Jean Rognetta : « La blockchain peut sécuriser les transactions et simplifier le back office des marchés financiers »

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Franco-italien, économiste de formation, journaliste et auteur de plusieurs ouvrages, Jean Rognetta préside depuis 2010 l’association PME Finance. En 2015, il devient le délégué général de Croissance Plus. Au sein de ces deux associations, il promeut notamment l’émergence d’un « internet de confiance » fondé sur la technologie blockchain. FinTech Mag a voulu en savoir plus.
On en parle beaucoup, mais c’est quoi au juste une blockchain ?
La blockchain est une base de données distribuée, ce qui signifie qu’elle est présente et mise à jour simultanément dans tous les ordinateurs participants à la chaîne. On appelle ces participants des « mineurs ». Dans cette chaîne, chaque nouvel enregistrement constitue un nouveau maillon, autrement appelé « bloc » et l’enchainement de ces maillons, ou blocs, constitue la blockchain.
Qu’est-ce que ca apporte ?
Que le système soit décentralisé signifie qu’au lieu de devoir consolider l’information en un point qui serait l’autorité centrale, l’ensemble de l’information est disponible en chaque nœud du réseau. Il n’est plus besoin d’un « grand livre » central pour valider l’ensemble des informations. Par exemple dans le cas du bitcoin, l’ensemble des transactions sont enregistrées après avoir été confirmées en chaque nœud du réseau. Il n’est donc plus nécessaire d’avoir une autorité centrale ou un hôtel des Monnaies pour s’assurer qu’il n’y a pas eu de fraude ou double dépense. La méthode – dite de consensus – utilisée par bitcoin pour valider les informations permet d’éviter toute fraude tant que personne ne détient plus de la moitié de la puissance de calcul.
C’est-à-dire ?
On utilise l’énergie comme moyen de vérification : cela coûte réellement du temps et donc de l’énergie de participer à la sécurité du réseau. En conséquence, tous les participants ont intérêt à ce que le réseau fonctionne et garde une valeur. Le travail consiste en une opération mathématique qu’il faut répéter plusieurs centaines de milliards de fois pour proposer un bloc de transactions. Les transactions inscrites dans ce nouveau bloc seront ensuite certifiées par le réseau à l’aide d’un protocole de vérification. Tant que plus de 50% de la puissance de calcul sur le réseau n’est pas sous contrôle d’un tiers malveillant, cette méthode est considérée comme mathématiquement inviolable. Cela porte le nom poétique de « problème des généraux byzantins ».
Blockchain, bitcoin, c’est quoi la différence ?
La blockchain est la technologie qui a permis de créer le bitcoin. Bitcoin est une application, la première à avoir été déployée massivement sans que personne, semble-t-il, ne soit parvenu à falsifier la chaîne. On a hacké des « wallets » et des identités, mais la blockchain elle-même n’a pas été violée.
Le grand enthousiasme autour de bitcoin provient du fait qu’on s’est aperçu, avec le recul, que personne ne pouvait produire de la fausse monnaie. On peut toujours vous braquer votre portefeuille mais il est tout bonnement impossible de créer de faux bitcoins.
C’est pour cela que la blockchain recueille-t-elle tant de suffrage ?
Oui, justement parce que c’est la seule technologie sûre. La grande épée de Damoclès au dessus des Fintech, c’est la sécurité. Et comme on est sur des technologies web, on a beau empiler les dispositifs de sécurité, on n’est jamais sûr de rien. Quand on s’est aperçu que la blockchain est la seule technologie web qui n’a jamais été hackée, l’enthousiasme a commencé à gonfler…
Et c’est pourquoi ce qui se passe sur Ethereum après le hack de TheDAO est important. Il ne faut pas que la confusion s’installe dans les esprits et que les gens se disent que la chaîne a été touchée. Une « hard fork » est sans doute opportune pour rétablir la confiance, même si elle ne s’impose probablement pas technologiquement.
Pourquoi alors le bitcoin est-il si souvent associé à l’argent du crime ?
Parce que la structure même du bloc bitcoin n’est pas compatible avec les obligations des organismes financiers en matière de Lutte anti-blanchiment et financement du terrorisme (la LAB FT). Il faut apprendre à déployer des blockchain avec des transactions en euros et des blocs, ou des smart contracts, compatibles avec les normes de LAB FT. La position de CroissancePlus-PMEfinance, c’est qu’il faut créer une ou plusieurs de ces chaînes, sous l’autorité d’un régulateur issu de l’AMF, de l’ACPR et de la Banque de France. Ces derniers veillent à ce que la méthode choisie par les mineurs pour empêcher la fraude sur une chaîne spécifique soit robuste. Le groupe Fintech qui vient d’être créé par l’AMF et l’ACPR pourrait en former le noyau.
Qu’est-ce que remplace la blockchain ?
La blockchain remplace potentiellement tous les intermédiaires de confiance. Elle ubérise Uber. Mais aujourd’hui, le seul déploiement d’une blockchain à grande échelle, c’est le bitcoin. De ce point de vue, il est intéressant de comparer la cryptomonnaie aux trois fonctions qu’Aristote donnait à la monnaie : l’unité de compte, la réserve de valeur, l’intermédiaire des échanges. Le bitcoin est clairement une unité de compte et c’est en train de devenir une réserve de valeur, mais l’intermédiaire des échanges, en fait, c’est la blockchain.
Une première application financière « officielle » a été lancée en 2015 par le Nasdaq, via la plate-forme Linq, qui permet d’échanger des titres de sociétés non cotées. C’est en fait une dérivation de bitcoin mais elle est symptomatique des activités qui semblent destinées à être touchées en premier par le déploiement de blockchain. Et quand un État approche de la faillite, alors le bitcoin se révèle une alternative intéressante. On dit que le plan de Iannis Varoufakis pour la sortie de la Grèce de l’euro s’appuyait sur le bitcoin… Mais il vaut mieux ne pas en arriver là !
À quelles fins utiliser la blockchain ?
D’abord, pour créer une chaîne d’échange de titres non cotés et de parts de fonds. En s’inspirant des smart contracts sur Ethereum (ou en utilisant la chaîne), on peut étudier des modules qui se chargeront des déclarations administratives et fiscales, avec un niveau de publicité personnalisable. Ce sera une simplification considérable pour tous ceux qui veulent créer une start-up en France !
Au fond, une blockchain peut sécuriser des transactions et simplifier considérablement presque tous les back-offices financiers. Pour ce qui est des actions cotées, c’est un peu plus compliqué au point de vue règlementaire et européen, mais la Blockchain a un potentiel impressionnant de simplification des opérations de compensation, règlement et livraison, ce qu’on appelle le « post-marché ». Pour la France, le passage sur blockchain représente sans doute la meilleure opportunité pour Euronext de reprendre pied sur le marché des chambres de compensation et de s’étendre à l’étranger.
Enfin, et il faudra l’envisager dans un 3e temps, une transaction effectuée sur une blockchain, parce qu’elle est certifiée, peut prendre la valeur d’une acte authentique. Aujourd’hui, toute modification du cadastre, donc toute transaction immobilière doit être certifiée par un notaire. Avec la blockchain, potentiellement, le recours au notaire n’est plus nécessaire pour effectuer une transaction immobilière. Des petits pays comme l’Estonie ou le Honduras ont déjà fait des expériences en ce sens. Mais la blockchain devra faire ses preuves auparavant !
Consulter les rapports de Croissance Plus
Rapport Fintech 2020
Les enjeux des chaînes de consensus pour la place financière de Paris

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