L’inflation peut continuer à baisser, sauf…

Cyrille Pitois
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En octobre 2023 l’inflation est en baisse. Cette baisse est appelée à se poursuivre sauf si le conflit au Proche Orient provoque un choc pétrolier. L’analyse de Sylvain Bersinger, chef économiste du cabinet d’études Asterès.

Quelle est l’évolution de l’inflation pour le mois d’octobre?

Sylvain Bersinger: L’inflation en octobre 2023 est en nette baisse par rapport à septembre en glissement annuel, à 4,0 %. Elle baisse sensiblement sur l’ensemble des composants de l’indice des prix, à l’exception des services. Sur la plupart des biens consommés par les ménages, elle est passée de 9,7% à 7,7 % sur l’alimentation, de 11,9 % à 5,2 % sur l’énergie et de 2,8 % à 2,3 % sur les produits manufacturés.

Elle est en revanche restée stable sur le tabac, à 9,9 %. La mauvaise nouvelle des chiffres d’octobre concerne la hausse de l’inflation sur les services, qui est passée de 2,9 % en septembre à 3,2 % en octobre. Cette évolution est doublement importante : les services représentent environ la moitié de l’indice des prix à la consommation et elle semblerait indiquer que la hausse des salaires (qui représentent le principal coût pour la production de services) commence à se répercuter sur les prix.

Comment l’inflation va-t-elle évoluer dans les prochains mois et quel impact peut avoir le conflit entre Israël et le Hamas?

Les prévisions d’inflation dans les mois à venir sont grandement complexifiées par le contexte géopolitique au Proche-Orient qui pourrait déclencher un choc pétrolier.
Si l’on pose comme hypothèse que la guerre entre le Hamas et Israël ne déclenche pas d’embrasement régional, l’inflation devrait continuer à baisser régulièrement. Mais ce conflit crée une lourde incertitude sur le prix du pétrole.
Si l’ensemble de la région s’embrase, il en résulterait une chute des exportations de pétrole iranien (qui soutient le Hamas), par exemple sous l’effet d’un renforcement des sanctions américaines.

Y a-t-il un risque de rejouer le scénario du premier choc pétrolier de 1973?

Effectivement, en 1973 le premier choc pétrolier était déjà la conséquence de la guerre du Kippour entre Israël et les pays voisins arabes. Aujourd’hui, malgré les sanctions internationales, l’Iran exporte environ deux millions de barils par jour, principalement vers la Chine, mais une dégradation des relations avec Israël et les Etats-Unis pourraient conduire à un durcissement des mesures de rétorsion à l’égard de l’Iran, et donc à un bond du prix du pétrole.

Une autre hypothèse?

En l’absence d’un choc pétrolier, l’inflation devrait progressivement baisser au cours des mois prochains. Le pétrole comme le gaz se maintiennent à des prix élevés, mais inférieurs aux niveaux de l’an dernier (surtout pour le gaz).

Dans ce contexte, les tensions désinflationnistes de ces derniers trimestres restent présentes. Par exemple, les prix de production dans l’industrie (sortie d’usine) étaient en baisse de -2,8 % en glissement annuel
en septembre.

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