Le chiffre d'affaire des Fintech françaises

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Les levées de fonds des dernières années pour les Fintech françaises font tourner la tête : 61 millions d’euros pour Ledger (janvier 2018), 40 millions d’euros pour Younited Credit (septembre 2017), 32 millions pour Lendix (juin 2018), etc. Mais seules 18% des Fintech françaises ont levé plus de 10 millions d’euros depuis leur création (le chiffre chute à 9 Fintech au total, ayant levé plus de 30 millions)*.
En effet, les levées de fonds ne sont pas le destin de toutes les startups de la finance, loin de là. Le tableau des financements des Fintech place donc en tête quelques figures à succès, suivie d’une liste de petits montants et d’autres entreprises qui peinent à trouver des investisseurs.
Les montants récoltés n’étaient pas représentatifs de la réussite et de la pérennité des Fintech, nous avons choisi de nous pencher sur les montants qu’elles génèrent. Leurs revenus, leurs chiffres d’affaires sont moins souvent mis en avant, car pas toujours publics ou positifs. Ils sont tout de même porteurs de messages pour le secteur.
*Etude Exton Consulting et Finance Innovation, octobre 2018.

Des revenus faibles

L’étude d’Exton Consulting dresse un portrait assez clair : les Fintech françaises auraient généré 800 millions d’euros de chiffre d’affaire en 2017, avec une moyenne de 1 million par structure (biaisé par les plus grosses prestations de grandes structures comme Ledger ou Lendix…) et une médiane plus exacte à 300 K euros de chiffre d’affaire par Fintech.
8% des Fintech gagnent plus de 10 000 K euros annuels alors que 54% touchent moins de 300 K tous les ans. L’écart entre les deux seuils creuse un fossé entre les quelques Fintech à fort succès et celles qui peinent à générer un chiffre d’affaire suffisant.
Sur l’écosystème français des Fintech, plus de la moitié sont dans une phase de commercialisation : une phase où les sommes dépensées sont amplement supérieures à celles perçues. C’est dans cette étape clé que beaucoup de startup peuvent mourir.

Une difficile rentabilité

Dans la même étude, Exton Consulting annonce que 80% des Fintech sont non rentables. Leurs structures de coûts et leurs processus internes pèsent sur la balance et n’arrivent pas à être compensés par une grande majorité des Fintech.
Il semble que le degré d’ancienneté de la startup et son internationalisation soient des facteurs décisifs dans le niveau de rentabilité.Concernant la longévité, il apparaît de façon assez évidente que plus la startup est confirmée, plus elle a de chance d’être rentable. L’étude démontre que “près de 60% des Fintechs créées il y a plus de 5 ans n’atteignent pas encore le millions d’euros de revenus”.
Il reste des figures d’exception : la néo-banque britannique Revolut annonçait en début d’année 2018 avoir été rentable deux mois consécutifs en décembre 2017 et janvier 2018, après seulement deux ans et demi d’existence. Sa concurrente Monzo, créée à peu près au même moment, affirme quant à elle vouloir être rentable d’ici fin 2020. Côté français, seules les néo-banques Compte Nickel et Fortunéo disent être rentables depuis 2017 ou moins.
La présence et l’activité à l’étranger sont elles aussi des signes de rentabilité : parmi les Fintech françaises qui ont dépassé les 10 millions d’euros de chiffre d’affaire, toutes sont déployées à l’international. Au contraire, 3/4 des Fintech présentes uniquement en France ne dépassent pas les 300 K euros de revenus annuels.
Dans les exemples de Fintech françaises installées dans l’hexagone et à l’étranger, il y a Ledger qui affichait un chiffre d’affaire de 45 millions d’euros en 2017. On retrouve aussi Lendix, dans le top 3 des levées de fonds françaises, qui annonce un chiffre d’affaire de 3 millions d’euros en 2017 : l’écart entre le numéro 1 et le numéro 3 des levées de fonds Fintech se creuse aussi dans le chiffre d’affaire.

Pivoter son modèle pour augmenter son chiffre d’affaire ?

L’étude présente un élément moteur pour les Fintech qui peinent à générer des revenus : les chiffres semblent dire que pour compléter leur chiffre d’affaire, les Fintech se tournent vers des modèles B2B2C.
Alors que le B2C paraît avoir laissé la place au marché des pros, plus porteur sur le secteur des Fintech, c’est bien un modèle B2B voire B2B2C qui l’emporte. 33% des Fintech opérant sur ce dernier modèle annoncent être rentables.
Elles se positionnant alors comme des fournisseurs de technologies pour les grands entreprises du secteur des services financiers, mais aussi sur d’autres secteurs. En cela, le niveau de dépendance envers les établissements bancaires, encore largement rentables, joue t’il ?

Les revendications des acteurs de la Fintech

En janvier 2018, le secrétaire d’Etat au Numérique Mounir Mahjoubi avait rencontré et écouté les CEO de Fintech françaises : parmi eux, les fondateurs de Younited Credit, d’Alan, ou encore de Lydia, qui ont exprimé des points de blocage à déverrouiller pour pouvoir accélérer le déploiement et le chiffre d’affaire des Fintech dans le pays.
Ont surtout été pointés du doigt, la lourde et parfois inadaptée réglementation qui ralentie l’exploitation nationale et le déploiement à l’étranger. Les Fintech notent également le manque de financements importants de la part des fonds d’investissements français. La solution d’investissement semble donc à l’étranger. Si on y ajoute un déploiement à l’étranger ralenti et pourtant indicateur de chiffre d’affaire, il semble dans ce discours que la réussite vienne de partout sauf de chez nous.

Points de vue d’entrepreneurs

Dans la conversation croisée entre Jean-Charles Samuelian (Alan) et Geoffrey Guigou, les deux entrepreneurs rappellent le retard de maturité de la France vis-à-vis d’autres pays sur le secteur de la Fintech.
Geoffrey Guigou : “On a peut-être lancé les choses un peu plus tard mais avec avec plus d’ambition. Et quand on regarde les chiffres d’activité que nous avons fait sur les cinq premières années, concrètement ils étaient supérieurs à ceux de Lending Club, qui pendant assez longtemps était un des leaders du secteur. Ce départ un peu plus tardif est un signe de maturité française et lié au fait que l’on fait les choses dans un ordre différent. La ligne d’arrivée pour disrupter la finance et de l’assurance n’est pas en 2018 !
Jean-Charles Samuelian : “Maintenant, il faut que l’on devienne très fort sur les modèles de distribution, le marketing, le recrutement des talents qui viennent de boîtes qui ont fait plusieurs dizaines de milliards – et qui n’existent pas vraiment en France donc il faut les ramener de l’étranger, etc. Ce sont ça les enjeux de la Tech en France.”

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