Le blanchiment d’argent : quel coût humain ? (partie 2)

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Une enquête menée par Enda Shirley, responsable de la conformité chez BAE Systems Applied Intelligence, montre que le blanchiment d’argent continue de se développer pour atteindre 2 à 5 % du PIB mondial. Si tant est que le phénomène soit réellement mesurable car obscur par nature. 

Les responsables de la conformité des institutions financières ont bien conscience de leur devoir de diligence et de leur rôle essentiel dans la mise à jour de cette activité criminelle. Mais le respect de leurs obligations butte sur plusieurs difficultés. En établissant une référence, l’enquête permet d’évaluer l’évolution des défis depuis un an. 

Chapitre 2 – Le coût humain du blanchiment d’argent

Les crimes d’exploitation humaine sont une préoccupation croissante pour de nombreux professionnels des institutions financières. Les recherches de cette année l’ont clairement mis en évidence : la traite des êtres humains figure parmi les cinq principales préoccupations des répondants. Si les équipes en col blanc travaillant sur la conformité, peuvent sembler à première vue éloignées du paysage criminel, la réalité est qu’elles sont en première ligne de défense contre la criminalité. Le défi consiste à trouver les indicateurs cruciaux de ces infractions avec les outils, les ressources et les partenariats intersectoriels existants.

Un process en trois étapes

Selon l’ONUDC, il existe trois étapes du blanchiment d’argent. Le placement qui consiste à éloigner les fonds de toute association directe avec l’infraction principale et les intégrer dans le système financier. Puis la stratification qui dissimule la piste pour déjouer les enquêteurs qui pourraient être à sa poursuite. Et enfin l’intégration au cours de laquelle l’argent est remis au criminel à partir de sources apparemment légitimes. Il peut alors transformer les fonds en achats de biens de luxe, en  investissements financiers, commerciaux ou industriels.

Ces trois étapes sont parfois combinées ou certaines étapes sont répétées plusieurs fois. Cependant, ce qui ne fait guère de doute c’est que cela fonctionne. Selon l’ONUDC, on estime que, chaque année, 2 à 5 % du PIB mondial est blanchi de cette manière. Et seulement 1 % des produits du crime est confisqué par les autorités européennes!

Un bilan humain effrayant

Derrière les milliers de milliards de dollars blanchis chaque année, se cachent d’innombrables histoires de misère humaine et d’exploitation. On estime à environ 50 000, les victimes de la traite en 2018, bien que le nombre réel soit probablement beaucoup plus élevé, selon l’ONU. Pour dix victimes dans le monde, environ la moitié sont des femmes adultes et deux des jeunes filles, qui sont généralement victimes de la traite à des fins d’exploitation sexuelle. 

Environ 20 % sont des hommes adultes et 15 % des jeunes garçons, généralement destinés au travail forcé. Il est facile de voir comment cette infraction, ainsi que d’autres infractions principales telles que le meurtre, le terrorisme, l’exploitation sexuelle, l’enlèvement, le vol qualifié, le trafic d’armes et la criminalité organisée, affectent les victimes concernées. 

Le commerce illicite de stupéfiants a également ses victimes, comme le souligne le récent rapport County Lines de BAE Systems. On estime à 27 000 le nombre d’enfants impliqués dans le commerce de la drogue au Royaume-Uni, généralement issus de milieux défavorisés et entraînés dans un mode de vie dont peu sont capables de se libérer.

Les crimes tels que la contrefaçon, le piratage, la falsification, le trafic de biens volés, la contrebande et les délits fiscaux, peuvent entraver l’activité économique légitime et priver les gouvernements de revenus vitaux pour améliorer les services publics. La fraude et la cybercriminalité sont également loin d’être sans victimes. Les pertes monétaires pour les entreprises et les consommateurs victimes se chiffrent désormais en milliers de milliards par an. En outre, dans le cas des vaccins COVID-19 par exemple, les contrefaçons représentent un risque patent pour la santé publique.

Un impératif moral difficile à atteindre

Il n’est peut-être pas surprenant que les équipes des institutions financières veuillent faire tout leur possible pour détecter et aider à prévenir les 22 infractions principales. La moitié (50 %) des acteurs déclarent qu’un suivi efficace de la lutte contre le blanchiment d’argent est important pour arrêter les criminels. Par ailleurs, 46 % d’entre eux souhaitent identifier et soutenir les victimes de la criminalité financière et un nombre similaire affirment la volonté de protéger la société contre ce phénomène. Il est intéressant de noter que cet engagement est particulièrement exprimé aux États-Unis (62 %) et moins en Allemagne (29 %), en Australie (37 %) et en France (41 %). Le Royaume-Uni (48 %) et Singapour (45 %) sont dans la moyenne mondiale.

Le défi pour les équipes de conformité est de vouloir en faire davantage, sans y parvenir pour beaucoup d’entre elles. La plupart d’entre elles (77 %) admettent qu’elles ne sont pas sûres de pouvoir arrêter les crimes liés à la traite des êtres humains et au trafic de migrants et elles sont encore plus nombreuses (81 %) à dire la même chose des crimes liés à l’exploitation sexuelle.

Le paysage de la conformité au sens large pose des problèmes majeurs. Il existe une déconnexion entre les professionnels des institutions chargés de repérer les schémas de transaction suspects, les législateurs qui élaborent les règles et les responsables de l’application de la loi chargés de mettre des menottes aux poignets des criminels.

(à suivre)

L’enquête en ligne a été menée à l’initiative de la société BAE Systems durant l’été 2021 auprès de 452 professionnels du secteur bancaire et de l’assurance spécialistes de la gestion des risques et la conformité. Elle s’est déroulée au Royaume-Uni, aux États-Unis, en France, en Allemagne, en Australie et à Singapour. Les résultats sont présentés et commentés par Finance Mag en quatre chapitres. Les chapitres 3 et 4 seront publiés ultérieurement.  

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