l’exemple de Solene Maître qui est Directrice Produit chez KissKissBankBank et intervient dans le programme Fintech WAKE UP : son équipe est presque entièrement féminine. Et je sais que c’est aussi le cas chez MANGOPAY, qui a 45% de femmes dans ses équipes.
Il faut ensuite rappeler que dans la Fintech, il y a beaucoup d’hommes issus du milieu de la finance traditionnelle, qui ont créé des Fintech car ils ont vu des opportunités et des chaînons manquants. Ils peuvent ainsi re-créer des schémas patriarcaux avec, de nouveau, des hommes à la tête de l’entreprise et quelques femmes au bout de l’exécution. Il y a cet héritage de la finance traditionnelle, que l’on doit ajouter au manque de rôles modèles.
Il y a un double challenge : premièrement de faire un vrai effort pour attirer les femmes dans les équipes et pas seulement pour faire bien sur la photo, mais pour challenger et remettre en question les codes. Et deuxièmement, d’arriver à se détacher de ces traditions masculines.
Céline et moi avons un grand avantage dans nos parcours, nous avons façonné nos projets avec ces convictions. En créant WAKE UP, j’ai créé une école à mon image, avec des professeurs intervenants qui sont à parité et des élèves à parité. Mais pour les Fintech et les boîtes de la Tech dont les fondateurs n’avaient pas initialement ces valeurs, ce n’est pas évident de relever ces challenges.
@Céline Lazorthes
Je partage complètement l’avis d’Anaïs. Il y a beaucoup de femmes dans la finance et dans les banques : mais elles ne sont pas à des postes clés et à responsabilités. Il y a un entre-soi terrible dans ce milieu !
Lorsque nous avions déposé notre fonds d’établissement bancaire, du fait qu’il soit déposé par une femme et à l’époque une femme âgée de 27 ans, on m’a regardé de haut. On m’a alors demandé quelle légitimité j’avais à faire cela et quelle était mon expérience dans le milieu bancaire, et c’est certain qu’à cet âge, on ne peut pas avoir une grande expérience dans le secteur. Aujourd’hui, le fait que MANGOPAY soit dirigé par une femme et ait une femme au poste de Chief Technical Officer font que nous avons recruté beaucoup de femmes. Je pense qu’on a attiré des profils qui étaient plus à l’aise à l’idée d’évoluer dans une boîte qui soit dirigée par des femmes. L’équipe comporte 45% de femmes et au directoire nous sommes 3 dont 2 femmes. Et au Top Management, nous comptons 3 femmes et 4 hommes. Nous sommes un ovni sur la planète !
Dans le milieu de la finance, le problème est que les femmes ne sont pas à des postes à responsabilité et généralement, cela ne se fait pas avant l’âge de 30 ans. C’est notamment dû à la maternité. Souvent les femmes sortent des mêmes écoles que les hommes et commencent leur carrière de la même façon mais le congé de maternité créé un écart. C’est un sujet important que nous portons chez MANGOPAY où nous avons passé le congé paternité à 3 semaines : cela implique des coûts supplémentaires et une autre organisation. Le minimum légal du congé de paternité est de 11 jours ouvrés : mais en France, ces congés sont assez peu pris car les hommes n’osent pas les prendre. Lorsque l’on remet tout cela bout à bout, je pense que nous avons encore besoin d’éduquer et nous avons besoin de dire que c’est possible.
Je me souviens lorsque j’ai rencontré Susanne Chisti, la fondatrice et CEO de Fintech Circle en Angleterre, nous nous sommes presque tombées dans les bras en se disant “Ma compatriote ! Nous sommes dans le même bateau de galères !”. Parce que nous sommes toute la journée dans un milieu d’hommes qui souvent nous prennent pour des idiotes.
J’aurai beaucoup d’anecdotes à raconter : par exemple, quelqu’un m’a dit un jour “Je ne savais pas que Leetchi c’était de la Tech !”. J’aurai eu envie de répondre : “Alors c’est quoi si ce n’est pas de la Tech ? J’enfile des perles peut-être ?”. Beaucoup de fois, on nous a dit que ce n’était pas possible de faire ce que l’on fait : alors premièrement, on le fait et deuxièmement, on ne le fait plutôt bien. Laure Némée, la CTO de Leetchi et MANGOPAY a aussi des anecdotes terribles : elle s’est rendue il y a quelque temps à un meetup de CTO organisé par France Digital et la première question qu’on lui a posé était “Mais toi, tu fais quoi exactement ?
En 2018, 26% des collaborateurs dans les Fintech sont des femmes. En 2016, on trouvait 55% de femmes dans le secteur financier.

Les Fintech, bien qu’en avance sur les technologies, sont-elles en retard sur la parité ?

@Céline Lazorthes
Les Fintech ne sont pas du tout en retard : dans la banque et la finance, les femmes ne sont pas à des postes à responsabilité. Il y a moins de 10% de femmes dans les comités exécutifs ! Elles sont sur des métiers exécutifs, en agences, etc. Et dans les Fintech, il y a moins de métiers de back-office et plus de postes à responsabilité par rapport à la finance. On est même plutôt en avance, mais des efforts restent à faire.
Des études prouvent que si une communauté n’est pas représentée au minimum à 30% dans un groupe, elle n’est pas du tout représentée. Et cette communauté n’est pas représentée dans les décisions qui sont prises, dans les actions qui sont organisées, etc. Donc 26%, ce n’est pas assez !
@Anaïs Raoux
Oui dans un sens on peut dire que l’on s’en sort plutôt bien en Fintech. Surtout si l’on tient compte de cet héritage de la finance traditionnelle où la femme est sous-représentée dans les postes à responsabilité.
Je crois que les femmes qui ont aujourd’hui des postes à responsabilité dans les Fintech joueront le rôle d’entraîneurs pour atteindre les 55 % du secteur. Ça se fera à mesure que les Fintech vont aussi grandir.
Lorsque l’on tape “Femmes” et “Fintech” sur Google, les ¾ des premiers résultats titrent “le Top 10 des femmes de la fintech influentes” VS lorsqu’on tape “Hommes” et “Fintech”, on nous propose des articles parlant de l’industrie de la Fintech et quelques-uns sur “le Top des Fintech les plus prometteuses”.

Qu’est-ce que cela vous inspire  ?

@Céline Lazorthes
Les femmes sont représentées par leur genre, là où les hommes sont représentés par leurs compétences. C’est assez symptomatique. Mais je ne suis pas très étonnée car il y a très peu de femmes dans la Fintech : les articles qui parlent de nous se demandent davantage qui nous sommes plutôt que de se demander quelles sont nos compétences.
@Anaïs Raoux
C’est un sujet de société ! Et les gens aiment bien ce genre de formats de “Top 5” ou “Top 20” qui font cliquer. On verra si l’avenir me donne tort ou raison, mais selon moi nous sommes dans une phase de transition. Cela veut dire qu’il y a encore du chemin mais que nous allons y arriver 

Considérez-vous votre genre comme un atout ou comme un frein dans l’entreprenariat ?

@Anaïs Raoux
Oui, c’est un atout ! Mais le genre n’est pas vraiment le sujet quand on entreprend parce que tout est à créer et qu’on peut le créer à notre image.
C’est donc plus une histoire de talent, et on en parle beaucoup chez WAKE UP. Mon talent c’est d’arriver à entraîner d’autres personnes autour d’une idée et cette qualité n’est ni féminine, ni masculine.
Il y a une réelle liberté à saisir dans l’entrepreneuriat, et aujourd’hui je suis ravie d’arriver à créer une parité autant au niveau des intervenants que dans nos promotions d’élèves.
@Céline Lazorthes
C’est un atout pour deux raisons selon moi : tout d’abord, comme nous sommes peu nombreuses, nous sommes plus visibles ! Et lorsque l’on fait des métiers comme les nôtres, la visibilité est le nerf de la guerre. La visibilité médiatique m’a beaucoup aidé : c’est toujours bon à prendre si on en fait bon usage.
Deuxièmement, je suis convaincue qu’être une femme CEO m’a permis de recruter les meilleures personnes. J’ai recruté plus de femmes et apporté plus de diversité. Et j’ai aussi recruté le meilleur des hommes parce que j’ai recruté des hommes qui étaient prêts à travailler pour des femmes. Honnêtement, cela m’a permis de faire un tri et de trouver les meilleurs profils.
Je voudrais aussi souligner que le terme qu’Anaïs a utilisé, celui de “talent”, est vraiment révélateur, et je le trouve important. C’est quelque chose que les femmes n’osent pas dire. L’entrepreneuriat ce n’est que du travail acharné, c’est bosser comme un dingue. La talent n’est pas un moyen, un savoir-faire ou une compétence : c’est juste d’y aller le couteau entre les dents et de bosser des heures sur son projet. Honnêtement, il n’y a pas plus de secret que ça.

Quels sont les réseaux que vous conseillez aux femmes qui démarrent leur carrière dans la Fintech ?

@Céline Lazorthes
Alors forcément, je recommande à toutes de passer par WAKE UP ! Moi, c’est quelque chose que j’aimerai faire à un moment dans ma carrière : reprendre le temps d’apprendre, de ralentir le rythme, etc.
Ensuite, il y a Willa qui est un super incubateur dédié aux femmes, pas uniquement dans la Fintech. Cela peut aider certaines d’entre elles.
Après, France Fintech reste un acteur incontournable dans le secteur. C’est l’association par laquelle nous nous sommes rencontrées avec Anaïs et qui promeut les Fintech en France.
@Anaïs Raoux
Ce que l’on essaie de recréer au sein de l’école et qui est applicable à tous les réseaux, c’est de créer un réseau où les personnes à l’origine sont ouvertes et bienveillantes. Lorsque l’on est dans ce changement de carrière, il est important de s’entourer de gens qui vont vous épauler, vous challenger.
Personnellement, lorsque j’étais dans cette transition professionnelle, je me suis engagée en tant que bénévole dans le réseau Femmes Business Angels : il y avait une grande bienveillance, une entraide et sororité dans ce réseau féminin. Cet esprit d’ouverture et bienveillance manquent et cela est peut-être à créer davantage. C’est ce que nous essayons de faire chez WAKE UP. Mais je pense que l’avenir, ce sont aussi les réseaux mixtes : nous n’avancerons pas toutes seules et les hommes n’avanceront pas seuls non plus. Il faut recréer cela.

Share on twitter
Twitter
Share on linkedin
LinkedIn

La newsletter

Abonnez-vous à notre newsletter, pour ne rien rater des grandes tendances et des transformations du secteur !